«Je veux emmener d’autres formes d’art au cinéma»
Le festival Cinéma Tous Ecrans, qui s’est ouvert à Genève le 1er novembre, poursuit sa route. En attendant le palmarès de dimanche, petite halte en compagnie de sa nouvelle directrice Claudia Durgnat. Interview.
Tous écrans, tous continents, tous publics. Le festival genevois attire jeunes et moins jeunes. Il y en a pour tous les goûts. Pour ceux qui s’intéressent au cinéma classique et pour ceux qui sont fascinés par les productions numériques.
Avec ses longs métrages qui touchent le cœur, ses séries web interactives et ses feuilletons TV policiers, hospitaliers ou politiques, Cinéma Tous Ecrans poursuit sa route jusqu’au 7 novembre. Petite halte en compagnie de sa directrice Claudia Durgnat.
swissinfo.ch: Le festival a démarré le 1er novembre. Pourriez-vous nous dire quels sont les films ou séries qui jusqu’ici ont emporté l’adhésion du public?
Claudia Durgnat: Difficile de se prononcer avant la fin du festival, il reste encore beaucoup de projections. Mais bon, je peux déjà vous dire que «Treme», par exemple, a eu beaucoup de succès. Il s’agit là d’une série TV, signée David Simon, qui a été tournée à la Nouvelle-Orléans et qui porte sur la catastrophe causée par l’ouragan Katrina. La série montre les efforts déployés par les habitants de la ville qui essaient de reconstruire leur vie. Il y a notamment beaucoup de musique, surtout du jazz de la Nouvelle-Orléans.
swissinfo.ch: Pour ce qui est des séries toujours, elles sont cette année moins marquées par le sceau américain, disons plus éclectiques, avec des réalisateurs du monde entier. Cette variété géographique est-elle voulue?
C.D.: Ce qui est voulu, c’est surtout la musique qu’elles associent à leur trame. Et cela est valable pour toute ma programmation, séries web et longs métrages inclus. Vous savez, je viens moi-même du monde de la musique. Il y a donc cette année dans le festival une touche musicale qui me démarque de mon prédécesseur Leo Kaneman.
Pour preuve, «All That I Love», film du Polonais Jacek Borcuch, qui reprend le motif de «Roméo et Juliette» sur une musique punk rock, ou encore «Taqwacores» de l’Américain Eyad Zahra, qui reflète la vie d’un jeune musulman aux Etats-Unis, avec en toile de fond la scène punk rock hardcore. Et pour rester dans le «son», j’ajouterai «M.Tuuut», un Web film du Suisse Régis Roinsard qui raconte avec humour le travail d’un homme dans une société de téléphonie.
swissinfo.ch: Si je vous résume, la musique est le thème de cette 16e édition du festival.
C. D : Oui, absolument. D’ailleurs cette année nous avons inauguré une nouvelle section musicale qui comprend deux événements: une carte blanche accordée au Français Alexandre Desplat, grand compositeur de musique de films, ainsi qu’un spectacle visuel et sonore, «Divine Féminin», qui s’est joué le 3 novembre et qui rendait hommage au 7e art.
swissinfo.ch: Est-ce à dire que vos prochaines éditions seront également thématiques?
C.D : Mon but, c’est d’emmener d’autres formes d’art au cinéma. Je souhaite, dans l’avenir, trouver des thèmes qui rapprochent tous les écrans que le festival sollicite: le cinéma, la télévision, le téléphone portable, l’ordinateur… Leo Kaneman avait inclus ces deux dernières années les nouveaux écrans dans sa programmation. Il me faut maintenant affiner celle-ci.
Le langage cinématographique change et il me semble important de montrer ce bouleversement au public. Nous sommes les premiers, par exemple, à présenter en Suisse la première petite série réalisée pour l’iPad sous le titre «Touching story». Ce sont 4 courts métrages américains. Pour les visionner, il faut retourner et secouer l’iPad. Une nouveauté qui laisse loin derrière le clic de souris.
swissinfo.ch: Vous ciblez là un public plutôt très jeune, non?
C.D.: C’est le but justement. Il n’est pas dit, en effet, que les générations «pré-numériques» soient fascinées par ce cinéma interactif. Mais en attendant, celui-ci existe, et il faut le faire connaître. Nous tenons à avoir notre place dans l’audiovisuel suisse.
swissinfo.ch: Restons en Suisse. Un mot peut-être sur «10», série TV très attendue, réalisée par le Neuchâtelois Jean-Laurent Chautems, que vous programmez et qui sera bientôt lancée sur la Télévision suisse romande…
C.D.: C’est à mon sens une excellente série qui traite d’un sujet social et intime: les joueurs de poker. Elle a été primée au Festival international du film de la Rochelle récemment. Notre grande fierté, c’est de la présenter en première suisse et en compétition officielle. C’est la première fois que dans le cadre du festival Tous écrans, une série locale se retrouve en compétition avec des œuvres produites par des maisons de renommée mondiale comme HBO ou NBC.
swissinfo.ch: Le festival s’achève le 7 novembre. Vos pronostics pour le palmarès?
C.D.: Non, je ne veux pas me prononcer. Je laisse ce travail aux jurys.
Nouvelle directrice. Avec sa nouvelle directrice Claudia Durgnat, la XVIe édition du Festival Cinéma Tous Ecrans, qui se tient à Genève du 1er au 7 novembre, fait peau neuve.
Synergies. Le festival affine cette année son exploration des synergies entre cinéma, télévision, et nouveaux écrans.
Affiche. A l’affiche, 14 longs métrages en compétition internationale, 16 séries TV à découvrir en avant-première, les meilleures productions web du moment, 2 programmes de courts-métrages, dont 7 avant-premières suisses, une nouvelle fenêtre consacrée à la musique telle que produite au cinéma.
Schocher. Autre fenêtre, celle consacrée au cinéma suisse, avec la (re)découverte du réalisateur Grison Christian Schocher et notamment de son film « Reisender Krieger » (1981).
Colloques et ateliers. Colloques et rencontres internationales sont également au programme. Le festival pense aussi aux familles. Dans le cadre d’une «Journée pour tous», il organise des ateliers pour petits et grands autour des métiers du cinéma.
Cinéma Tous Ecrans, Genève, jusqu’au 7 novembre. Lieux de projection: Grütli, 16, Général Dufour. Uptown Geneva, 2, rue de la Servette.
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