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L’univers extravagant de Füssli

Johann Heinrich Füssli, « Falstaff im Wäschekorb », 1792 (Kunsthaus Zurich) swissinfo.ch

«The Wild Swiss», soit Johann Heinrich Füssli, est de retour dans sa ville natale, Zurich, où le Kunsthaus lui consacre une grande exposition.

Montée en collaboration avec la Tate Britain, cette exposition propose cinquante tableaux et cent trente aquarelles et dessins. A voir jusqu’au 8 janvier 2006.

En 1741, il fut baptisé Johann Heinrich Füssli dans sa ville natale, Zurich. Emigré en Angleterre dès l’âge de vingt-deux ans, il adopta le nom de Henry Fusseli, plus facile à prononcer pour les Anglais. Lors de séjours en Italie, entre 1770 et 1778, il simplifia encore son patronyme, qui devient Fuseli.

A Londres, on le surnommait «The Wild Swiss». C’est bien le même homme, le même peintre, qui connut le succès outre-Manche et que Zurich a redécouvert, acquérant dès le début du XXe siècle la plus importante collection au monde de ses œuvres. Le Kunsthaus a ainsi mis sur pied une rétrospective, qui révèle l’originalité de son inspiration.

Peinture littéraire

La parenté avec l’œuvre – elle aussi très en prise sur la littérature – de William Blake, saute aux yeux: Blake éprouvait une grande admiration pour l’auteur du «Cauchemar» (dont deux versions figurent dans l’exposition, au terme du parcours) et pour les nombreuses illustrations de John Milton et de William Shakespeare.

La peinture de Füssli reste sombre et économe en couleurs, relevée de véritables trouées de lumière, qui posent le plus souvent un accent sur l’expression des visages, la peur, la colère, la jalousie, la bêtise, et sur la gestuelle des corps. Des corps aux muscles et aux poses exacerbés, encastrés dans des décors de carton-pâte.

Physiognomoniste tendance gothique

En Italie, l’artiste zurichois avait été fasciné par les visions elles aussi dramatiques de Michel-Ange, par le caractère monumental de ses illustrations de l’Ancien Testament. A la Bible, comme source d’inspiration, il préférerait pour sa part la dimension poétique des œuvres de Dante et de Milton, avec la distance qu’elles comportent vis-à-vis du divin et la transposition de celui-ci en un surnaturel d’un autre ordre.

Il obtiendrait cet univers qui devait lui rester propre, habité de fées aux coiffures extravagantes, de papillons inconnus, de gnomes boudeurs et de héros dénudés. Füssli mourut dans sa patrie d’adoption, en 1825.

Son œuvre, hantée et parodique, s’inscrit dans la tendance gothique et romantique. Ami de jeunesse de Lavater, lui aussi s’attacha à étudier les divers types de visages, trouvant dans la littérature des exemples de situations lui permettant d’expérimenter, dans le registre pictural, les différentes manières d’exprimer les pulsions intérieures, jusqu’aux démons les plus cachés.

swissinfo, Laurence Chauvy

– Johann Heinrich Füssli est né en 1741 à Zurich.

– Etudes de théologie et initiation à une conception romantique de l’Art.

– Il s’établit définitivement à Londres en 1779, où il est notamment professeur la Royal Academy. En Angleterre, il est devenu célèbre sous le nom de John Henry Fusseli, puis Fuseli.

– Il y meurt en 1825.

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