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Le «Mondial», d’Yverdon à Paris

La Suisse version "Mondial". Détail de l'affiche. CCS

Le concept inventé par Martin Hess lors d’Expo.02 vit une étonnante renaissance au Centre culturel suisse de Paris.

En musique, en sons et en images, Michel Ritter, le directeur du CCS, persévère dans sa démarche interdisciplinaire. Interview.

Les nuits d’Expo.02 ont eu deux épicentres: le «Cargo», à Neuchâtel, haut-lieu des musiques électroniques et de la fête tendance trépidante. Et le «Mondial», à Yverdon-les-Bains, un lieu conçu par Martin Hess, l’ancien manager de Stephan Eicher.

Le «Mondial»: ses musiques venues des quatre coins du monde, ses objets hétéroclites, sa gastronomie tous azimuts… bref, une illustration chaleureuse du «village planétaire».

swissinfo: Le «Mondial» au CCS de Paris, c’est une retombée inattendue d’Expo.02…

Michel Ritter: Dans le cadre d’Expo.02, c’est un lieu qui m’a beaucoup touché. Le fait qu’il y ait, dans une exposition nationale, un projet qui parle des différentes cultures. J’ai alors pris contact avec Martin Hess pour lui demander d’étudier la possibilité de redimensionner ce projet pour le Centre culturel suisse.

swissinfo: Des souvenirs personnels au «Mondial» d’Yverdon?

M.R.: J’y ai passé beaucoup de soirées, j’y ai vu pratiquement tous les groupes qui y ont été présentés. J’ai beaucoup aimé cette façon d’aborder les différentes cultures aussi bien par la musique que par le côté gustatif ou visuel, car il y avait les trois éléments.

L’ouverture au monde

swissinfo: Cela rejoint effectivement l’une de vos préoccupations, l’interdisciplinarité

M.R.: Oui, c’est le grand sujet. On essaie également de trouver des liens entre les différentes cultures, et aussi par rapport à la nôtre. Que ce soit à Paris ou en Suisse, on a affaire à beaucoup de gens qui viennent de cultures différentes. C’est important d’essayer de s’approcher de ces différentes cultures pour essayer de les comprendre et de les accepter. C’est une question d’ouverture au monde.

swissinfo: Vous vous positionnez à l’encontre de ce qui semble se préciser politiquement dans notre pays avec la montée de l’UDC (Union démocratique du Centre, droite dure)…

M.R.: Evidemment, ce n’est pas mon état d’esprit. Je crois qu’on a besoin de se comprendre entre cultures, et qu’en plus, en Suisse, on a besoin de ces personnes.

swissinfo: Martin Hess est le créateur du concept du Mondial. Comment le décririez-vous?

M.R.: C’est un chercheur. Et quelqu’un qui est très sensible dans plusieurs domaines. C’est pour cela que je voulais lui donner une carte blanche. Il connaît bien la musique, mais aussi les arts visuels et certaines questions ethnographiques. C’est un collectionneur de sons et d’images. Il fait un mélange qui correspond assez bien à l’idée que je me fais de l’Art.

No comment!

swissinfo: Il y a eu pas mal de vagues depuis votre arrivée au Centre culturel suisse de Paris, notamment à cause des oppositions entre vous et le personnel en place. Quelle est actuellement l’ambiance Rue des Francs-Bourgeois?

M.R.: On travaille. En ce qui me concerne et en ce qui concerne l’institution, c’est surtout le contenu artistique qui compte. Et tout le monde travaille dans ce sens.

swissinfo: vous parleriez tout de même de conflit ouvert ou de conflit larvé?

M.R.: Non, je parle d’art et de contenu. C’est cela qui m’intéresse, et c’est pour ça que j’ai été nommé à ce poste. Actuellement, il est plus important de parler du «Mondial», parce que c’est un événement artistique qui peut aussi être un événement à Paris, pour les Parisiens.

swissinfo: Sur le reste, vous n’avez donc pas envie de vous exprimer actuellement…

M.R.: Ce n’est pas que je n’ai pas envie. C’est que le principal, c’est le «Mondial».

Propos recueillis par Bernard Léchot

– Le Centre culturel suisse de Paris, situé dans l’Hôtel Poussepin, 38 Rue des Francs-Bourgeois, propose jusqu’au 14 décembre un «événement» multi et inter-disciplinaire intitulé «Mondial».

– Une carte blanche à Martin Hess, lequel avait développé ce concept sur l’arteplage d’Yverdon-les-Bains lors d’Expo.02, et avait fait du «Mondial» l’un des lieux les plus vivants et chaleureux de la manifestation.

– Au programme, moult objets issus des collections de Martin Hess, des images en mouvement ou non (vidéos de Marianne Müller, installations de Daniel Affolter, photographies du Malien Segu), des concerts (musiques de différents horizons), du théâtre.

– Sans oublier le cinéma, avec notamment une participation du Festival international de films de Fribourg (20.11) et des Journées cinématographiques de Soleure (3.12).

– Michel Ritter, le directeur en fonction depuis septembre 2002, vit à Paris une situation troublée, notamment à cause du conflit qui l’oppose aux collaborateurs qui étaient en place à son arrivée.

– La Fondation Pro Helvetia, dont dépend le Centre, a renouvelé sa confiance à Michel Ritter en mai dernier, tout en constatant chez lui des carences en matière de gestion.

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