Fribourg, ville de Saint Nicolas
St Nicolas prendra possession de Fribourg le premier samedi de décembre. Quelque 20'000 personnes sont attendues pour la 100ème édition du cortège.
La tradition de St Nicolas reste vivace à Fribourg, dans d’autres cantons catholiques, ainsi que dans l’Europe germanique. Ailleurs, le saint est confondu avec le Père Noël.
Le cortège de la St Nicolas est une véritable institution à Fribourg, ville dont il est d’ailleurs le saint patron. Chaque année, le premier samedi de décembre, le St Nicolas se rend en cortège du Collège St Michel à la cathédrale qui porte son nom pour y prononcer un discours.
Le nombre de spectateurs est estimé à environ 20’000. Ce chiffre fait donc de la St Nicolas de Fribourg l’une des plus importantes fêtes du genre en Suisse, avec le carnaval de Bâle et la fête zurichoise du Böögg, le 21 mars, où l’on brûle le bonhomme hiver.
Le protecteur des enfants
Saint Nicolas est un personnage historique. Evêque de Myre (Anatolie), il était présent au concile de Nicée en 325. Lors de la conquête de Myre par les musulmans, ses reliques ont été transportées à Bari (sud de l’Italie), où elles se trouvent encore aujourd’hui.
Souvent en voyage pour des missions pastorales, il est devenu le patron des navigateurs. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il a été désigné saint patron de Fribourg. Au Moyen Age, de nombreux navigateurs partaient en effet de cette ville qui était à l’époque un centre réputé pour la production de cuir et de draps.
Mais St Nicolas est aussi un personnage très embelli par la légende. Celle-ci indique notamment qu’il a ressuscité trois enfants qui avaient été tués et salés par un boucher. Depuis, il est le protecteur des enfants et le saint patron… des charcutiers.
«Cela correspond à un besoin d’expression de la foi, explique Nicolas Betticher, chancelier et porte-parole du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg. Dire sa foi en quelqu’un qui protège contre la violence de l’homme à l’égard de l’enfant correspondait à un réel besoin et St Nicolas était une des réponses possibles.»
«St Nicolas est un personnage qui passe bien au niveau de la population, car il remplit des rôles de type très social, poursuit le chancelier. Il protège en effet des corporations – les navigateurs – et les familles – les enfants.»
L’émerveillement des enfants
Si la résurrection des trois enfants par St Nicolas apparaît plus que douteuse, celle de son cortège à Fribourg est en revanche bien réelle.
Cause de débordements, il avait été supprimé par les autorités en 1763. Mais des élèves du Collège St Michel ont relancé la tradition en 1906.
«La fête de St Nicolas a toujours été célébrée par les élèves de l’internat», explique Nicolas Renevey, ancien recteur de l’établissement.
«C’était une fête privée dont les externes étaient exclus. En 1906, une dizaine d’internes ont voulu organiser quelque chose en dehors des murs et ont fait un petit cortège jusqu’à la cathédrale.»
Ce qui n’était au début qu’une sorte de farce d’étudiants s’est donc transformé au fil des ans en un immense succès populaire. Pourtant, le cortège de la Saint Nicolas n’a rien de vraiment extraordinaire.
Un élève du collège déguisé en St Nicolas se rend à dos d’âne à la cathédrale pour y faire un discours. Il est accompagné de quelques personnages – les pères fouettards – qui distribuent des biscômes et cacahouètes aux enfants au son de la fanfare du collège et à la lueur des flambeaux.
Une foule compacte patiente donc longuement – et généralement par un froid de canard – pour voir passer un cortège certes très pittoresque mais somme toute assez banal.
«C’est étonnant, reconnaît Nicolas Renevey. Mais il faut essayer de l’expliquer par le merveilleux que Saint Nicolas exerce sur les enfants. Si vous pouviez voir leurs yeux, leur émerveillement au moment où passe St Nicolas. Les parents, qui ont eux-mêmes vécu cette expérience, veulent la faire revivre à leurs enfants et cela de génération en génération.»
Un saint pour deux personnages
St Nicolas reste populaire dans les pays orthodoxes. En Europe occidentale, il est essentiellement vénéré dans les zones qui sont ou ont été sous influence germanique: Suisse, Lorraine, Alsace, Allemagne, Belgique.
Pourtant, l’évêque de Myre a acquis une renommée mondiale sous la forme du Père Noël. Les Néerlandais l’ont en effet exporté aux Etats-Unis. Et là-bas, Sinterklaas s’est transformé en Santa Claus, puis s’est diffusé dans le monde entier avec le succès que l’on sait.
L’amalgame s’est d’autant plus vite fait que les deux figures présentent des similitudes. Les deux sont célébrés durant la période de l’Avent et distribuent des cadeaux aux enfants.
Pourtant, pour Nicolas Betticher, il convient de faire une distinction. Saint Nicolas reste un personnage religieux, alors que le Père Noël est une figure laïque et commerciale.
«La Saint Nicolas est une fête populaire, mais il y a derrière elle une vénération pour un évêque, déclare-t-il. Nous célébrons Noël parce qu’il y a eu un dieu qui s’est fait homme à Bethléem, mais le Père Noël n’entre pas du tout dans nos concepts.»
Quoi qu’il en soit, figure religieuse ou avatar laïc, l’évêque de Myre maintient la tradition: faire la joie des enfants.
Bonne Saint Nicolas à toutes et à tous!
swissinfo, Olivier Pauchard
Saint Nicolas est un personnage historique.
Il est né au début de la seconde moitié du IIIe siècle et est mort en 334.
Il a participé au Concile de Nicée en 325.
Il est fêté le 6 décembre, date supposée de sa mort.
Ses reliques se trouvent dans la ville italienne de Bari.
– Le Musée d’art et d’histoire de Fribourg consacre une exposition à Saint Nicolas.
– «100 X Saint Nicolas» est à voir du 4 décembre au 29 janvier.
– L’exposition présente notamment des œuvres d’art et des objets historiques qui représentent le saint patron de la ville: peintures, vitraux, sculptures, enluminures, etc.
– L’exposition est centrée sur l’art médiéval et baroque mais s’ouvre également à des représentations plus récentes et populaires.
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