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J-F Jauslin: un calme dans le gros temps

Jean-Frédéric Jauslin devant la presse, 100 jours après son arrivée à la tête de l'OFC. Keystone

En poste depuis trois mois, le patron de l’Office fédéral de la culture a hérité d’un trou financier de 1,3 million de francs à combler.

Sur le soutien aux écoles suisses à l’étranger, Jean-Frédéric Jauslin appelle de ses vœux une réflexion sur le fond.

Nouvelle loi sur l’encouragement à la culture, qui doit enfin donner une véritable base à légale au travail de son office, réorganisation interne et redéfinition stratégique prescrites à ce même office: Jean-Frédéric Jauslin a retroussé ses manches. Les chantiers abondent.

swissinfo: Cela fait trois mois que vous êtes en poste. Vous avez dressé un bilan, fondamentalement, qu’est ce qui doit changer à l’Office fédéral de la culture?

Jean-Frédéric Jauslin: Il faut voir que je planifie quand même d’agir dans la continuité. Tout n’est pas à revoir. Mais un certain nombre d’adaptations doivent être entreprises.

Nous sommes dans une situation de changement. On va introduire une nouvelle loi sur l’encouragement à la culture, c’est nouveau. On va introduire une loi sur Pro Helvetia. Ce n’est pas nouveau mais cela va se faire en lien avec la loi sur l’encouragement à la culture (attendue au plus tôt pour 2008, ndlr).

On redéfinit les missions et la tâche de l’Office fédéral de la culture en disant clairement que les affaires culturelles au sein de la Confédération sont du ressort de l’Office fédéral de la culture. Et qu’une coordination doit être organisée avec les autres instances.

Il y a donc un certain nombre de chantiers. Au niveau interne pour la restructuration de l’office, sur le plan extérieur pour repenser les mécanismes de fonctionnement entre les différents acteurs.

swissinfo: En conférence de presse, vous avez évoqué la situation financière «délicate» de votre office. Vous avez parlé d’une «mauvaise surprise». En quoi cette situation est-elle délicate et quelles seront les mesures prises?

J.F.J.: J’ai eu une mauvaise surprise parmi les bonnes surprises. A savoir que nous n’avions pas suffisamment d’argent pour payer les salaires cette année. Ce qui est toujours une mauvaise surprise…

Effectivement, cela nécessite de prendre des mesures, car cette situation ne peut perdurer. J’ai eu des discussions avec le département (Département fédéral de l’Intérieur, dirigé par le ministre Pascal Couchepin), qui m’a assuré de son soutien durant cette année. Mais en me demandant d’apporter un certain nombre de solutions d’ici à l’année prochaine.

Nous avons pris ce chantier en main, des plans d’action ont été élaborés pour rectifier la situation. Ce sera fait. Je ne peux pas ne pas envisager un certain nombre de licenciements. J’essaierai de les éviter, mais je ne peux pas les exclure.

swissinfo: De quelle situation financière parle-t-on en termes chiffrés?

J.F.J.: Lorsque je suis arrivé, le budget manquant atteignait 1,3 millions de francs dans les secteurs de la direction de l’office et de l’encouragement à la culture. Nous avons pris une mesure immédiate, qui a consisté à instaurer un stop du personnel. Cette mesure a déjà produit ses effets: les projections pour la fin de l’année prévoient un trou d’un million. 300’000 francs de moins. La tendance est donc inversée.

A partir de là, nous avons établi un train de mesures prévues en 2005 et 2006 qui devraient nous ramener 950’000-960’000 francs par rapport à la situation actuelle, sans grands drames. En principe, on devrait pouvoir assainir cette situation sans trop de dégâts.

swissinfo: Une des fonctions de l’Office fédéral de la culture est l’appui et le soutien à la formation des jeunes Suisses de l’étranger. Qu’avez-vous découvert en arrivant, et qu’allez-vous entreprendre?

J.F.J.: C’est un dossier que je connais depuis de très longues années, très délicat, mais qui ne m’a pas préoccupé en premier lieu. Il est vrai que nous soutenons les écoles suisses à l’étranger et menons un certain nombre d’actions. On peut se poser la question de savoir si tout cela n’est pas plutôt du ressors de l’enseignement et de la formation.

On peut admettre, c’est vrai, une portée culturelle dans le fait que la Suisse dispose d’écoles à l’étranger. C’est au parlement de décider s’il veut continuer à investir de l’argent là-dedans.

Je pense qu’il y aurait possibilité de dire: faisons un peu plus à l’intérieur et voyons ce qui peut être fait à l’extérieur sans y mettre des moyens inconsidérés. Je ne dis pas qu’ils sont inconsidérés maintenant, mais ils me paraissent relativement élevés en regard des actions menées sur le plan intérieur.

swissinfo: Vous dites que la culture n’est pas un luxe. C’est une attente de la population. Et ce sera de plus en plus le cas à l’avenir. Qu’est-ce qui vous permet de l’affirmer?

J.F.J.: C’est une affirmation tout à fait personnelle. Nous avons construit la Suisse sur un modèle essentiellement économique pour améliorer le bien-être de la population. Il est permis de dire que la Suisse ne vit pas trop mal même si un certain nombre de points d’interrogation existent.

On peut dire en tous cas que dans les conditions actuelles, on ne va pas pouvoir encore longtemps améliorer ce niveau de vie. C’est pure spéculation de ma part, mais je pense que la population va s’intéresser à d’autres domaines. Elle va vouloir chercher autre chose que simplement le bien-être matériel. La culture fait vraisemblablement partie des pistes qu’il faudra suivre et pour lesquelles le parlement, le gouvernement – le politique en général – devra anticiper un certain nombre de mesures.

La culture est importante. Elle n’est ni un luxe ni la cerise sur le gâteau qu’on peut se permettre quand tout le reste est assuré. Je crois qu’il s’agit d’un axe beaucoup plus fondamental qu’on veut bien le penser et que la tendance ira grandissante. C’est dans cet esprit que je vais assumer ma charge.

Interview swissinfo: Pierre-François Besson

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