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Frédéric Recrosio, du «corps» au «cœur»

www.recrosio.ch

L'humoriste valaisan a choisi sa ville natale de Sion pour lancer son nouveau spectacle «Aimer, mûrir et trahir avec la coiffeuse – itinéraire de l'amour normal». A quelques heures de la première, il s'est confié à swissinfo.

Auréolé du succès parisien de son précédent one man show, Frédéric Recrosio se concentre sur la scène et met quelque peu entre parenthèses ses chroniques télévisuelles sur Canal+ et radiophoniques sur France Inter.

«Ces derniers jours sont très étranges car, pour la première fois depuis plus de deux ans, j’ai du temps libre… Le spectacle est calé et je tourne donc un peu en rond en attendant que ça commence enfin.»

Assis à la table d’un petit café de la vieille ville de Sion, non loin de la place de la Planta, Frédéric Recrosio est plus impatient que réellement stressé par le nouveau défi qui l’attend jeudi soir.

C’est à ce moment que ses textes, ceux d’«Aimer, mûrir et trahir avec la coiffeuse – itinéraire de l’amour normal», vont réellement prendre vie; lors du face à face avec le public.

Situé dans la zone industrielle de la cité sédunoise, le théâtre Interface – petit studio de danse de 80 places où il a joué pour la première fois en solo voici une dizaine d’années – va faire salle comble durant cinq semaines.

Les lumières de Paris

«Mon producteur aurait voulu que je débute cette tournée à Paris, concède-t-il. Ça aurait sûrement été plus intelligent au niveau stratégique, mais je suis convaincu qu’il était plus important de rendre la pareille aux théâtres qui m’ont donné ma chance et au public qui est venu me voir à mes débuts.»

Propulsé en haut de l’affiche grâce au succès de son précédent spectacle «Rêver, grandir et coincer des malheureuses», Frédéric Recrosio est aujourd’hui un artiste francophone reconnu.

Une notoriété qui lui permet de jouer régulièrement les chroniqueurs sur les ondes de France Inter dans le fou du roi et sur le plateau de «l’édition spéciale» de Canal+. Pas trop pourtant, afin d’être en mesure de consacrer suffisamment de temps à son travail artistique.

«Chroniqueur, ce n’est pas un métier. Trois minutes pour être efficace ne permettent pas d’établir une relation avec un public, mais je sais que c’est comme cela que je donne envie aux gens de venir me voir sur scène.»

Du corps au cœur

Sur les planches justement, le Valaisan s’est jusqu’ici longuement interrogé sur les aléas de sa libido et de la quête effrénée d’un sexe faible… plutôt fort.

En quatre ans, il a joué «Rêver grandir et traquer des malheureuses» plus de 500 fois en Suisse, en France et en Belgique. Une adaptation littéraire du spectacle vient d’ailleurs de sortir de presse.

Avec son nouveau one man show, Frédéric Recrosio a choisi de passer du corps au cœur. En essayant de comprendre comment les garçons tentent de s’en sortir dans la gestion précaire du couple, dans les aléas du grand amour. En évoquant les rapports dans une relation sentimentale plus soutenue.

Car l’artiste n’a d’autres soucis que d’essayer de comprendre, en les examinant sous toutes les coutures, les relations entre les hommes et les femmes. Et ce même si, de son propre aveu, le sujet est d’une banalité affligeante.

«Mon précédent spectacle parlait de ma vie de célibataire. Celui-ci correspond une nouvelle fois à ce que je vis dans ma vie privée. Mais ce n’est pas ‘Ma vie’! Car mon privé devient objet lorsqu’il passe par l’écriture. Tout ce que je raconte est vrai… mais en partie.»

Comme le disait l’auteur italien Italo Calvino: toute confession écrite est un mensonge, le but étant de divertir.

Doute et sincérité

En grande partie grâce à son ami et metteur en scène Jean-Luc Barbezat, Frédéric Recrosio revendique aujourd’hui le fait d’avoir trouvé sa voie sur scène. Raconter, raconter, toujours raconter oui, mais des choses profondes et avec sincérité.

«Je sais désormais que parler de soi n’est pas nécessairement un acte de narcissisme qui vous invalide au niveau du public, ose-t-il. Si quelqu’un se confesse, ceux qui l’écoutent vont forcément être embarqués.»

Pour toucher juste, le Valaisan a mis au point une technique d’écriture qui lui est propre. Il imagine toujours qu’il se trouve à table avec des amis et quelques personnes qu’il ne connait pas. Un moyen pour trouver comment parler de choses profondes tout en laissant la porte ouverte au partage.

«Dans l’amour, dit-il, il y a la véritable vocation que l’on a à réussir nos vies. A aimer et à être aimé. C’est pour cela que la chute est d’autant plus grande lorsque ça ne marche pas. Et je ne trouve pas anodin le fait que certains puissent casser le rêve un peu niais, ou romantique, d’un amour idéal.»

Pessimiste, sans cesse en proie au doute, perfectionniste, anxieux et éternel insatisfait, Frédéric Recrosio a besoin de se mettre en danger pour exister: «Sinon, on s’emmerde».

«Avec mon nouveau spectacle, je voulais aller plus haut et plus fort artistiquement. Et aussi plus en correspondance avec moi-même, avec les enjeux qui sont les miens aujourd’hui», conclut-il.

Tout cela, pour être en mesure d’apporter un témoignage empreint de sincérité. Car c’est bien là que réside la clef de son succès.

swissinfo, Mathias Froidevaux à Sion

Frédéric Recrosio est né à Sion il y a 32 ans. Son père, un Italo-Suisse de la seconde génération, y a longtemps possédé un magasin de confection pour hommes.

Licencié en sociologie de l’Université de Lausanne, l’humoriste a commencé sur scène dans un duo (Los Dos) qu’il composait avec Frédéric Mudry.

Protagoniste de plusieurs émission à la Radio Suisse Romande («La Soupe» notamment) et à la Télévision suisse romande («Revue d’Axel» ou «Scène de ménage»), il a aussi écrit des chroniques pour des journaux.

Frédéric Recrosio a également collaboré activement aux éditions 2004 et 2006 de la «Revue de Cuche et Barbezat».

Joué depuis 2002, son one man show «Rêver, grandir et coincer des malheureuses» lui a permis d’atteindre le haut de l’affiche en Suisse mais également à Paris (au théâtre Trévise). Une adaptation littéraire du spectacle vient de sortir de presse.

Etabli à Lausanne, il passe en règle générale deux jours par semaine dans la ville lumière puisqu’il office comme chroniqueur sur les ondes de France Inter («Les fous du roi» de Stéphane Bern) et pour une émission TV de Canal+.

Frédéric Recrosio va d’abord jouer son nouveau spectacle «Aimer, mûrir et trahir avec la coiffeuse – itinéraire de l’amour normal» en Suisse avant d’aller le présenter en France.

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