Des épouvantails en attendant la musique…
Le dessinateur Martial Leiter a implanté une invasion d’épouvantails dans le paysage du Val-de-Ruz (NE).
Cela tout près de Cernier, siège de l’Ecole cantonale neuchâteloise d’agriculture, qui fête chaque année la Terre et la musique.
Ils sont nombreux. Très nombreux. Habillés de noir. Le visage allongé, blanc, inquiétant… On pense un peu au film «Scream», la poésie en plus.
C’est le dessinateur Martial Leiter qui les a conçus. Martial Leiter dont le trait dur et sombre griffe régulièrement les grands journaux européens, que ce soit «Le Monde», «Le Monde Diplomatique», «Die Zeit» ou la «Frankfurter A|lgemeinde»
Il y a d’ailleurs longtemps que la figure de l’épouvantail fait partie du bestiaire de Leiter: «C’est une figure humaine, finalement. Une forme élémentaire qui était là à l’origine pour protéger les cultures, mais qui est aussi un élément de rêve», constate le dessinateur.
Qui ajoute: «Les épouvantails ont les pieds dans la terre, dans le fumier, et la tête dans le ciel, dans les nuages. Comme la majorité des gens».
De la page au champ
A Cernier, Martial Leiter a semé un étrange cortège de personnages, objets vivants ou humains pétrifiés, au choix. Et des deux dimensions de la page de papier, il est passé aux trois dimensions d’un paysage réel.
«Ce n’est pas tous les jours qu’on a une occasion pareille! C’est effectivement la concrétisation en 3D d’un dessin. Avec tout un travail sous-jacent, notamment dans l’implantation des épouvantails. C’est une pièce de théâtre minimaliste, dont les acteurs principaux seront le vent et les intempéries», explique Martial Leiter.
Effectivement… Car les monstres inquiétants et sympathiques auront l’occasion de vivre quatre saisons: ils resteront là jusqu’en mars 2005.
Ce jour de juin, le soleil brille et le vent souffle, gonflant les robes noires des épouvantails. Mais le paysage évoluera… «Ce sera beau quand les blés seront jaunes. Mais aussi dans les brouillards d’automne, et puis dans la neige», se réjouit Martial Leiter.
Jardins extraordinaires
La plantation d’épouvantails signés Leiter est proche des «Jardins extraordinaires», créés chaque année dans le cadre du Site de Cernier, l’Ecole cantonale des métiers de la terre et de la nature (ECMTN).
Pour cette 7e édition, onze espaces ont été aménagés, sur le thème du bois et de la forêt. A noter que du 10 juillet au 22 août, trois expositions, organisées à l’enseigne de «Voyage en Sylvérie», célébreront le milieu forestier, ainsi que la sculpture et la peinture sur bois.
Trois spectacles poétiques seront en outre joués jusqu’au 14 août, et le dernier volet des animations culturelles s’ouvrira le 18 août avec «Fête la Terre» et le festival des «Jardins musicaux», une manifestation qui fait chaque année un peu plus parler d’elle.
Opéra dans la grange
Organisée par l’Opéra décentralisé Neuchâtel (ODN), co-dirigés par le chef d’orchestre Valentin Reymond, les «Jardins musicaux» proposent 26 concerts, consacrés à la musique du 20e siècle, et cela du 18 au 28 août.
La «Grange aux concerts» accueillera notamment les oeuvres de Kagel, Xenakis, Chostakovitch, Stravinsky, Bruckner, Brecht, Reich et Schnittke. Cinq orchestres se relaieront pour interpréter ce répertoire.
Temps fort en perspective: «Au cœur des ténèbres», tiré du texte de Joseph Conrad qui inspira à Coppola le film «Apocalypse Now», sera présenté à Cernier les 24 et 25 août. L’orchestre de l’ODN jouera cette oeuvre du compositeur britannique Martin Pring, sur une adaptation de l’écrivain neuchâtelois Gilbert Pingeon.
swissinfo, Bernard Léchot
Le Site de Cernier est le siège de l’Ecole cantonale neuchâteloise des métiers de la Terre et de la Nature.
«Fête la Terre» se tient du 18 au 22 août, et les «Jardins musicaux» du 18 au 28 août.
Les épouvantails de Martial Leiter sont à voir jusqu’en mars 2005.
Un projet de privatisation et d’extension du site de Cernier en un «Centre nature» est en cours sous le nom d’AmphiTerra SA. Décision du parlement neuchâtelois le 30 juin.
La construction d’un «Mycorama», centre pour l’étude des champignons, est prévue. Ainsi qu’«Evologia», un parc qui retracera l’histoire de la domestication des animaux de ferme.
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