Dailymotion, version cinéma
Au festival Cinéma Tous Ecrans, la plateforme française de partage de vidéo a présenté à Genève «La Séance», un rendez-vous mensuel projeté dans un cinéma parisien et sélectionné par Marc Eychenne, responsable éditorial de Dailymotion. Interview.
Partenaire de Cinéma Tous Ecrans, Dailymotion a projeté dans un cinéma genevois une sélection des meilleures vidéos issues de son programme «MotionMaker». Comme le site le fait chaque mois à Paris, lors de sa Séance.
Ces clips le plus souvent humoristiques frappent par leur fraicheur. On y retrouve un peu l’innocence et le jeu du cinéma muet ou amateur.
Le plus souvent affranchies des dogmes et des écoles de cinéma, ces créations sont sélectionnées par Marc Eychenne, responsable éditorial de la 1ère plateforme indépendante de partage de vidéos au monde (YouTube appartenant désormais au géant google).
Invité du festival genevois, Marc Eychenne – 29 ans – est architecte de formation. Utilisateur de la plateforme dès ses débuts – 5ème utilisateur inscrit de Dailymotion sur 10 millions aujourd’hui – Marc Eychenne est en charge de la programmation et de la ligne éditoriale du site.
swissinfo: Votre travail porte-t-il sur l’ensemble des vidéos hébergées par Dailymotion?
Marc Eychenne: Je m’occupe des contenus fournis par des partenaires comme Canal +, Universal ou Viacom qui cherchent un nouveau canal de diffusion pour leur contenu. Nous travaillons aussi avec des médias comme lemonde.fr qui équipe ses journalistes de caméscope, ou France Inter qui filme ses matinales.
Mon cahier des charges inclut aussi les nouveaux réalisateurs, les jeunes talents et les jeunes comédiens qui utilisent notre plateforme pour se faire connaître et diffuser leurs travaux.
swissinfo: Quels sont les passerelles entre vos clients professionnels et les autres fournisseurs de vidéo?
M.E.: Dailymotion reste principalement un hébergeur de vidéos mises en ligne par tout un chacun. Ces utilisateurs de base peuvent s’inscrire à notre programme «MotionMaker» et proposer leurs productions, que nous sélectionnons ou non dans la section «creative content». Nous tenons à cette ouverture qui nous permet de détecter des nouveaux talents.
swissinfo: Avez-vous l’impression que les nouvelles technologies font évoluer le style et le langage des vidéos?
M.E.: En terme de narration, de cadrage, de durée, des langages différents se développent. Par exemple, des réalisateurs reprennent le cadrage particulier de la webcam en plan fixe filmant l’internaute. Nous assistons aussi à un renouvellement du film d’animation (image par image) avec l’utilisation de photos prises avec un téléphone portable. Une série pour le web peut moduler la durée de chaque épisode, une souplesse impensable en télévision.
Le web offre donc une liberté qui permet l’expression de nouvelles formes et de nouveau langages.
swissinfo: Quelle est le rôle d’une plateforme comme la votre par rapport aux diffuseurs traditionnels (cinéma et télévision)?
M.E.: Au début, nous avons pu faire peur. Mais les médias nouveaux et anciens se révèlent complémentaires. Et des passerelles se mettent en place. Par exemple, Canal + a depuis longtemps une émission dédiée aux films faits à la maison et vient aujourd’hui chez nous pour les trouver. Arte commence à développer des programmes uniquement pour son site web comme Gaza/ Sderot. Certaines émissions utilisent des plateformes web pour faire réagir la communauté à leur propos.
swissinfo: Qu’avez-vous que les chaines TV n’ont pas?
M.E.: La dimension participative de la plateforme permet un retour direct sur les contenus, la possibilité de voter, de commenter, de partager une vidéo. D’autre part, le spectateur a la possibilité avec une plateforme comme la notre de choisir ce qu’il veut vraiment voir. Il y a aussi beaucoup de contenu spécifique au web qui n’a pas forcément vocation à être diffusé à la télévision.
swissinfo: Quel est votre modèle économique?
M.E.: C’est la publicité. Nous vendons des espaces pub aux annonceurs. Notre but est de financer nos coûts de diffusion qui sont loin d’être négligeables. Nous développons aussi le partage des revenus publicitaires avec les ayants droit générés par leurs vidéos. Mais cette option s’avère difficile à mettre en place avec les créateurs de vidéos dont les produits n’ont pas forcément un profil spécifique, alors que sur le web tout particulièrement, c’est la publicité ciblée qui rapporte de l’argent.
Nous planchons donc actuellement sur d’autres modèles économiques pour les créateurs de vidéos. Par exemple, des annonceurs nous ont demandé de sélectionner des nouveaux talents pour des publicités destinées au web. Ces créateurs sont payés pour la production du clip et nous pour sa diffusion. Un plan que nous avons déjà mené avec des sociétés comme Nokia, Samsung, ebay.
Quoi qu’il en soit, notre ambition est d’atteindre l’équilibre financier fin décembre.
swissinfo, Frédéric Burnand à Genève
Reflet d’Or pour la meilleure série produite pour le web: Quarterlife de Marshall Herskovitz
Reflet d’Or pour le meilleur court ou long métrage autoproduit pour le web: 4960 de Wing-Yee Wu
Reflet d’Or pour la meilleure fiction multimédia interactive:
Meanwhile de David Clark
Prix spécial Nouveaux Ecrans-TSR: La Planque de Akim Isker
Grand Prix Cinéma Tout Mobile: Phone or Fun de Loïc Oswald
Prix du jury Cinéma Tout Mobile: Mobile Game d’Alexandre Caniglia
Prix TV5 Monde du meilleur film francophone Cinéma Tout Mobile: Mobile Game d’Alexandre Caniglia
Prix du public Cinéma Tout Mobile: L’amour c’est… de Didier de Iaco
Reflet d’Or pour le meilleur film: Chega de saudade (Tourbillons) de Laís Bodanzky
Reflet d’Or pour la meilleure réalisation: De Ofrivilliga (Involuntary) de Ruben Östlund
Prix Tudor d’interprétation féminine: Ursula Werner (dans Wolke 9)
Prix Tudor d’interprétation masculine: Yiorgos Symeonidis (dans Correction)
Prix Titra Film SA pour l’encouragement à la distribution cinéma: Diorthosi (Correction) de Thanos Anastopoulos
Prix Fipresci de la Critique Internationale: Frozen river de Courtney Hunt
Prix du Jury des Jeunes: Hunger de Steve McQueen
Le site français Dailymotion a été créé en avril 2005.
L’entreprise compte environ 120 salariés dans le monde, dont une centaine au siège parisien. Le site a des bureaux à Londres, New York et Barcelone.
Le site se décline en 25 langues et compte 13 pages d’accueil nationales. Le site enregistre 10 millions de visiteurs uniques par mois et 33 millions de pages vues par jours.
En mai dernier dans l’hebdomadaire Le Point, Le directeur général de Dailymotion Marc Zaleski annonçait un chiffre d’affaire de 10 millions d’euros pour 2008.
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