L’avenir du Sri Lanka passe par la Suisse
Une délégation des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) est attendue lundi au ministère suisse des Affaires étrangères.
Elle va s’informer sur le fédéralisme à l’helvétique en vue de la prochaine transition du Sri Lanka vers un Etat fédéral.
«Nous allons échanger nos vues sur le processus de paix en général. Et nous parlerons également de l’assistance que nous pourrions apporter dans l’établissement d’un gouvernement fédéral au Sri Lanka», explique Manuel Sager, porte-parole des Affaires étrangères.
La Suisse n’entend pas pour autant se substituer à la Norvège, qui a été, dès le départ, l’artisan principal du processus de paix. Mais Berne n’oublie pas qu’elle est active sur d’autres fronts au Sri Lanka.
«Depuis des années, nous y avons concentré nos efforts sur l’aide humanitaire et sur le déminage», rappelle Manuel Sager.
Un pays parmi d’autres
Concernant le modèle futur du fédéralisme à la sri lankaise, les discussions de lundi pourraient servir à déterminer ce que la Suisse peut y apporter. Pour l’instant, personne ne sait à quoi ressemblera la prochaine constitution de l’île.
La Suisse n’est d’ailleurs qu’une étape d’un voyage qui va emmener la délégation des LTTE dans d’autres pays à système fédéraliste, comme l’Allemagne, le Canada, l’Inde ou l’Australie.
Multiculturelle et diverse
Toutefois, les experts estiment que le modèle suisse pourrait constituer un bon exemple pour le Sri Lanka.
«La Suisse est un des rares exemples au monde d’un Etat fédéral construit sur des bases multiculturelles, souligne le professeur Thomas Fleiner, de l’Institut pour le fédéralisme de l’Université de Fribourg. Et celles-ci ont fortement influencé l’ensemble de sa législation.»
Comme le rappelle le professeur fribourgeois, la Suisse a depuis longtemps l’habitude de s’occuper des problèmes des minorités, que ce soit au niveau fédéral, cantonal ou communal.
Une autre mosaïque
Avec ses deux communautés cinghalaise et tamoule, mais également ses minorités musulmane et chrétienne, le Sri Lanka est lui aussi une vraie mosaïque de cultures et de religions.
Cependant, Thomas Fleiner ne croit guère à la transposition du modèle suisse au Sri Lanka. «Aujourd’hui, l’idée même de fédéralisme n’y est pas très bien accueillie, souligne le professeur. Car ce pays fonctionne sur un système largement majoritaire, où le parti dominant s’adjuge l’ensemble des leviers du pouvoir.»
Trouver sa propre voie
Un point de vue que semble partager la communauté tamoule de Suisse.
«Pour nous, le passage à un fédéralisme réellement représentatif est parfaitement acceptable, explique Anton Ponrajah, président de la Fédération des associations tamoules de Suisse. Mais le gouvernement aura bien du mal à faire admettre l’idée aux politiciens cinghalais, qui auraient beaucoup à y perdre.»
S’il estime que son pays a beaucoup à apprendre de la Suisse, Anton Ponrajah est bien conscient qu’il va falloir inventer de nouveaux modèles pour le Sri Lanka.
«Le fédéralisme helvétique est le résultat de circonstances et d’une histoire particulière à ce pays, conclut le chef des communautés tamoules de Suisse. Nous pourrons nous en inspirer, mais nous devrons trouver notre propre voie.»
swissinfo/Scott Capper
En 19 ans, le conflit au Sri Lanka a fait 65’000 victimes
La Suisse accueille 36’000 Tamouls
28’000 sont au bénéfice d’une autorisation provisoire, voire d’un passeport helvétique,
8’000 sont enregistrés comme requérants d’asile
1000 ont obtenu le statut de réfugié
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