La Ribot, son corps d’elfe et son art brut
La chorégraphe espagnole, étoile montante de la danse contemporaine, est l'invitée du festival de La Bâtie.
A Genève, elle ouvre ce soir le programme chorégraphique et donne en création «40 Espontaneos». A voir au Théâtre de Carouge.
Une silhouette longiligne, des cheveux couleur feu, des yeux émeraude et une grâce dans la démarche donnent à son corps d’elfe une force de séduction immédiate qu’elle exploite avec son interlocuteur, comme sur scène.
On l’avait rencontrée l’an dernier à Genève où elle était l’invitée du festival de la Bâtie. Maria José Ribot, dite La Ribot, mettait en chantier «40 Espontaneos». Un projet soutenu par le festival et qui fut alors présenté sous la forme d’un «work in progress».
Pour son édition 2004, La Bâtie réinvite donc La Ribot qui revient avec ses «40 Espontaneos», travail chorégraphique cette fois achevé, donné en création et en ouverture du festival.
Exprimer un état brut
D’origine espagnole, La Ribot (42 ans) vit à Londres avec son mari le chorégraphe lausannois Gilles Jobin, très apprécié lui aussi par le public de la Bâtie. Il y avait créé l’an dernier un mémorable «Two-Thousand-And-Three».
Le couple brille aujourd’hui dans le firmament de la danse contemporaine. Et pour cause… il a su (avec quelques autres chorégraphes, comme Xavier Leroy, lui aussi présent à la Bâtie) prêter à la danse un nouveau langage.
Pour ces artistes, danser ce n’est plus donner forme à un sentiment. Mais c’est exprimer un état brut (pleurer, rire, courir…), comme dans un «reality-show» où gestes et déplacements se font sans préparation préalable.
Sensible à ce nouveau langage, la Bâtie suit donc de près le travail de La Ribot, son évolution aussi.
Dans les années 90, l’Espagnole avait développé le concept de «Pièces distinguées» en chorégraphiant pour elle 34 soli, qu’elle a interprétés en plusieurs étapes. Travail solitaire donc où elle mettait en jeu sa propre nudité.
«Plus tard, dit-elle dans un entretien, j’ai éprouvé le désir de prendre de la distance avec moi-même, de m’éloigner de mon propre corps».
40 Espontaneos
Dans «40 Espontaneos», elle se tourne vers une danse collective où elle convie sur scène 40 interprètes amateurs qu’elle a recrutés par annonce.
«Un espontaneo», explique-t-elle, est, dans le langage de la tauromachie, une personne qui saute dans l’arène, vole la vedette au torero (…) et ajoute un supplément de danger à la célébration».
Une fois la scène devenue arène, donc, les corps se soumettent aux aléas de la spontanéité. Ici, rien n’est calculé d’avance. Rien n’est organisé selon des normes artistiques connues. La danse devient ainsi reflet d’un réel saisi dans son expression la moins apprivoisée.
swissinfo, Ghania Adamo
«40 Espontaneos», à voir dans le cadre du Festival La Bâtie, à Genève.
Au Théâtre de Carouge, les 26 et 27 août.
Tél: 022.738.19.19.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.