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La Comédie sur le front israélo-palestinien

L'image qui fait la couverture du livre de Jean Mohr, 'Le Manifeste'. (Photo: Jean Mohr) swissinfo.ch

Avec le comité du «Manifeste pour une paix juste et durable au Proche-Orient», la Comédie de Genève propose cinq journées de débat, du 5 au 9 avril.

Intitulée ««Vers un art de la paix?», le programme de la manifestation annonce également des lectures, un film et une exposition.

Les balles sifflent, les jets de pierre s’intensifient et le conflit israélo-palestinien s’enlise. Nous sommes en 2002. La ville de Jénine est alors victime de combats meurtriers. A des milliers de kilomètres de là, sous le ciel helvétique, une poignée d’intellectuels suisses ou vivant en Suisse, juifs et arabes, décident, en regard des événements, de s’associer et de lancer un appel contre la violence en Israël et en Palestine.

Naît alors un mouvement, le «Manifeste pour une paix juste et durable au Proche-Orient». Son comité, aujourd’hui présidé par Alain Bittar (qui dirige à Genève la librairie arabe L’Olivier) organise, chaque année depuis 2002, des journées de rencontre destinées à rapprocher Israéliens et Palestiniens.

«Notre but, confie Alain Bittar, c’est de créer des espaces d’écoute qui puissent rétablir le dialogue entre les parties opposées. Au début, ‘Le Manifeste’ n’était qu’un ensemble de bonnes intentions. Par la suite, nous avons appris à dépasser les mots. En 2003 par exemple, nous avions réuni, à Genève, des parlementaires israéliens et palestiniens, c’est à dire des représentants de la société civile qui n’ont pas l’habitude de discuter ensemble».

Avec le temps, ces journées de rencontre se sont étendues et étoffées. Disons qu’elles sont devenues plus culturelles. Aussi, le comité du «Manifeste» s’est-il associé cette année à la Comédie de Genève pour organiser, du 5 au 9 avril, débats, films, lectures et exposition.

Briser le silence

Pourquoi La Comédie précisément? «Parce que, poursuit Alain Bittar, il nous fallait un lieu au rayonnement culturel important en Suisse romande et en francophonie. Un lieu qui a déjà son public et à travers lequel la société se reconnaît. Nous essayons au maximum d’éviter les manifestations marginales. Notre souhait c’est de rendre ces cinq journées de rencontre accessibles à tous».

Au programme, une exposition de photos réalisées par des soldats israéliens qui ont combattu dans les territoires palestiniens. Intitulée «Briser le silence», cette exposition, explique Alain Bittar, «est un témoignage très libre de soldats guidés par des principes moraux».

Autre centre d’intérêt, les bombes humaines qui explosent dans le titre d’un long métrage, «L’Attentat», réalisé par Simone Bitton. Ce film ainsi que l’exposition seront suivis d’une table ronde et d’un débat animés par des journaliste suisses et par des personnalités israéliennes et palestiniennes.

Parmi ces dernières, on retrouvera, à l’occasion d’une soirée de lectures, les écrivains Elias Sanbar et David Grossman.

Un programme riche dont se félicite Anne Bisang, directrice de la Comédie de Genève. «Quand une institution comme la nôtre s’empare d’un sujet aussi important que le conflit au Proche-Orient, confie-t-elle, l’écho en devient plus pénétrant; non seulement auprès de notre public mais aussi vis-à-vis de la Genève internationale».

Caisse de résonance

Cet écho-là, d’autres théâtres à Genève l’ont fait résonner, mais sous une autre forme. Saint-Gervais, par exemple, programmait en décembre dernier deux spectacles, l’un monté par une troupe israélienne, l’autre par des comédiens palestiniens.

Anne Bisang dit avoir choisi une autre voie: «Notre idée, c’est d’offrir au public, grâce à ces 5 journées de rencontre, des espaces d’écoute qui ne soient pas calqués sur la réflexion menée dans les médias. Ou plutôt qui dépassent cette réflexion, souvent envenimée, sur le conflit au Proche-Orient. Le théâtre pour moi, c’est également une caisse de résonance qui permet de s’arrêter sur une problématique, de l’entrevoir autrement, de l’enrichir, sans forcément entrer dans la polémique».

swissinfo, Ghania Adamo

«Vers un art de la paix ? – cinq jours sous le signe du dialogue», Le Manifeste à la Comédie.
A suivre à la Comédie de Genève, du 5 au 9 avril.

– «Le Manifeste» est une association issue de l’appel lancé en février 2002 par un groupe de citoyens, suisses ou vivant en Suisse, pour la paix israélo-palestinienne. Certains sont juifs ou arabes, israéliens ou palestiniens.

– Cet appel condamne le recours systématique à la violence et le processus de surenchère qu’il génère, défend les droits de souveraineté des Israéliens et des Palestiniens, condamne l’occupation de la Palestine ou toute autre tentative d’hégémonie.

– L’association «Le Manifeste» entend favoriser sous différentes formes, culturelles, pédagogiques ou politiques, la création d’espaces de dialogue et d’écoute mutuelle entre juifs et arabes ainsi qu’entre Israéliens et Palestiniens.

– Le photographe romand Jean Mohr a consacré un ouvrage (Ed. Labor et Fides) au «Manifeste».

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