Giacometti, à l’avant-garde
«Alberto Giacometti. L'aube de l'Avant-garde», c'est le titre d'une exposition que propose le Kunsthaus de Zurich.
Elle met en évidence la période durant laquelle le sculpteur suisse se rapprocha du cubisme, sur le plan formel, et du surréalisme, pour le caractère énigmatique des sculptures.
Déjà montrée à Mogliano Veneto, cette manifestation conçue par un spécialiste de l’œuvre de Giacometti est reprise à Zurich dans une version augmentée.
La période concernée se voit mise en contexte, grâce à la présence d’aquarelles qui remontent à l’adolescence de l’artiste, de portraits, peints ou sculptés, des années encore passées à Stampa, et d’œuvres de la maturité.
On peut ainsi suivre le parcours qui conduit le jeune Alberto à épurer ses formes, et à leur faire subir des torsions, des simplifications radicales. Les impressionnantes figures longilignes de l’après-guerre ont en effet été le fruit d’expérimentations très différentes.
Lignes de force
D’abord réaliste dans sa manière de saisir les traits de ses modèles, presque toujours les proches, les parents, les frères et sœur, le sculpteur éloigne de plus en plus les visages, en efface les signes distinctifs, et expressifs, que sont les yeux, le nez, la bouche. Il finit par ne retenir qu’une masse, aplatie, carrée, et pourtant non moins expressive.
Puis, il dote ses sculptures les plus elliptiques de titres qui contribuent à les intégrer dans la famille surréaliste: «Fleur en danger» (1933) ou «Pointe à l’œil» (1932), ou cette «Tête qui regarde» et qui est dénuée d’yeux proprement figurés.
Alberto Giacometti s’attache aux lignes de force, par exemple ce jeu des doigts qui suggère l’entier des mains, courbées sur elles-mêmes, pliées, fermées.
Bouleversement artistique
La figure humaine n’est jamais tout à fait absente, même des pièces les plus abstraites, comme «Couple couché» ou «Femme couchée qui rêve», ou ce «Torse» de 1925. Des pièces d’autres sculpteurs de la même époque (comme Brancusi) viennent renforcer l’impression produite, d’un artiste en phase sur l’avant-garde, poussant sa recherche jusqu’à contredire, presque, ses premières créations, déjà très travaillées et achevées. On pense aux paysages peints par le très jeune homme, ou à un portrait du grand-père réalisé vers l’âge de onze ou douze ans.
Entrecoupées de périodes de doute, les phases les plus fructueuses de cette carrière ont vu naître des pièces qu’on n’oublie pas, parce qu’elles sont uniques en effet, et parce qu’elles bouleversent les données de la sculpture à l’aube du XXe siècle.
swissinfo, Laurence Chauvy
Fils du peintre Giovanni Giacometti, il naît en 1901 à Borgonovo près de Stampa, dans le canton des Grisons.
Il étudie aux Arts et Métiers de Genève. En 1922, il s’installe à Paris et intègre le groupe des surréalistes autour de Breton.
Expulsé du groupe surréaliste en 1934 pour avoir effectué des portraits, il doit passer par des galeries new-yorkaises avant d’être enfin exposé à Paris.
Il obtient le Grand Prix de la sculpture de la Biennale de Venise en 1962, puis le Grand Prix national des arts en France en 1965.
Il meurt en 1966 au Tessin.
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