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Frédéric Dard, dit San Antonio

Frédéric Dard à Vandoeuvres. «Balises», de Bernard Léchot et Didier Varrin

Frédéric Dard, décédé à 78 ans, a été enterré jeudi après-midi à Saint-Chef en Isère, le village de sa petite enfance, près de Bourgoin-Jallieu.

Une centaine de personnes étaient présentes à la cérémonie, principalement des membres de sa famille. Une messe a été concélébrée dans l’église du village par l’ancien évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, Monseigneur Mamie, l’un des amis les plus proches de l’écrivain, et par le prêtre de la paroisse.

«Je me suis fait plaisir. Je me suis fait construire mon caveau de famille… Et j’ai choisi l’endroit le plus loin de la masse de tombes qui commencent à dévaler, c’est en pente. Je me suis mis tout au bout. Et d’où je suis, si j’étais vivant, je verrais le Mont Blanc. Je ne me refuse rien pour mon confort», avait déclaré Frédéric Dard à la station RTL, en 96.

Sur la dalle de marbre noir sous laquelle repose désormais le romancier figure paraît-il une inscription toute simple: «Frédéric Dard, dit San Antonio».

Toute la journée de jeudi, les déclarations ont plu. Des journalistes, tel Bernard Pivot: «C’est le plus grand inventeur de mots depuis Rabelais». Ou Philippe Bouvard, plus ambigu: «Il était déjà mort lorsque San-Antonio est né: peut-être que l’on n’a pas assez insisté sur le fait que San-Antonio, avec son prodigieux succès, sa truculence, sa verdeur de langage, son imagination débridée, a occulté un écrivain plus raffiné, plus cultivé, plus ambitieux, qui signait Frédéric Dard».

Des politiques se sont également exprimés, comme le Premier ministre français Lionel Jospin: «L’univers de San Antonio est un monde où l’humour côtoie parfois l’absurde, où l’ironie prend toute sa place aux côtés d’intrigues variées. Mais c’est surtout un monde truculent où la langue a délibérément choisi d’être anticonformiste». Ou le Président Chirac himself: «Notre langue a perdu l’un de ses magiciens… L’un de ceux qui l’inventaient sans cesse pour mieux la goûter».

A Bonnefontaine, l’un des deux domiciles helvétiques de San Antonio, on a le verbe plus sobre: «Nous regrettons vivement son décès. C’était un homme absolument charmant», a déclaré le syndic Arthur Noth.

Bérurier, lui n’a encore rien dit. Des larmes secouent sa bedaine, et son costard est recouvert de taches de beaujolpif. A chaque sanglot, il en renverse un peu plus. Et il boit depuis mardi, c’est dire.

Bernard Léchot



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