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Espoir dans la lutte mondiale contre le racisme

Rapporteur spécial de l'ONU sur le racisme, Doudou Diène signale une volonté de consensus de la part des Etats. AFP

Ternie par les dérapages en marge du sommet de Durban sur le racisme en 2001, la conférence de suivi prévue dans une année faisait craindre le pire. Accueillie à Genève, elle s'annonce sous de meilleurs auspices.

Est-ce une conséquence de la grande transformation du monde et des ébranlements individuels et collectifs que cette globalisation engendre? Toujours est-il que le racisme et la xénophobie explosent périodiquement en actes plus ou moins violents au Nord comme au Sud de la planète, chez les riches comme chez les pauvres.

Selon l’expert de l’ONU sur le racisme, ces manifestations de haine sont même en augmentation ces dernières années. Raison pour laquelle Doudou Diène insiste sur le rôle catalyseur que peut jouer la conférence d’examen du sommet de l’ONU contre le racisme. Une réunion qui s’était tenue à Durban (Afrique du Sud) quelques jours avant les attentats du 11 septembre 2001.

Mais voilà. Craignant une répétition des dérapages observés en marge du sommet de 2001 (manifestations anti-israéliennes sombrant dans l’antisémitisme, déclaration incendiaire des ONG), des associations et quelques pays ont manifesté leur doute sur l’opportunité d’organiser une conférence chargée de faire le point sur la mise en œuvre de la déclaration et du plan d’action adopté par les Etats à Durban.

Le Canada s’est déjà retiré du processus de préparation de cette conférence de suivi. Les Etats-Unis et Israël menacent de le faire, tout comme la France.

«Nul ici n’a oublié les débordements de 2001 qui ont transformé cette conférence en tribune intolérable contre l’Etat d’Israël. Je n’accepterai pas que ces dérives se répètent en 2009», a déclaré Nicolas Sarkozy le 10 mars dernier en recevant son homologue israélien Shimon Perez.

Le président français a ajouté: «La France, qui présidera l’Union européenne au second semestre 2008, plaidera pour un retrait de l’Europe si ses exigences légitimes n’étaient pas respectées.»

Un esprit de consensus

Le naufrage de cette réunion n’est pourtant pas écrit d’avance. La dernière séance du comité préparatoire de la conférence de suivi suggère même une issue favorable.

Les ambassadeurs de ce comité ont en effet décidé à l’unanimité de tenir cette conférence sur le racisme en avril 2009 à Genève, l’un des sièges des Nations unies. Une localisation qui ne risque pas de susciter la controverse, selon Doudou Diène. L’Afrique du Sud était en effet sur les rangs pour l’accueillir. Ce qui faisait craindre le pire à certaines ONG.

«C’est la première bonne nouvelle en provenance de son Comité préparatoire mis en place en août 2007 sous présidence libyenne», a commenté la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA), une ONG française à l’origine d’un manifeste particulièrement alarmiste à l’encontre de cette conférence et du Conseil des droits de l’homme en charge de sa préparation.

Pays hôte de la conférence et membre du Conseil des droits de l’homme, la Suisse salue également ces premières décisions. «Le cadre est bon», souligne Muriel Berset-Kohen, en charge des droits humains à la mission suisse auprès de l’ONU à Genève. La diplomate fait allusion à la table des matières du document final de la conférence de suivi. Un menu adopté la semaine dernière.

Selon Doudou Diène, l’ensemble des Etats participants se sont en effet mis d’accords pour examiner uniquement la mise en œuvre des documents – déclaration et plan d’action – adoptés à Durban, des textes qui n’ont pas suscité de polémiques.

«Ce choix signifie une volonté de consensus de la part de l’ensemble des pays, au Nord, comme au Sud», estime le rapporteur spécial sur le racisme. Et ce, alors que les pays de l’Organisation de la conférence islamique voulaient inclure une série de nouveau thèmes comme le profilage au nom de la lutte antiterroriste ou la diffamation des religions.

Un thème controversé

Cela dit, l’une ou l’autre de ces questions peut encore revenir par la fenêtre, lors des négociations sur les documents finaux de la conférence genevoise. Le succès de la conférence est donc encore loin d’être garanti.

Pour autant, le nouveau thème qui suscite le plus d’inquiétude – la diffamation des religions – pourrait finir par perdre son caractère polémique, puisque cette question est aujourd’hui abordée sous l’angle de l’incitation à la haine.

Si cette direction est maintenue, le Conseil des droits de l’homme et ses experts ne protégeront pas une religion contre des individus – ce que craignent les ONG – mais bien les personnes stigmatisées au prétexte de leur confession religieuse.

«La condamnation de l’incitation à la haine raciale et religieuse figure dans l’article 20 du pacte international sur les droits civils et politiques et dans de nombreuses législations nationales», rappelle Doudou Diène.

Le rôle des ONG

Reste à savoir ce qui va se passer en marge de la conférence genevoise et si des ONG vont, comme à Durban, souffler sur les braises de la haine et de la stigmatisation.

«C’est impossible et inconscient de vouloir combattre le racisme sans la société civile. Leur participation est capitale si l’on veut mobiliser la population», souligne le rapporteur spécial sur le racisme.

Et Doudou Diène de plaider: «C’est en les intégrant dans le processus de révision du sommet de Durban que nous éviterons les dérapages de Durban.»

Sous couvert d’anonymat, un bon connaisseur du dossier à Genève suggère, lui, un garde fou plus prosaïque. Le budget limité dévolu à cette conférence laissera peu de place à l’organisation d’un forum des ONG.

swissinfo, Frédéric Burnand à Genève

La conférence de suivi de l’ONU sur le racisme aura lieu du 20 au 24 avril 2009 à Genève.

L’Union européenne (UE) et d’autres pays occidentaux ont demandé que la conférence ait lieu dans un des sièges de l’ONU, Genève, New York, Nairobi ou Vienne, et sur un nombre de jours limité, notamment pour des raisons d’économie.

Les Etats-Unis ont en effet refusé de voter le budget demandé par l’ONU pour cette conférence.

Le sommet de l’ONU sur le racisme s’est tenu du 31 août au 8 septembre 2001 à Durban en Afrique du Sud.

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