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Le CERN, un pas dans la direction des arts

Cette installation de l'artiste anglais Antony Gormley a été léguée au CERN en 2009. collide@cern

L’Organisation européenne pour la recherche nucléaire, sise près de Genève, met en route un programme de résidence artistique, Collide@CERN. Son but? Permettre à des artistes de différentes disciplines de s’inspirer de la science pour créer une œuvre.

On ne compte plus les programmes qui orchestrent les rencontres entre les sciences et les arts. Rien qu’en février, deux projets voyaient le jour en Suisse francophone. La Manufacture (Haute Ecole de théâtre de Suisse romande) inaugurait un laboratoire de recherches scéniques en collaboration avec l’EPFL (Ecole polytechnique de Lausanne). Et La Maison d’Ailleurs (Musée de l’imaginaire, Yverdon), vernissait une exposition sur les jeux vidéo, explorant les relations entre le ludique et les nouvelles technologies.

Ces rencontres entre les sciences et les arts, deux domaines que tout sépare apparemment, obéissent-elles à un effet de mode ou sont-elles une nécessité? «Une nécessité bien sûr», répond Ariane Koek, Britannique, cheffe du service Développement des arts au CERN. Il faut dire que le CERN  (Organisation européenne pour la recherche nucléaire) s’y est mis lui aussi, faisant un pas dans la direction des arts.

Ariane Koek a lancé en 2011 Collide@CERN. Ce programme de résidence artistique comprend deux volets, l’un réservé aux arts numériques, l’autre à la danse. Il vient de démarrer avec la désignation des deux artistes en résidence.

Partenariats internationaux

Collide@CERN s’étale sur trois ans, de 2012 à 2015. « Le volet arts numériques consacre chaque année un artiste choisi à la suite d’un concours international, explique Ariane Koek. Ce concours, nous l’organisons avec Ars Electronica, l’une des plus prestigieuses institutions au monde, sise à Linz (Autriche), spécialisée dans les arts numériques. La réussite de notre programme passe par des partenariats internationaux. J’en envisage d’autres d’ailleurs à partir de 2015, une fois le programme actuel terminé».

Plus local est en revanche le volet danse qui se déploie sous l’intitulé Collide@CERN Geneva Prize. Pourquoi Genève ? « Parce que c’est le Canton et la Ville qui subventionnent ce Prix, répond Ariane Koek. Attribué suite à un concours, il distingue un artiste  qui habite ou travaille à Genève. C’est une condition à remplir si l’on veut être sélectionné».

Gilles Jobin et Julius von Bismarck

Les noms des lauréats, désignés à la suite des deux concours, viennent d’être révélés: Julius von Bismarck pour les arts numériques, et Gilles Jobin pour la danse. Le premier, 28 ans, est un vidéaste allemand, également concepteur d’objets et d’installations. Le second, 47 ans, chorégraphe suisse de renommée internationale, a déjà mené une expérience au CERN qui a donné naissance, en 2011, à l’une de ses pièces, «Spider Galaxies».

Gilles Jobin sera donc en résidence au CERN pour une durée de trois mois. Le Geneva Prize court sur trois années. Les disciplines artistiques changent d’année en année. Celle de 2013 n’est pas encore déterminée.

Le financement du programme n’est pas assuré par le CERN. Concernant les arts numériques, des donateurs privés apportent leur aide. Le CERN, lui, offre ses expériences aux artistes lauréats qui font équipe avec un scientifique. Julius von Bismarck, par exemple, aura comme mentor le physicien James Wells. Il passera deux mois au CERN, suivis d’un mois de résidence à Ars Electronica où il pourra réaliser l’œuvre que lui aura inspiré son séjour genevois.

Réunir les savoirs

«Ce que je souhaite, confie Ariane Koek, c’est faire du CERN un laboratoire de l’imagination. Longtemps, l’Europe a séparé  les deux savoirs : art et science. Ce n’est que depuis le années 1960 qu’elle s’intéresse vraiment à leur rapprochement. Elle a compris qu’il y avait là une nécessité dont parlent d’ailleurs des personnalités internationales comme Eric Schmidt, président exécutif de Google. Pour ce dernier, effacer les frontières entre les deux savoirs, c’est créer une culture de l’innovation».

 

Pas question pour autant de faire de la science un instrument pour l’art, ou de l’art un instrument pour la science. «Le bien nommé Collide@CERN permet une collision entre les deux domaines, mais cette collision doit rester totalement libre», conclut Ariane Koek.  

Ce programme de résidence artistique s’étend sur  3 ans, de 2012 à 2015.

Il comprend deux volets, l’un consacré aux arts numériques, l’autre aux arts de la scène.

Le volet numérique a été conçu en partenariat culturel avec Ars Electronica, institution autrichienne de renommée internationale, sise à Linz.

Les candidats à la résidence artistique sont sélectionnés à la suite d’un concours international.

Le volet arts scéniques est subventionné par le Canton et la Ville de Genève.

Les candidats à la résidence artistique sont sélectionnés à la suite d’un concours. Condition à remplir: être né à Genève, y habiter ou y travailler.

Fondé en 1954, le Conseil européen pour la recherche nucléaire (CERN) est l’organisme qui gère le Laboratoire européen de physique des particules, installé à la frontière franco-suisse, près de Meyrin (Genève).

– Plus grand laboratoire de ce type au monde, le CERN est aussi le cœur d’un réseau de quelques 500 universités de 80 pays. 6500 chercheurs ont accès à ses installations, ce qui représente la moitié des physiciens des particules de la planète.

– C’est pour échanger des informations à l’intérieur de ce réseau que les informaticiens du CERN ont inventé au début des années 90 le world wide web.

– Pour traiter les immenses quantités de données que fournira son nouvel accélérateur de particules (le LHC) à partir de 2007, le CERN est en train de construire un réseau de type nouveau, nommée grid, qui sera le calculateur le plus puissant du monde.

– Les technologies inventées ou mises au point au CERN se retrouvent aujourd’hui en médecine, dans l’industrie, dans la protection de l’environnement, le génie civil ou l’archéologie, pour ne citer que ces domaines.

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