La Bâtie, curieuse, ambitieuse, généreuse
La 28e édition du plus important festival pluridisciplinaire romand s'ouvre le 26 août à Genève.
Au programme, danse, théâtre et musique. Mais aussi des performances atypiques et une campagne d’affichage contre la faim.
Curiosité, exploration, découverte: trois piliers sur lesquels repose La Bâtie-festival de Genève.
Fraîchement nommé à la tête de la plus importante manifestation pluridisciplinaire romande, Olivier Suter, ex-directeur du Belluard Bollwerk International de Fribourg, a emmené avec lui un goût certain pour la recherche et l’expérimentation, qui caractérise le festival fribourgeois.
Des artistes atypiques
«A Genève, confie-t-il, il y a une très grande offre culturelle en cours d’année. Il est donc nécessaire de fouler les sentiers non battus en restant à côté de ce qui est programmé tout au long d’une saison traditionnelle».
«Il y a dans cette ville internationale, poursuit-il, un public très diversifié, prêt à regarder de nouveaux horizons. Il faut en profiter pour assouvir son envie d’ouverture». Quitte à déboussoler un peu ce public en abandonnant les appellations danse, théâtre et musique, constitutives du festival.
Désormais, plus de frontières entre ces trois disciplines. «Cela nous permet, explique Suter, d’accueillir des artistes atypiques dont le travail nous semble très important et intéressant».
Pour preuve, l’invitation lancée au Français Jean-Marc Philippe, qui présentera – le 5 septembre -, sous forme de conférence, son ‘Projet KEO’.
Un satellite dans l’espace
Elaboré à partir d’une idée aussi généreuse qu’extravagante, ce projet consiste à envoyer, en 2006, dans l’espace un satellite qui tournera durant 50’000 ans autour de notre planète.
Il sera chargé des messages écrits par des millions de Terriens à leurs descendants. Lesquels les déchiffreront lorsque le satellite regagnera la Terre.
Autre initiative atypique: ‘Hurloir’. Soit la volonté de transposer la parole d’un endroit du monde à un autre. Ainsi, un micro installé sur une place publique à Erevan, et ouvert 24h/24, reliera l’Arménie à Genève.
Des intervenants arméniens de tous horizons pourront donc se faire entendre en direct ici. La Bâtie souhaite ainsi mettre l’accent sur la communication mondiale, ses modalités, sa difficulté, son intérêt.
Mais que les fans des disciplines classiques se rassurent. Même si les appellations danse, théâtre et musique ne sont pas de mise dans cette édition, elles continuent à vivre.
Ne pas exclure les démunis
Fidélité donc à l’auteur et metteur en scène argentin Rodrigo Garcia que le public genevois connaît bien. Le pourfendeur invétéré de la mondialisation revient avec deux pièces décapantes. Et le non moins dérangeant Zurichois Christoph Mathaler sera lui aussi à l’affiche avec ‘O.T.Eine Ersatzpassion’, un spectacle musical très attendu.
La musique n’est pas en reste, bien sûr. La Bâtie n’a pas lésiné sur la notoriété méritée des artistes invités. Jugez plutôt: le label allemand Raster Noton et le groupe new-yorkais Sonic Youth. Sans oublier le Français Alain Bashung qui met en partition ‘Le Cantique des cantiques’.
Eclectique est également le volet chorégraphique, avec un coup de cœur pour les créateurs lusophones et un coup de chapeau à l’Espagnole La Ribot qui réinvente le langage de la danse.
A ses choix artistiques exigeants, La Bâtie sait également donner une couleur politique. Ainsi, Olivier Suter et son équipe ont demandé aux Suisses Jean Ziegler et Jean-Damien Fleury de réaliser pour le festival des affiches. Celles-ci seront mises en place à Genève, dans le cadre d’une campagne contre la faim. Histoire de ne pas exclure de la fête les démunis.
swissinfo, Ghania Adamo
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