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La Suisse s’engage à renforcer la protection de ses sites classés à l’Unesco

L’année dernière, les spectaculaires vignobles en terrasses de Lavaux ont été au cœur d’une bataille opposant écologistes et viticulteurs quant aux limites du développement autorisé sur un site classé à l’Unesco. swiss-image.ch/Marcus Gyger

La Suisse compte 11 sites classés au patrimoine mondial de l’humanité sur son territoire. Mais elle ne saisit pas encore la pleine mesure de cette richesse culturelle et les efforts de conservation que cela nécessite, avertit un responsable suisse de l’Unesco.

Malgré sa petite taille, la Suisse peut s’enorgueillir d’avoir 11 sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Parmi eux, les vignobles en terrasses de Lavaux, la vieille ville de Berne ou encore l’abbaye de Saint-Gall. «Mais ce n’est pas uniquement une série de onze pièces de musée», affirme Jean-Bernard Münch, président de la Commission suisse pour l’UnescoLien externe, l’organisation onusienne spécialisée dans l’éducation, la science et la culture.

Deux cents représentants de la Confédération, des cantons, des associations et du secteur touristique ont signé lundi à Berne une charte visant à superviser les sites classés au patrimoine mondial de l’humanité en Suisse. La sensibilisation pour cet héritage «progresse» parmi la population, mais Jean-Bernard Münch admet que «la plupart des gens ne savent pas vraiment de quoi il s’agit».

S’assurer que «chaque Suisse est familier et fier» des sites suisses classés à l’Unesco n’est que l’une des mesures que le président de la commission entend mettre en avant. La nouvelle charte n’a rien de révolutionnaire, mais elle vise à s’assurer que toutes les personnes concernées travaillant dans le domaine «sont sur la même longueur d’onde», selon Jean-Bernard Münch.

1000 sites dans le monde

«Il est souvent extrêmement complexe de gérer les sites et c’est utile de mettre les choses sur le papier. Dans le passé, la gestion était relativement dispersée et autonome et les sites ont souffert de cet isolement», relève-t-il, en ajoutant qu’il n’y a pas de législation spécifique en Suisse pour encadrer ces sites.

Depuis la création du label «patrimoine mondial» en 1972, la liste de l’UnescoLien externe s’est constamment allongée. Elle comprend désormais plus de 1000 sites dans 161 pays. Les 191 pays de la planète ont ratifié la Convention concernant la protection du patrimoine mondial culturel et naturel. La Suisse l’a fait en 1975 et a rejoint la liste en 1983 avec la vieille ville de Berne, l’abbaye de Saint-Gall et le Couvent bénédictin Saint-Jean à Müstair, dans les Grisons.

L’année dernière, les spectaculaires vignobles en terrasses de Lavaux, qui ont rejoint la liste dans la catégorie «paysage culturel» en 2007, ont été au cœur d’une bataille opposant écologistes et viticulteurs quant aux limites du développement autorisé sur un site classé à l’Unesco. En mai 2014, une majorité de votants ont finalement rejeté une initiative appelant à une réglementation plus stricte en matière d’urbanisme.

Jean-Bernard Münch estime que cette votation est symptomatique de l’incompréhension entourant les sites de l’Unesco et la protection dont elles sont censées bénéficier. «La convention internationale ne vise pas à ancrer les choses dans le marbre. L’Unesco est consciente que ces sites doivent être protégés, soumis à des mesures de recherche et de conservation, mais qu’ils doivent également évoluer avec les personnes qui y vivent», avance-t-il. «Lavaux n’est pas un simple paysage, c’est un espace rural bâtit par les vignerons locaux. S’il n’y avait plus de vignerons, il n’y aurait plus Lavaux. Les deux vont de pair».

Patrimoine culturel immatériel

La liste suisse du patrimoine mondial de l’Unesco s’est enrichie au fil du temps. En 2011, 56 sites palafittiques préhistoriques proches du lac de Neuchâtel ont été inscrits à l’Unesco. Un autre projet international, qui concerne l’architecte suisse Le Corbusier, est dans l’attente d’une décision officielle.

D’après Jean-Bernard Münch, il n’y a pour l’heure pas d’autre site suisse qui entre en considération, mais l’Office fédéral de la culture est désormais «plus ouvert» à de nouvelles candidatures après une période durant laquelle il avait «retiré son pied de l’accélérateur». Outre les onze sites protégés par la Convention concernant la protection du patrimoine mondial, la Suisse envisage de demander un statut de protection spéciale pour ce que l’on nomme le patrimoine culturel immatérielLien externe.

Cette liste pourrait englober le yodel, l’horlogerie, la tradition graphique et typographique helvétique – incarnée par la police Helvetica – ou la Fête des Vignerons à Vevey, célébrée tous les 20 ans. Sont également en lice la saison d’alpage du bétail, les processions de Pâques dans la ville de Mendrisio ainsi que le carnaval de Bâle.

La Suisse devrait prendre une décision finale sur les candidatures qu’elle présentera d’ici la fin du mois. Elle a ratifié la Convention de l’Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en 2008. 

(Traduction de l’anglais: Samuel Jaberg)

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