La Suisse aide les Palestiniens à faire du cinéma
Favoriser l’émergence d’un cinéma palestinien. C’est l’objectif du premier festival du film de Ramallah en Palestine.
C’est également le but du nouveau Centre de compétence pour la politique étrangère culturelle qui pilote une forte présence suisse dans ce festival.
«C’est le premier projet sorti tout frais du Centre de compétence», se réjouit son responsable Nicolas Bideau.
La participation suisse au festival de Ramallah est en effet emblématique du rôle que cette nouvelle section du ministère suisse des Affaires étrangères (DFAE) entend jouer à l’avenir
«Nous nous sommes réparti les tâches avec Pro Helvetia, l’organisme chargé de la promotion culturelle de la Suisse à l’étranger», explique Nicolas Bideau.
Selon ce haut-fonctionnaire du DFAE, Pro Helvetia garde la haute main sur les événements à caractère purement artistique.
Politique et culture
Pour sa part, le centre dirigé par Nicolas Bideau prolonge les initiatives politiques lancés par le DFAE par une action culturelle.
En l’occurrence, la présence suisse à Ramallah découle directement de l’Initiative de Genève, ce plan de paix virtuel signé par des Palestiniens et des Israéliens de bonne volonté en décembre dernier sur les bords du lac Léman.
Activement soutenus par la diplomatie suisse, ces porteurs de paix veulent provoquer un débat au sein des populations israéliennes et palestiniennes.
«La société civile est donc au centre de cette initiative. Raison pour laquelle la cheffe de la diplomatie suisse la soutient, souligne Nicolas Bideau. J’ai donc cherché à inclure les milieux artistiques à ce débat et c’est là que je suis tombé sur Nicolas Wadimoff.»
Une rencontre déterminante
En effet, ce réalisateur suisse tourne actuellement un documentaire sur l’Initiative de Genève. «Lors de l’un de mes multiples repérages dans la région, raconte Nicolas Wadimoff, j’ai rencontré Adam Zuabi, le directeur du festival du film de Ramallah. J’ai ensuite pu convaincre Nicolas Bideau d’engager la Suisse dans cette aventure.»
Résultat: plusieurs films suisses seront projetés dans la ville palestinienne, comme ‘Notre musique’, le dernier opus de Jean-Luc Godard (offert au festival par le cinéaste suisse et sous-titré en arabe par l’historien palestinien Elias Sambar).
Il y aura aussi ‘La bonne conduite’, de Jean-Stéphane Bron, ‘Mondialito’, de Nicolas Wadimoff ou ‘War photographer’, de Christian Frei.
«Ces projections seront accompagnées d’un débat en présence de réalisateurs suisses. Notre but est de montrer des films inscrits dans une réalité sociale et politique, sans être militants au sens étroit du terme», explique Nicolas Bideau.
Sortir de l’actualité
Cette perspective est également celle d’Adam Zuabi. «Mon festival cherche à développer chez les jeunes réalisateurs palestiniens une approche personnelle et artistique. Nous sommes en effet submergés de films politiques», déclare le directeur du festival dans les colonnes du quotidien israélien Haaretz.
De son coté, Nicolas Wadimoff assure que de nombreux apprentis cinéastes palestiniens rêvent de tourner des œuvres personnelles. Mais, faute de producteurs, ces rêves s’évanouissent.
«Le seul moyen qu’ils ont de tourner est de s’engager comme cameraman pour l’un des nombreux médias qui couvre la région», ajoute le cinéaste genevois.
Selon lui, «il n’y a quasiment pas de films palestiniens, alors que c’est la région du monde où l’on tourne le plus d’images.»
Le festival de Ramallah, premier du genre organisé dans les territoires palestinien, veut donc corriger ce paradoxe.
Une aide suisse à la formation
Pour ce faire, la coopération suisse finance des ateliers de cinéma documentaire à Ramallah. Un apprentissage d’une année soutenu également par Visions du réel, le festival documentaire de Nyon.
Mais Nicolas Wadimoff, lui, travaille déjà à une collaboration plus profonde. Il cherche en effet à convaincre des producteurs suisses de financer des films réalisés par des Palestiniens de l’intérieur.
«Aujourd’hui, seuls les Palestiniens de la diaspora ou ceux qui ont la nationalité israélienne comme Elie Suleiman (primé à Cannes) ont la capacité de tourner», conclut Nicolas Wadimoff.
swissinfo, Frédéric Burnand à Genève
La participation suisse au festival de Ramallah est pilotée par le Centre de compétence pour la politique étrangère culturelle qui dépend du DFAE.
Le budget de cette opération tourne autour de 180’000 francs, y compris les ateliers de formation.
Le centre culturel du DFAE envisage une opération similaire en Israël.
– Le 1er Festival international du film de Ramallah se tient du 8 au 14 juillet.
– Quelques 80 films seront projetés, dont 20 œuvres helvétiques
– Le festival a reçu le soutien du DFAE, de Swissfilms et du festival Visions du réel.
– La Grande Bretagne, l’Italie et l’Espagne ont également apporté une grosse contribution au festival.
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