Le Komball, une ‘success story’ helvétique
Avec le DVD «Master the Ball», le Genevois Jean-Luc Veuthey crée une encyclopédie du foot «freestyle» et déclenche un phénomène de mode en France.
Doux rêveur, ce musicien a commencé à filmer des figures de jonglage pour faire plaisir à son fils. Son DVD et sa ligne d’habit font aujourd’hui un carton dans les banlieues de l’Hexagone.
«En France, 125 000 exemplaires ont été mis en vente le 26 juin. Deux jours plus tard, il fallait déjà en presser d’autres en catastrophe».
Quelques mois plus tard, les ventes de DVD se comptent par centaines de milliers. Ni Jean-Luc «Laser» Veuthey, le créateur suisse du komball, ni aucun de ses partenaires ne s’attendaient à un tel succès.
«J’ai fait ça pour aider mon fils, Léo, à progresser en jonglage», se souvient ce père attentionné.
Ici, pas d’entraîneur irascible, pas de contacts physiques, pas de compétition ni même de stade. Juste des figures de jonglage. Le ballon est le même que dans les matches traditionnels. Les jeunes se filment avec les téléphones mobiles, se racontent les «tricks», les figures, et passent des heures à s’entraîner entre copains.
Une ambiance urbaine
Le DVD «Master the Ball» a été réalisé dans une ambiance urbaine et banlieusarde française.
«Comme nous n’avions pas d’argent, nous avons tourné le premier film dans la zone industrielle de Strasbourg». Six footballeurs, de 10 à 48 ans, y enchaînent clips et démonstrations. Mais la clé du succès réside dans la centaine de tricks immortalisés par les caméras, le bouche-à-oreille et les innombrables blogs qui se sont emparés du phénomène.
Musicien dans les années 70 au sein du groupe rock genevois Technycolor, Jean-Luc Veuthey est rapidement devenu professionnel de la musique. Il a ensuite roulé sa bosse dans tous les styles, de Charles Aznavour aux «jingles» d’émissions de télévision.
Il attache une importance particulière à la bande son. «Je pense que la musique est le vecteur principal de la culture foot. Et la musique du foot est forcément une sorte de world music».
L’ombre du reggae
Si le premier DVD nous joue une sorte de reggaeton. La production s’est, cette fois, offert les services des Jamaïcains Sly et Robbie (Gainsbourg, Peter Tosh, Wailers, Rolling Stones, Sting). Du coup, le second opus s’annonce «encore un peu plus reggae».
Outre la bande son des DVD, Jean-Luc Veuthey a également signé chez Sony pour produire un disque de «musique foot» par année. Parallèlement, une gamme de fringues «adaptées» est en distribution en France. Même un ballon «indestructible», construit dans la même matière que les pneus de vélo, a été créé.
Parfois, Jean-Luc Veuthey se pose la question de créer un vrai sport «komball» avec des règles propres. «Un petit pont, une belle passe acrobatique, pourraient valoir plus qu’un but».
Mais la création et l’application de règlements, on l’aura compris, ne sont pas le point fort de l’ancien musicien: «C’est vite l’embrouille avec ses trucs». Reste que Karim, Amadou, Tafa Djiminho, Jno, Jéronimo et Léo, jongleurs anonymes jusque-là, sont désormais devenus des bêtes de studio télé.
Des horizons nouveaux
Début novembre, le père du komball était en tournée dans la banlieue d’Orléans. Il y mesurait le succès grandissant de sa création. «Ca m’a fait quelque chose de voir tous ces gosses porter les habits que nous avons créés. C’était impressionnant!»
Evadé d’un stade officiel, dont Veuthey critique parfois «la sévérité, l’austérité et le manque de formation des éducateurs», le foot a retrouvé le chemin de la rue.
Comme son cousin urban ball, qui oscille entre foot, basket et danse, le komball ouvre des horizons nouveaux aux amateurs de ballon rond.
swissinfo, Pierre-Antoine Preti/30 Degrés magazine
Le premier DVD «Master the Ball» est d’ors et déjà un succès. Jean-Luc Veuthey en concocte un second à paraître en mars 2007.
Cette fois-ci, l’équipe de tournage s’est payé quelques déplacements européens, comme le rassemblement techno de la Love Parade de Berlin et les Ramblas de Barcelone.
Les tournages se sont déroulés de manière improvisée avec la caméra à l’épaule. Mais ces méthodes de tournage spontanées ont leurs limites puisque de multiples interpellations de la police espagnole ont émaillé les séquences.
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