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Cordée suisse au festival de Locarno

Co-production allemande, autrichienne et suisse, «Nordwand» a été tourné sur les lieux du drame. pardo.ch

La Piazza Grande offre cette année une belle vitrine au cinéma helvétique. Un seul film suisse y est en lice pour le Léopard d'or. A voir aussi «Nordwand», un film grand spectacle sur l'ascension de l'Eiger.

La paroi nord de l’Eiger a sa légende. L’évoquer, c’est susciter le frisson. Les spectateurs de la Piazza Grande le ressentiront sans doute samedi soir lors de la projection en première mondiale de Nordwand.

Basée sur des faits réels, cette co-production allemande, autrichienne et suisse réalisée par l’Allemand Philipp Stölzl revient sur l’ascension, en 1936, de la face nord de l’ogre (ndlr. Eiger en allemand) des Alpes bernoises.

Réputée pour être l’une des plus difficiles du massif alpin, avec un dénivelé de 1650 mètres, cette escalade avait déjà coûté la vie en 1935 à deux alpinistes allemands disparus dans une tempête de neige.

Un an plus tard, deux de leurs compatriotes, Toni Kurz et Andreas Hinterstoisser, accompagnés de deux Autrichiens, s’y réessayent, mais ils n’échappent pas non plus à la mort. Nordwand relate leur tentative tragique.

Tourné en partie sur les lieux du drame, dans des décors où la nature n’a jamais cédé ses droits, ce long-métrage va au-delà du film de montagne. Il traite du contexte historique de cette ascension, récupérée par le régime nazi, et n’oublie pas le mélodrame puisque l’une des journalistes qui suit l’escalade est la fiancée de Toni Kurz. A bout de force, celui-ci décèdera le dernier, suspendu dans le vide à quelques mètres des sauveteurs.

Un Romand pour le Léopard

Tout autre ton pour l’unique film helvétique en lice à Locarno pour le Léopard d’or, celui du très médiatique réalisateur vaudois Lionel Baier. Intitulé Un autre homme, son long-métrage sera projeté samedi.

Il y est cette fois resté derrière la caméra. Pour mémoire, Lionel Baier tenait dans son film précédent, Comme des voleurs (à l’Est), le rôle du personnage principal à qui il avait prêté son nom et bon nombre de ses traits biographiques. Il y jouait un trentenaire, fils de pasteur, homosexuel, vivant à Lausanne et parti en quête de ses origines en Pologne.

Un autre homme, c’est en revanche François. Débutant dans la critique cinématographique pour un petit journal, ce plagiaire patenté rencontre une femme du métier influente qui lui ouvre des portes au niveau professionnel mais le manipule.

Après Rivette et Truffaut

Outre l’envie de traiter du thème de l’imposture intellectuelle, c’est celle de travailler avec certains comédiens qui est à l’origine de ce sixième long-métrage. A commencer par Natacha Koutchoumov, déjà présente dans ses deux derniers films. Mais aussi Robin Harsch.

«J’avais envie de le filmer comme on filme une jeune fille. Il a un corps très masculin, très nerveux, très viril. A l’image de ce que Truffaut a fait dans La Sirène du Mississipi, qui m’avait beaucoup impressionné quand j’étais adolescent», explique le Vaudois.

Admirateur de la Nouvelle Vague, il se dit très heureux de voir son film en compétition à Locarno. Un festival qui, lors de son premier passage dans les années 1990, lui a donné l’impression que le cinéma de Paris venait à lui.

«Je me souviens de Jacques Rivette présentant La Belle Noiseuse. C’était un moment très émouvant même si le film m’avait sans doute ennuyé à l’époque car il est long et traite de la peinture, de la contemplation et du corps», confie-t-il.

Plateforme suisse

Aujourd’hui, Lionel Baier fait lui aussi du cinéma d’auteur. Et même un «cinéma d’auteur très affirmé», selon le directeur artistique du festival Frédéric Maire. Avec ce que cela signifie en termes de résonance.

Sorti en France au début 2008, Comme des voleurs (à l’Est) a fait un peu plus de 3000 entrées en Suisse romande. Il devrait sortir l’année prochaine en Suisse alémanique et au Tessin. Un décalage qui illustre bien la problématique du cinéma dans un pays multilingue.

Locarno cependant, à l’instar de Soleure, joue un rôle fédérateur. Tout ce que la Suisse compte de professionnels de la branche y est au rendez-vous. Au total, plus de 50 courts et longs métrages (y compris les coproductions) helvétiques seront projetés dans le cadre du festival.

Côté romand, Marcello Marcello du Valaisan Denis Rabaglia aura aussi l’honneur de la Piazza Grande. Deux grandes dames du cinéma suisse, Jacqueline Veuve et Dominique de Rivaz, présenteront une œuvre la semaine prochaine. Quant à La Forteresse, qui plonge dans le quotidien du Centre de requérants d’asile de Vallorbe, il figure dans la section compétitive de la catégorie «Cinéastes du présent».

A noter enfin que la Journée du Cinéma suisse, organisée pour la troisième fois consécutive cette année, aura lieu le mardi 12 août.

swissinfo, Carole Wälti à Locarno

Festival international du film de Locarno: 6-16 août 2008.
Sur les 2000 films vus par la commission de sélection, 78 ont été retenus.
18 longs métrages en compétition cette année.
Budget global: 11’100’000 francs.
Nombre d’écrans: 10
Collaborateurs durant le festival: 600.
Spectateurs: 186’000 entrées lors de l’édition 2007.

Né en 1967 en Allemagne, Philipp Stölzl a d’abord travaillé comme décorateur de théâtre.

Il réalise ensuite des clips vidéo, notamment pour Madonna, Rod Stewart ou Pavarotti, ainsi que des publicités.

En 2000, Philipp Stölzl réalise son premier court-métrage.

Deux ans plus tard, il passe au long-métrage avec Baby.

Parallèlement, il reste actif dans le théâtre, mettant en scène des pièces et des opéras.

Né en 1975 à Lausanne, Lionel Baier a grandi dans une famille suisse d’origine polonaise.

En 1999, il se lance dans la réalisation avec Mignon à croquer, un court métrage sur une maîtresse cannibale.

Suivront, Celui au Pasteur, son premier documentaire, et La Parade, un documentaire sur la Gay Pride 2001 en Valais.

Il passe à la fiction avec Garçon stupide en 2004.

Depuis 2002, Lionel Baier est aussi directeur du département cinéma de l’École cantonale d’art de Lausanne (ECAL).

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