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La francophonie des terres australes

Les références françaises existent à Brisbane! piafbarcafebistro.com.au

Comment vit-on la langue française lorsqu’on est «down under», c’est-à-dire la tête en bas? Fabrice Rochat, Suisse romand émigré de longue date à Brisbane, Australie, nous raconte la Francophonie vue de là-bas…

Vu de l’Australie, la francophonie la plus proche géographiquement se situe dans les territoires du Pacifique, en Nouvelle-Calédonie et dans les îles d’outre-mer de la Polynésie française. Les quelques milliers d’immigrants parlant le français apportent aussi de l’exotisme à la population du continent australien, déjà très cosmopolite.

La cuisine française est toujours appréciée des locaux. La langue française est généralement considérée comme belle et romantique, mais noyée par l’anglais, la langue universelle du commerce.

Les guerres napoléoniennes se sont terminées il y a belle lurette, ainsi que la fin de l’empire britannique, mais ce dernier a su imposer sa langue et son commerce au quatre coins de la planète.

L’Australie fait d’ailleurs partie du Commonwealth, l’institution des anciennes colonies de la couronne du Royaume-Uni, regroupant plus de 70 pays et un milliard d’habitants. L’anglais est l’unique langue nationale sur tout le territoire australien, couvrant plus de 3000 kilomètres d’est en ouest et 2000 kilomètres du nord au sud. Il est donc bien difficile de garder ses racines francophones dans cet océan d’anglophones.

La culture française aux antipodes

En ce qui nous concerne, nous parlons tous le français à la maison. Notre fille de 9 ans, Magali le parle bien et le comprend parfaitement. Son langage est parfois teinté de mots anglais, et nous persévérons à la corriger. Cela lui permet de communiquer régulièrement par téléphone avec ses grands-parents.

Ce n’est pas le cas de la majorité des familles francophones, dont souvent les enfants comprennent, mais ne parlent que très peu le français. A part quelques écoles spécialisées dans les langues étrangères, toute la scolarité est enseignée dans la langue de Shakespeare. C’est pourquoi dans notre région, Brisbane, des parents d’enfants ont créé une école appelée «Les Petits Princes», et donnant des cours dans la langue de Molière tous les samedis matins.

La lecture est aussi un bon moyen d’apprendre et de rester en contact avec le français. Et l’internet est un outil fantastique avec des sites alliant parfaitement la presse écrite, la vidéo et l’audio, comme swissinfo. Le journal télévisé du soir de France 2 est retransmis quotidiennement sur une chaine de télévision ethnique nationale. Il existe aussi des radios communautaires locales comme 4EB à Brisbane, diffusant un programme en français pendant une heure chaque semaine. Les émissions sont animées bénévolement par un groupe d’expatriés français, belges et romands.

Les clubs francophones sont aussi un lieu où retrouver des compatriotes, comme le Cercle Romand de Sydney, réunissant des gens parlant le français.

L’Alliance Française est présente dans toute les grandes villes australiennes. Elle offre des cours de langue et organise des événements culturels. Chaque année, des cinémas de quartier projettent des films durant les deux semaines du cinéma français.

Cette année la fête nationale française du 14 juillet, nommée ici «Bastille Day», le jour de la Bastille, se fêtera au bord de la rivière Brisbane avec une exposition de la plupart des associations et entreprisses francophones de la région.

Ambassadeurs francophones

Toutes ces activités permettent de garder des liens avec le monde francophone. Mais pour moi, le plus important est de continuer l’apprentissage du français à la nouvelle génération, de leur inculquer l’amour de la culture francophone à travers les livres et le cinéma, tout en restant ouvert sur toutes les autres diversités culturelles environnantes. Même si je ne pense pas que l’on puisse jamais perdre sa langue maternelle, on peut s’en détacher pour s’amalgamer à la population dominante.

Car ici, comme dans beaucoup de pays, la culture américaine est omniprésente et écrase un peu les spécificités locales de la langue vernaculaire. Ne rentrant en Suisse que tous les 3 à 4 ans, je suis toujours frappé par le nombre croissant d’anglicismes utilisé dans le vocabulaire de tous les jours, ainsi que la place grandissante de l’anglais dans la publicité en terre romande.

C’est certainement dans une culture étrangère que l’on se sent le plus proche de ses propres racines. En tant qu’immigrants, nous sommes un peu les ambassadeurs vivants de la langue française à travers le monde.

Reste à voir si le prochain Sommet de la Francophonie, en octobre à Montreux, aura un impact sur les francophones et francophiles des terres australes…

Fabrice Rochat, Brisbane, pour swissinfo.ch

Queensland. Avec environ 1,8 millions d’habitants, Brisbane, capitale de l’Etat du Queensland, est la 3ème ville d’Australie, derrière Sydney et Melbourne.

Origine. Elle est située à environ 950 kilomètres au nord de Sydney sur le fleuve Brisbane. A l’origine, l’endroit fut un centre pénitentiaire, créé en 1824.

Tropical. Brisbane bénéficie d’un climat idéal presque tout au long de l’année en raison de sa situation tropicale (température moyenne de 25° C).

Touristique. Son architecture est inspirée d’un style mêlant période victorienne, style colonial et architecture moderne. Perçue longtemps comme une simple ville de province, la ville est aujourd’hui la capitale de l’Etat le plus touristique de l’Australie.

Secondaire et tertiaire. Plusieurs industries s’y sont développées (raffinage pétrolier, travail du métal, manufacture diverses). Le tertiaire y est également bien représenté: informatique, services financiers, hautes écoles et administration publique se concentrent dans le «Central business district» de Brisbane.

Vaudois. Fabrice Rochat est né en 1968 à Prilly, près de Lausanne. Il passe sa jeunesse à Bussigny.

Voyageur. Apprentissage de commerce, Ecole d’informatique de gestion, deux années de travail à l’UBS. Et la passion du voyage: à 19 ans déjà, il fait, sac au dos, le tour de l’Australie. Suivront d’autres voyages, surtout en Amérique.

Australie. Fabrice Rochat et sa compagne Sandra arrivent en Australie fin 1995 et s’installent à Sydney, où ils vivent jusqu’en 2002. Ils déménagent alors à Brisbane.

Métiers. Sandra travaille pour le gouvernement du Queensland, au «Département de l’Audit». Fabrice Rochat, après avoir passé plus de quatre ans à la maison pour s’occuper de leur fille Magali, a travaillé à l’Office des impôts fédéral comme employé administratif.

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