Le Festival de la BD de Sierre disparaît
Le Festival international de la Bande dessinée de Sierre s’éteint à l’âge de 21 ans. La commune a décidé de couper ses subventions.
Les élus de Sierre (VS) ont estimé qu’au terme de l’édition 2004, la viabilité financière de la manifestation n’était pas assurée. Les responsables du festival sont consternés.
La commune valaisanne de Sierre a décidé unilatéralement de rompre, en cours d’exercice, la convention de cinq ans signée en janvier 2004 avec le festival.
«Le festival est fragile et inapte à mobiliser les fonds nécessaires au maintien de ses nombreuses activités», a déclaré mercredi le président de la commune, Manfred Stucky.
Ce dernier a toutefois précisé que cette décision n’avait pas été prise «de gaieté de cœur».
Sauvé en 2003
Depuis plusieurs années, le festival de BD connaît des difficultés financières au point qu’à fin 2003, sa situation était critique.
La commune de Sierre était alors intervenue pour sauver la manifestation, en déficit de 230’000 francs, en lui octroyant un versement extraordinaire de 400’000 francs.
De plus, le subside communal annuel accordé à la manifestation était passé de 186’000 francs à 310’000 francs, soit près du quart du budget total de la manifestation (1,4 million).
En contrepartie, le festival devait retrouver une assise financière saine. «Or le redressement attendu n’a pas été réalisé», estime Manfred Stucky.
2004, année «test»
L’an 2004 était une année «test» au cours de laquelle les bénéfices du festival auraient dû dépasser 100’000 francs, précise pour sa part Marcel Rauch, président du comité de gestion créé pour contrôler les activités du comité de la BD.
Le festival a bouclé sur un bénéfice, estimé insuffisant, de 15’000 francs. De plus, l’édition 2005 ne s’annonçait pas sous les meilleurs auspices, ont encore estimé les responsables communaux. A lui seul le budget sponsoring était en chute de plus de 50%.
Arrêt de mort
«Il est évident que sans le soutien de la ville de Sierre, l’arrêt de mort du festival est prononcé», relève pour sa part le président du festival BD, Charly Quinodoz.
Consterné, ce dernier déplore que le festival s’éteigne après avoir enregistré son meilleur bilan financier depuis dix ans. Il regrette également que cette décision intervienne alors que le festival 2005 est déjà sur les rails.
Le programme des expositions était en effet planifié, les concours traditionnels devaient démarrer la semaine prochaine et certains contrats de sponsoring étaient en passe d’être signés.
‘Dédommagements’
Compte-tenu de la rupture inopinée de la convention de cinq ans, le festival bénéficiera du soutien de la commune pour pouvoir honorer les engagements pris à ce jour pour 2005.
En outre, la ville de Sierre devra encore assumer le remboursement à la Confédération d’un crédit LIM de 62’000 francs accordés avec sa caution.
La commune contribuera également à l’élaboration d’un plan social qui devrait permettre aux quatre personnes salariées par le festival de retrouver plus facilement un emploi. La manifestation fonctionnait grâce au soutien de nombreux bénévoles.
Nombreux visiteurs
La mort du festival BD de Sierre met fin à une manifestation qui rayonnait bien au-delà des frontières valaisannes.
Chaque année, plus de 40’000 personnes affluaient notamment de toute la Suisse romande. Pour ses 20 ans en 2003, le festival avait battu tous les records d’affluence en accueillant 50’000 visiteurs.
Le dernier directeur du festival international de la bande dessinée de Sierre Pierre-Alain Hug avait été nommé en septembre 2003. Il avait alors déclaré qu’il considérait ce poste comme un défi.
«Je savais que le festival connaissait des difficultés financières mais sans en connaître l’ampleur», avait-il alors observé.
swissinfo et les agences
Le festival attirait plus de 40’000 personnes chaque année.
Pour ses 20 ans, en 2003, il avait battu tous les records d’affluence en accueillant 50’000 visiteurs.
Cette année-là, la commune de Sierre avait dû intervenir pour sauver la manifestation, en déficit de 230’000 francs.
En 2004, le festival a bouclé sur un bénéfice, estimé insuffisant, de 15’000 francs.
– Le festival est dépositaire du fond Hugo Pratt, créateur de Corto Maltese, groupant 17’500 ouvrages qui ont servi de source d’information à l’auteur.
– Il est également propriétaire d’une collection de quelque 10’000 bandes dessinées.
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