Le départ d’André Dosé était inévitable
La presse suisse est unanime. La démission du patron de Swiss est logique et inéluctable.
Au lendemain de l’annonce du départ d’André Dosé, les éditorialistes s’interrogent sur l’avenir de la compagnie aérienne.
«André Dosé lâche les commandes», «Swiss sans capitaine», «André Dosé s’éjecte de Swiss»,… Les métaphores ne manquent pas dans les grands titres de jeudi pour évoquer le départ du patron de la compagnie aérienne nationale.
Une démission qui se fait par la petite porte dans 24 Heures. Sous la plume du dessinateur Bürki, André Dosé quitte l’avion par la cage du train d’atterrissage, s’emparant au passage de la roue, une roue transformée en monocycle à l’équilibre instable.
«André Dosé a sauté de l’avion en vol, reste à lui souhaiter d’avoir su négocier un parachute en or», commente l’éditorialiste de La Liberté, qui souligne encore que «Dosé a toujours été sur un siège éjectable».
Swiss a laissé tomber André Dosé, surenchérit le Blick. «A la fin, le voilà planté là tout seul», lit-on dans le journal de boulevard.
Sous pression
Pour l’ensemble de la presse suisse, cette démission est la conclusion logique de l’histoire. Il s’agit d’une décision «courageuse, mais inévitable», constate la Neue Luzerner Zeitung.
Le patron de Swiss était sous pression depuis le ‘grounding’ de Swissair. A cela est venue s’ajouter la décision du Ministère public d’ouvrir une procédure pénale contre les anciens dirigeants de Crossair dans l’affaire du crash de Bassersdorf.
André Dosé devra répondre de négligences qui ont indirectement coûté la vie à 24 personnes.
«Difficile, dès lors, d’assumer simultanément des fonctions dirigeantes dans une autre entreprise, en particulier lorsque cette société s’appelle Swiss», remarque l’éditorialiste de La Tribune de Genève.
Le Temps estime que, malgré tout, «André Dosé part la tête haute. La justice établira sa part de responsabilité (…) Quoi qu’elle décide, reconnaissons au patron démissionnaire de Swiss le mérite d’avoir réglé proprement et efficacement la question cruciale de la sécurité au lancement de la nouvelle compagnie.»
L’avenir de Swiss
«La démission d’André Dosé est unanimement qualifiée d’acte responsable par les acteurs touchant au dossier, constate pour sa part 24Heures. Toutefois, elle survient au mauvais moment, celui où la compagnie aérienne commence à redresser le cap.»
Pour la Neue Zürcher Zeitung (NZZ), les chances de survie de Swiss sont sérieusement compromises par la résignation trop rapide de son patron.
Sévère, la Tribune de Genève condamne André Dosé. «Dépassé par l’ampleur de la tâche, il n’a pas pu relever le défi de rendre profitable son entreprise. Reste à savoir maintenant qui en aura les compétences. Et surtout le courage.»
«Si elle a réduit sensiblement sa perte en 2003, Swiss reste en effet fortement déficitaire, poursuit l’éditorialiste. Ses taux d’occupation ne sont guère brillants. Sa stratégie ne convainc pas. Le patron ad intérim Pieter Bouw va décidément devoir déployer des trésors d’intelligence s’il veut dénicher la perle rare capable de sauver notre compagnie nationale.»
swissinfo, Alexandra Richard
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