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Le Musée national réinvente l’exposition d’histoire

Landesmuseum Zürich

Ce 1er août, l'aile rénovée du Musée national suisse à Zurich ouvrira avec deux nouvelles expositions permanentes. Les conservateurs, architectes et scénographes ont réussi à allier plaisir des yeux et sens didactique, grâce à des axes historiques pertinents et novateurs.

C’est un événement: en 111 ans, le Musée national suisse n’avait revu la présentation de ses collections permanentes que trois fois. Dès samedi, 1er août et fête nationale, comme de juste, le quatrième réaménagement sera accessible au public dans l’aile faisant face à la gare, complètement rénovée.

Ou plutôt: «les» réaménagements. Car l’énorme collection du musée (plus de 820’000 objets, une des plus importantes du genre) fait désormais l’objet de deux expositions permanentes.

«Les collections sont le résultat de hasards, a expliqué Andreas Spillmann, directeur des Musées nationaux suisses, lors de la présentation à la presse. Or le hasard génère des lacunes. Nous avons voulu offrir une vue la plus globale possible, sur l’histoire suisse d’une part, sur notre activité de collection d’artisanat d’art d’autre part.»

Soutenue par un conseil d’experts scientifiques, la commissaire de l’exposition historique Pascale Meyer et son équipe ont défini, «durant un très long travail préparatoire durant lequel des dizaines d’idées ont été écartées», dit-elle – quatre thèmes permettant de raconter la Suisse de l’origine à nos jours.

«Pas pour provoquer»

Les thèmes heurteront-ils les sensibilités attachées à la défense de la Suisse en tant que «Sonderfall» ayant construit son succès tout seule? «Loin de nous l’idée de provoquer le public, précise l’historienne, nous montrons ce qui est. Le choix de thèmes est une aide à la découverte.»

L’ouverture se fait sur les questions d’immigration, sous l’étiquette «Personne n’a toujours été là», qui montre que le premier étranger de Suisse était africain et qu’il est arrivé il y 100’000 ans. Suivent la religion («Foi, application et ordre»), la politique («La concordance passe par le conflit») et l’économie («La Suisse devient riche à l’étranger»).

Espace dynamisé

Le choix d’objets, de documents et de tableaux, ne serait rien sans la mise en scène qui les met en valeur. Les architectes qui ont rénové l’aile (Christ & Gantenbein, Bâle), ont rouvert les espaces auparavant découpés, comme la salle des colonnes au rez-de-chaussée. De belles portes en chêne font passer en douceur d’une atmosphère à l’autre.

Les scénographes architectes Holzer et Kobler, de Zurich, ont trouvé des solutions dynamisant l’espace. Ainsi, aux deux étages, des rampes s’élevant progressivement permettent d’augmenter la place disponible mais aussi de jouer avec l’espace. Le visiteur peut se croire dans les perspectives serrées et distordues des décors expressionnistes allemands des années 20.

Le clou: la Roue des mythes

La «roue des mythes» risque fort de devenir le clou de l’exposition. Cette roue noire et rouge, percée d’une quinzaine de fenêtres arrondies, fait tourner des symboles aimés ou abhorrés: arbalète, cloches de vaches, serment du Grütli, etc.

«Nous ne voulions pas une nouvelle fois réduire les mythes en purée, comme cela a été abondamment fait dans les années 80, explique Pascale Meyer. La roue qui tourne montre de façon ludique que les mythes vont et viennent.»

La partie économique est également passionnante. Un meuble à casiers de la Banque nationale, exposé pour la première fois, occupe une pièce consacrée aux banques. Certains coffres sont ouverts.

Avec humour, les commissaires d’exposition y ont placé des cinq francs en chocolat, ou une photo d’un James Bond («Si les banques suisses n’étaient plus fiables, où irait le monde?»), mais aussi la loi sur les banques ou la brochure de l’Association des banquiers sur la lutte contre l’argent sale.

Nouveautés d’éclairage

Au rez-de-chaussée, l’exposition «Galerie des collections» est consacrée aux objets et à l’artisanat d’art. Environ 750 objets sont, là aussi, exposés dans une passionnante scénographie, qui permet d’admirer les œuvres comme rarement – voire jamais.

Ainsi, un nouveau système d’éclairage permet de voir, enfin, les tapisseries, condamnées à la pénombre pendant des siècles pour éviter leur détérioration. Retables, coupes, mais aussi tissus, souliers et pièces d’habillements montrent la qualité du «made in Switzerland» au long des siècles.

Et les montres? Elles sont bien là, mais, avec les machines et la chimie, dans l’exposition sur l’histoire suisse, dans la partie économique montrant que la Suisse est devenue riche grâce à ses exportations.

Ces expositions-là sont promises à un grand succès et à une longue vie. Soit, dans la signification moderne du mot «permanent», entre cinq et dix ans…

Ariane Gigon, Zurich, swissinfo.ch

Le Musée national suisse a été inauguré à Zurich en 1898. Il veille à la conservation et à la médiation du patrimoine culturel matériel suisse.

Le Musée national suisse compte plus de 820’000 pièces d’intérêt historique et culturel de Suisse, de la préhistoire jusqu’au XXIe siècle.

Le groupement des Musées nationaux suisses compte le Forum d’histoire suisse, à Schwyz, le domaine du château Wildegg (AG), la Zunfthaus zur Meisen, à Zurich, le Musée suisse des douanes, à Cantine di Gandria et le Centre des collections à Affoltern am Albis (ZH) et le Château de Prangins (VD), siège romand du Musée national suisse.

L’inauguration des deux nouvelles expositions permanentes marque la fin de la première étape du projet de restructuration du Musée national suisse: l’aile côté gare a été entièrement rénovée, pour 47 millions de francs, avec ses grandes salles à colonnes au rez-de-chaussée et sa salle d’honneur au premier étage.

Les deux expositions se déploient sur une surface de 1200 m2 chacune, la première consacrée aux collections et à leur histoire et la seconde à l’histoire suisse.

Un nouveau bâtiment accueillera les collections d’étude, la bibliothèque et les expositions itinérantes et temporaires. La Confédération est maître d’œuvre. L’ancien bâtiment sera conservé.

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