Nicolas Bouvier, voyageur, écrivain mais aussi homme d’images
A travers deux expositions, Genève rend hommage à l’enfant du pays, écrivain-voyageur de renommée internationale.
«Si j’étais la municipalité de Genève, je prévoirais des cases d’affichage blanches pour un gars comme moi, et puis on me payerait des affiches […] qui ne vendent rien du tout […], qui sont juste là pour faire rêver les gens», écrivait, non sans humour, le grand auteur et voyageur genevois Nicolas Bouvier.
Mettre l’art dans la rue. C’était le souhait que Bouvier formulait en 1975. Quarante ans après, son vœu est exaucé. La Bibliothèque universitaire de Genève, avec le soutien de la Ville, organise une exposition, en deux parties, sur l’œuvre iconographique de Bouvier.
Son titre: «Follement visuelLien externe». La première partie se découvre dans les rues de Genève, jusqu’au 24 octobre. Cent cinquante affiches de Bouvier ont donc été placées dans l’espace public. Les thèmes choisis sont au nombre de quinze: paysages, animaux, anatomie, arts militaire et culinaire…
La deuxième partie propose «un voyage en images», à suivre à la Bibliothèque de Genève, jusqu’au 2 février 2019. L’accrochage en intérieur porte sur le «Journal photographique» de Bouvier qui accompagne son célèbre livre «L’Usage du monde». Soit le grand périple que l’écrivain entreprit sur la route de l’Asie, entre 1953 et 1955. Fascination pour les civilisations lointaines: c’est ce qui surgit avant tout de ce «Journal».
Petit voyage avec les deux commissaires de l’exposition, Barbara Prout et Nicolas Schaetti, qui commentent quelques images.
«Ce qui frappe dans la photo de gauche, c’est la fragilité de la silhouette humaine et de l’objet (voiture) face à l’immensité et à la complexité de la nature où sable et eau se confondent. Quelque chose de mystique transparaît dans ce décor sublimé par le regard de Bouvier. Dans la photo de droite, c’est le pont brisé qui intéresse l’auteur. Il apparaît comme la métaphore de sa propre vie faite d’innombrables voyages avec des routes qui s’arrêtent».
«Cette planche à quatre volets se lit comme un récit, avec des impressions diverses et un dénominateur commun: la rue d’une ville. Bombay sans doute, ses arts populaires et ses croyances confrontés ici à la réalité quotidienne. D’un côté, l’agitation d’un marché et deux enfants seuls avec leur pauvreté. De l’autre, deux chiromanciens aux prises avec leurs prédictions, et une affiche vantant les mérites d’une loterie qui peut vous transformer la vie».
«Comme dans la photo prise sur la route de Téhéran, l’œil de Nicolas Bouvier capte dans cette affiche le sublime et traduit la relation métaphysique que l’auteur pouvait avoir avec la nature et sa fulgurante beauté. L’infiniment petit (les personnages minuscules que l’on distingue sur le flanc du glacier) et l’infiniment grand (la puissance de la montagne si présente dans les arts et la littérature suisses) sont ici réunis. Un contraste qui attire Bouvier».
«C’est un cours à l’adresse des Nippons sur la façon de manger les spaghetti à l’européenne. On peut y lire en japonais: «Il faut trouver de l’espace pour tourner les nouilles». La flèche indique une fourchette et l’usage qu’on peut en faire; elle aurait indiqué tout aussi bien des baguettes si le cours s’adressait à des Occidentaux. Cela dit, l’aspect didactique n’est pas le plus important ici. Ce qui se dégage de cette affiche, c’est l’humour de Bouvier: une vision décalée des bonnes manières à table».
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