«La Mer», cette musique qui berce Maurice Béjart
Avec son Ballet, le chorégraphe marseillais présente à Lausanne sa nouvelle création, suivie le 22 décembre d'une soirée de gala.
En s’inspirant de l’œuvre de Baudelaire, il revient sur le thème de la mer et en fait résonner les vibrations.
Son immense culture et son savoir ont toujours accompagné le corps de ses danseurs et éclairé leurs pas. Maurice Béjart a vécu avec les livres et la musique qui lui ont beaucoup appris, on le sait. Il l’a lui-même confié au magazine Lire dans une interview parue en 1974, déjà.
C’est qu’on oublie que cet homme inspiré signe des chorégraphies depuis 40 ans environ. On l’oublie parce que Béjart possède une ardeur artistique étonnante qui abolit le temps. Il y a en lui un soleil permanent qui lui vient de ses lectures et illumine ses pièces.
Donc, l’interview de Lire. Il y affirme: «La poésie a toujours été présente dans ma vie parce qu’elle tient compte dans une certaine mesure du corps, elle tient compte du rythme, de la respiration, de la musicalité…»
Dans les oeuvres des poètes, Béjart a souvent puisé pour concevoir ses ballets. Il y a eu ainsi René Char, Novalis, Hölderlin. De leur poésie, il a essayé de faire «sa propre substance», comme il dit.
Et Baudelaire est au nombre de ceux que le chorégraphe admire. C’est de lui qu’il s’est inspiré pour sa nouvelle création «La musique souvent me prend comme une mer», donnée à partir du 13 décembre à Lausanne.
La mer, miroir et mirage
Maurice Béjart est un enfant de Marseille. De ses racines méditerranéennes, il a tiré «Thalassa Mare Nostrum» en 1982. Aujourd’hui, il revient sur le thème en en faisant résonner encore plus les vibrations. En plaçant aussi sur la crête des vagues ces mots de Baudelaire: «Homme libre. Toujours tu chériras la mer».
Miroir et mirage, la mer est également visage de femme pour Béjart qui joue ici sur la sémantique et en révèle les sonorités au public.
Et comme le chorégraphe affectionne les leitmotivs, il présentera en même temps que «La Mer» deux spectacles dont il connaît bien la matière pour l’avoir déjà traitée: «Iokanaan» et «Serait-ce la mort?».
Le premier, un nouveau solo interprété par le danseur Gil Roman, revient sur la figure de Saint Jean Baptiste esquissée jadis dans «Salomé». Quant au deuxième, il est réglé sur les quatre derniers lieder que Richard Strauss a composés à Montreux un an avant son décès.
Il y est question d’un homme qui, à la veille de sa disparition, revoit quatre femmes aimées tour à tour.
Signalons enfin le Gala de fin d’année que Béjart donnera le 22 décembre, et qui s’annonce comme un feu d’artifice laissant vibrer quelques-unes des meilleures pièces du maître.
swissinfo, Ghania Adamo
«La musique souvent me prend comme une mer», suivi de «Iokanaan» et «Serait-ce la mort», du 13 au 21 décembre.
Gala de fin d’année, le 22 décembre. A Lausanne, Salle Métropole.
Tél: 021 641 64 80.
– C’est en 1987 que le chorégraphe marseillais a dissout le «Ballet du XXe siècle», à Bruxelles, pour s’installer à Lausanne et y créer le Béjart Ballet Lausanne.
– Depuis 1992, le BBJ est complété par l’Ecole-Atelier Rudra. Quant à la «Compagnie M», compagnie junior créée en 2002, elle cessera ses activités à la fin de l’année.
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