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Le plus grand vol d’œuvres d’art de l’histoire suisse

Cette toile de Edgar Degas, Ludovic Lepic et ses filles (1871), fait partie des oeuvres dérobées. (شرطة زيورخ)

Trois inconnus sont parvenu dimanche après-midi à emporter quatre tableaux à la Collection E.G. Bührle de Zurich. Ces toiles, signée Van Gogh, Cézanne, Degas et Monet, ont une valeur totale de 180 millions de francs.

Selon la police, il s’agit du plus grand vol d’œuvres d’art jamais perpétré en Suisse et probablement en Europe.

Trois hommes cagoulés, dont l’un au moins était armé, ont fait irruption dimanche peu avant 16h30 dans la collection Bührle, sise dans le quartier du Seefeld à Zurich, a précisé lundi en conférence de presse Marco Cortesi, porte-parole de la police municipale zurichoise.

Dans l’entrée, un homme a menacé des visiteurs et du personnel du musée avec une arme de poing, les forçant à se coucher sur le sol. Au moment des faits, 15 personnes se trouvaient dans le bâtiment, la plupart dans les étages.

Personne n’a été blessé. Pendant que l’un des malfrats tenait en respect les personnes présentes dans le hall, les deux autres décrochaient chacun deux tableaux dans une salle d’exposition du rez-de-chaussée.

Des œuvres encore plus chères se trouvaient dans cette pièce, a relevé Lukas Gloor, directeur de la collection Bührle. Les tableaux emportés sont: «Garçon dans une veste rouge» (1888-1890) de Paul Cézanne, «Marronnier en fleurs» (1890) de Vincent Van Gogh, «Champ de coquelicots près de Vétheuil» (1880) de Claude Monet et «Ludovic Lepic et ses filles» (1871) de Edgar Degas.

Ces œuvres font partie des plus importantes de la collection Bührle et leur valeur totale est estimée à 180 millions de francs, selon Lukas Gloor. Mondialement connues, elles sont invendables sur le marché légal.

En deux à trois minutes

Les voleurs n’ont pas pris d’autres tableaux parce qu’ils ne pouvaient tout simplement pas en porter plus, estime Lukas Gloor. Les toiles soustraites étaient encadrées et sous verre, donc assez lourdes.

Les malfrats ont chargé leur butin dans un véhicule blanc qui se trouvait devant le musée. Ils ont ensuite pris la direction de Zollikon (Zurich). Apparemment, les peintures dépassaient en partie du coffre du véhicule.

La police est arrivée très vite sur place, les tableaux étant assurés par une alarme directement reliée avec la police. Le brigandage s’est déroulé en l’espace de deux à trois minutes, a précisé Marco Cortesi.

La fondation Bührle promet une récompense de 100’000 francs à qui permettra de récupérer les œuvres d’art. La collection a été fermée au public. Jusqu’à nouvel avis, seuls des groupes annoncés pourront la visiter.

Comme à Oslo

Pour Marco Cortesi, la criminalité culturelle a pris une «nouvelle dimension». Cette attaque à main armée, la plus spectaculaire en Suisse jusqu’ici et l’une des plus importantes en Europe, est comparable avec le vol de deux tableaux en août 2004 dans le Musée Munch d’Oslo. «Le Cri» et «La Madone» avaient été retrouvés par la police deux ans plus tard et les auteurs condamnés.

Mercredi dernier deux toiles de Picasso étaient dérobées au Centre culturel Seedamm à Pfäffikon (Schwytz), au bord du lac de Zurich. Les tableaux «Tête de cheval» (1962) et «Verre et pichet» (1944), qui font partie de la collection du Sprengel Museum de Hanovre, ont une valeur de plusieurs millions de francs.

Un lien éventuel entre les deux affaires fait l’objet d’investigations, a noté Peter Rüegger, enquêteur en chef à la police municipale zurichoise.

Sécurité à repenser

En visite officielle à Berlin, le président de la Confédération Pascal Couchepin a regretté le vol qui a eu lieu à Zurich. A la télévision alémanique, le ministre de la culture a déclaré faire entièrement confiance à la police. Il espère que celle-ci retrouvera les auteurs le plus vite possible.

A la question de savoir si les musées devraient améliorer leur sécurité, Pascal Couchepin a répondu: «probablement oui, puisque de telles choses arrivent».

Lukas Gloor a relevé que ce n’est pas un hasard si un tel vol a visé un musée comme le sien, hébergé dans une petite maison relativement isolée. Il s’agit dès lors de revoir la sécurité de la collection et d’autres institutions du même type.

Suite à ce vol, le Centre culturel Seedamm de Pfäffikon, a décidé lundi qu’il fermait définitivement son exposition. Celle-ci venait pourtant de rouvrir. Le Kunstmuseum de St-Gall a annoncé qu’il allait réexaminer son concept de sécurité. Celui de Zurich estime par contre être suffisamment sûr.

swissinfo avec les agences

Le musée de la fondation E.G. Bührle de Zurich, fondée en 1960, abrite l’une des plus importantes collections d’œuvres d’art moderne en Europe.

La collection compte environ 200 tableaux et sculptures, parmi lesquels ont trouve de nombreux chefs-d’œuvre de la peinture impressionniste et postimpressionniste française.

Les objets d’art ont été rassemblés dès 1930 par Emil Bührle, propriétaire de la fabrique de machines et d’armements Oerlikon Bührle.

Durant la Seconde Guerre mondiale, l’entrepreneur avait acheté plusieurs œuvres volées par l’armée allemande dans les pays occupés.

2007: des voleurs s’emparent d’une collection d’œuvres africaines et de toiles de l’artiste allemand Joseph Beuys d’une valeur estimée à 2,4 millions de francs dans une villa de Genève.

2006: huit toiles, dont des œuvres d’Andy Warhol, sont dérobées chez le député Claude Janiak. Valeur estimée: 100’000 francs.

2004: la police valaisanne arrête deux bandes de voleurs qui ont, entre autres, dérobé une peinture de Paul Gauguin. La toile reste introuvable.

2002: le tableau «Jeune femme dans le jardin» de Giacometti est volé dans une collection privée à Borgonovo. La toile refait surface en novembre 2004 à Monza (I).

2002: dix œuvres à thème religieux sont volées dans l’église de Novazzano. Leur valeur est estimée à environ un million de francs. Elles sont retrouvées en juillet à Lecco (I).

Entre 1994 et 2001: l’Alsacien Stéphane Breitwieser dérobe plus de 300 toiles, objets anciens et antiquités dans sept pays, dont la Suisse. Après son arrestation, sa mère jette de nombreux objets dérobés dans le canal du Rhône au Rhin.

2000: une toile de Modigliani est volée dans l’office des poursuites de Genève. Valeur estimée: 50’000 francs.

Entre 1997 et 2000: des voleurs «visitent» à plusieurs reprises la galerie Bollag à Zurich. Sept toiles volées en 1996 réapparaissent en 2000. Leur valeur dépasse les 50 millions de dollars.

1999: une toile de Rembrandt est volée dans le canton d’Argovie. La toile valait environ deux millions de francs.

1999: une toile de Matisse volée en 1997 dans la galerie Koller à Zurich est retrouvée en Allemagne.

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