Les JO de la jeunesse, laboratoire d’essai pour les «vrais» Jeux
Lausanne — la «ville olympique» qui héberge déjà le Comité international olympique (CIO) et le Musée olympique — accueille aussi en ce moment les Jeux olympiques de la jeunesse. De nouveaux sports, un village olympique futuriste et des équipes multinationales sont autant de concepts qui y sont testés grandeur nature.
Les Jeux olympiques d’hiver de la jeunesse (JOJ) 2020 ont lieu à Lausanne ainsi que sur sept sites répartis dans trois cantons et en France voisine. Au total, 1872 athlètes de 15 à 18 ans issus de 79 pays y participent; un record. Huit sports d’hiver et seize disciplines sont présentés: des épreuves traditionnelles comme le hockey sur glace ou le ski alpin, mais aussi quelques nouveautés.
Lausanne 2020 est la 3e édition des JOJ d’hiver, après Innsbruck en Autriche (2012) et Lillehammer en Norvège (2016). Les JOJ ont été conçus comme un moyen de relancer l’intérêt pour les Jeux olympiques et comme une réponse aux préoccupations croissantes concernant l’obésité infantile et la diminution de la participation des jeunes dans les sports.
Les responsables du CIO décrivent les JOJ comme un laboratoire où les fédérations sportives internationales peuvent essayer de nouvelles disciplines et de nouveaux formats, et où les organisateurs peuvent tester de nouveaux concepts qui pourraient être introduits ultérieurement dans les JO.
Parmi les nouveautésLien externe, le public peut découvrir le ski alpinisme dans la station vaudoise de Villars. Cela consiste à gravir des pentes en se déplaçant sur des skis munis de peaux de phoque ou en les portant sur l’épaule, puis à descendre certains secteurs à ski.
Signalons encore comme nouveauté le bobsleigh individuel (monobob) ou des tournois de hockey sur glace à trois contre trois.
Les organisateurs de Lausanne 2020 indiquent qu’il s’agit des premiers Jeux olympiques où il y a une parité totale entre les sexes, c’est-à-dire avec le même nombre de participantes que de participants.
Des épreuves mixtes sont également testées à Lausanne pour le biathlon, le combiné nordique, le curling, la luge, le patinage (artistique, de vitesse et de vitesse sur piste courte), le saut à ski, le snowboard cross, le ski alpin et le ski alpinisme. A Lausanne, des équipes mixtes ont également été mises sur pied pour le hockey sur glace à trois contre trois et le relais de ski alpinisme.
La présidente de Lausanne 2020, Virginie Faivre, insiste sur le fait que les Jeux de Lausanne sont «durables». Ils sont en phase avec l’Agenda 2020, la stratégie de réforme du CIO visant à réduire les budgets et la complexité des Jeux olympiques par le biais de candidatures multisites flexibles et de stratégies moins coûteuses basées sur les installations existantes.
Virginie Faivre affirme que rien de nouveau n’a été construit ou rénové pour ces JOJ, qui ont simplement contribué à accélérer les projets existants. Les JOJ 2020 sont par ailleurs restés dans les limites de leur budget de 40 millions de dollars.
Les organisateurs indiquent que 80 % des athlètes et des entraîneurs accrédités ont utilisé des autobus ou des trains pour se rendre du village olympique vers les différents sites.
Des #JOJ2020Lien externe durables? Pas vraiment… Ce dimanche, des membres d'#ExtinctionRebellionLien externe et de la #GrèveduClimatLien externe se sont rendus aux Diablerets lors d’une compétition pour manifester contre cette hypocrisie et rappeler l’urgence climatique. #ClimateEmergencyLien externe pic.twitter.com/ddFL0nRA59Lien externe
— Extinction Rebellion Lausanne (@xrlausanne) 12 janvier 2020Lien externe
Des militants pour le climat tels que Extinction Rebellion Lausanne et la Grève pour le climat Vaud ont néanmoins critiqué l’organisation de Lausanne 2020.
Les températures inhabituellement douces de cet hiver, combinées à un manque de neige et à de fortes pluies, ont nui aux préparatifs. Les organisateurs ont dû attendre quelques jours avant le départ pour confirmer que le lac de St Moritz était gelé et prêt pour les épreuves de patinage de vitesse.
En raison des précipitations de pluies aux Diablerets, la piste de ski a dû être raccourcie de plusieurs centaines de mètres pour permettre aux compétitions alpines de se dérouler. Le manque de neige est également préoccupant sur le site des Grandes-Roches, dans la vallée de Joux, où se déroule le ski de fond.
Les JOJ 2020 sont les premiers Jeux olympiques d’hiver à se tenir en Suisse depuis les JO de St Moritz de 1948. Depuis lors, la candidature la plus aboutie, celle de Sion 2006, n’a pas convaincu le CIO qui lui a préféré celle de Turin. Plus récemment, tous les autres projets se sont échoués sur l’écueil du vote populaire, que ce soit pour des raisons de coûts ou de défense de l’environnement.
Les autorités suisses, désireuses de raviver l’intérêt pour les Jeux olympiques, et les responsables du CIO, soucieux de valider les principes de l’Agenda 2020, croisent donc les doigts pour que tout se passe bien. Virginie Faivre a indiqué que 170’000 spectateurs avaient assisté aux manifestations au cours de la première semaine, dont 65’000 écoliers.
«Les JOJ incarnent l’esprit de l’Agenda 2020, dans le sens où l’événement est adapté à la région et non l’inverse», a déclaré Melina Parent, professeure de gestion d’événements sportifs à l’Université d’Ottawa, dans une récente entrevue accordée au quotidien Le Temps.
S’il est difficile d’imaginer que les grands Jeux s’alignent sur les Jeux de la jeunesse, la spécialiste estime que de nombreuses innovations moins visibles testées à Lausanne, comme les systèmes informatiques et d’accréditation, pourraient être déployées ultérieurement.
(Traduction de l’anglais: Olivier Pauchard)
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.