Deux architectes suisses font leur «Nid» à Pékin
Les Bâlois Jacques Herzog et Pierre de Meuron ont conçu le stade national de Beijing, qui accueillera les Jeux olympique d'été 2008.
Leur colossal travail réalisé en Chine est chroniqué dans «Bird’s Nest», un film documentaire signé Christoph Schaub et Michael Schindhelm
En attendant l’entrée en scène des vedettes de l’athlétisme qui se produiront en août prochain dans le stade olympique de Pékin, voici pour commencer deux stars, acrobates elles aussi pour avoir su se tirer, en finesse, des postures difficiles imposées par les autorités chinoises.
Ces deux-là sont bâlois, architectes de leur état, internationaux de renommée, concepteurs du fameux Bird’s Nest (nid d’oiseau), le stade olympique en question.
Leur nom? Jacques Herzog et Pierre de Meuron. A leurs trousses, le cinéaste suisse Christoph Schaub et son collaborateur allemand Michael Schindhelm. Quatre ans durant, les deux réalisateurs ont suivi les deux architectes en Chine pour cadrer leur travail, les obstacles rencontrés sur place, leurs doutes, leurs espoirs. Et, finalement, leur réussite racontée dans un documentaire sorti sous le titre: «Bird’s Nest, Herzog & de Meuron in China».
Un film qui tombe à point
La Chine occupant aujourd’hui le devant de la scène internationale (Tibet, JO, boycott…), ce film tombe à point nommé pour conforter le spectateur dans l’idée d’un pays à l’autorité et à la civilisation incontournables. D’un côté, le sens de la démesure, de l’autre, celui de la mesure. Le gigantisme chinois face à la discrétion suisse.
Le choc des cultures et des ambitions s’entend bien dans ce documentaire qui, parallèlement au récit d’une aventure architecturale, développe une réflexion politico-sociale sur un art de vivre et de penser différent d’un continent à l’autre.
Face aux bureaucrates chinois, caciques du pouvoir, tantôt enfermés dans leurs certitudes, tantôt ballotés par leurs hésitations, les deux Bâlois font preuve de patience et usent de la plus fine diplomatie.
Herzog et de Meuron ne sont pas suisses pour rien. Ressortissants d’un pays neutre, ils évitent aux Chinois les valeurs occidentales. «Nous ne sommes pas des conquérants ici», affirment-ils devant la caméra.
Entre tradition et modernisme
Architectes aguerris, ils respectent, par ailleurs, l’environnement d’une ville, Pékin, prise entre une civilisation millénaire et une ruée folle vers un urbanisme moderniste. Tours et barres forment la très large ceinture périphérique de la capitale chinoise.
Bird’s Nest a été construit sur le quatrième périphérique, précisément. Un superbe nid sans toit (les Chinois ne voulaient pas de couvercle) aux parois incurvées, montées avec des «brindilles» de béton et d’acier, attend donc les sportifs qui prendront leur envol l’été prochain.
En totale rupture avec l’architecture verticale environnante, Bird’s Nest affiche ses rondeurs avec grâce et rappelle que Pékin est aussi la ville de la Cité interdite, des palais et des temples. Riche passé historique où la finesse artistique faisait rarement défaut.
swissinfo, Ghania Adamo
Bureau d’architecture créé en 1978 à Bâle par Jaques Herzog et Pierre de Meuron. Actif dans le monde entier, il possède des succursales à Munich, Barcelone et Tokyo, entre autres.
Nés tous deux en 1950, ils ont fait leurs études à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich.
Ils ont acquis une renommée internationale depuis la réalisation du Tate Modern Museum à Londres, 1995-2000.
En 2001, le tandem a obtenu pour l’ensemble de son oeuvre le prestigieux Prix Pritzker.
Les deux Bâlois construisent aussi un quartier à Jinhua, ville de 3 millions d’habitants, à 4 heures de Pékin. Le film de Christoph Schaub en fait également état.
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