Le Sénat contre le démantèlement de swissinfo
La Chambre haute du parlement veut elle aussi maintenir l’offre de swissinfo en neuf langues. Elle a accepté jeudi la motion du Tessinois Filippo Lombardi.
Le gouvernement se voit ainsi prié de résister au plan de démantèlement voulu par le Conseil d’administration de SRG SSR idée suisse.
C’est par 19 voix contre 16 que le Conseil des Etats (Chambre haute) a accepté la motion de Filippo Lombardi. Le sénateur démocrate-chrétien, qui est aussi membre de l’Organisation des Suisses de l’étranger et directeur de la chaîne de télévision privée TeleTicino, est monté au créneau pour défendre la cause de swissinfo.
Sa motion vise à maintenir l’offre de swissinfo comme site multilingue et à assurer son financement à raison de 50% à la charge de la Confédération.
En mars, le conseil d’administration de SRG SSR idée suisse avait annoncé vouloir réduire swissinfo à un site Internet en anglais, avec à la clef la suppression de 70 à 80 postes d’ici 2006. Elle avait justifié sa décision en disant vouloir compenser la coupe, dès 2006, des 15 millions de subventions fédérales à swissinfo, qui découle du programme d’allègement budgétaire 2003 décidé par le Parlement.
«Une véritable provocation»
Louant le travail de swissinfo, Filippo Lombardi a dit son incompréhension face à la décision de la SSR, alors que le Parlement venait justement de rappeler l’importance du mandat en faveur des Suisses de l’étranger dans la nouvelle Loi sur la radio et la télévision. Or, le débat sur la loi n’est pas terminé.
Les sénateurs Dick Marty, Peter Briner et Rolf Escher ont fait écho aux propos de leur collègue tessinois. Ils se sont dit choqués de la manière d’agir de la SSR, en marge des débats sur la loi. Ils ont ressenti l’annonce comme «une véritable provocation». C’était, à leurs yeux, une raison déjà suffisante pour adopter la motion.
Tant Peter Briner que Dick Marty ont relevé combien il était important de pouvoir faire connaître les positions de la Suisse à travers le monde. La présence de la Suisse à l’étranger est fondamentale, a souligné le second.
Et de rappeler le mal que la Suisse a eu à se faire entendre dans l’affaire des fonds juifs en déshérence. Or avec swissinfo, il existe un instrument de communication à sauvegarder, voire à élargir, a dit Dick Marty. Pour lui, la décision de la SSR revient à proposer «de détruire le petit bijou qu’est une rédaction multiculturelle», selon lui.
«Inconséquence»
Même si elle trouve la motion sympathique en raison de la cause défendue, la sénatrice socialiste Anita Fetz n’a pas pu la suivre, critiquant l’«inconséquence» de ses collègues. Elle a rappelé que c’était bien le Parlement qui avait biffé le soutien fédéral à swissinfo.
Anita Fetz s’est dite consciente de la difficulté d’assumer la décision en raison de licenciements qui en découleraient. Mais des plans sociaux ont été promis et le mandat de la SSR sera respecté avec d’autres moyens.
«Juste»
Egalement opposé à la motion, Maximilian Reimann a «pour une fois» (selon ses propres termes), loué la SSR. La décision est juste, selon lui. Elle doit permettre de créer des synergies et d’éviter des doublons sans renoncer au mandat d’une voix suisse à l’étranger.
Membre du Conseil d’administration de la SSR, le sénateur Hans Fünfschilling a de son côté rappelé que tous les programmes suisses de radio et de TV étaient accessibles dans le monde soit par satellite soit par internet.
Finalement, le ministre Moritz Leuenberger a rappelé la procédure. Son ministère devra trancher, vraisemblablement en automne, après un examen de concert avec les Affaires étrangères et les Finances. Il sera ensuite possible de recourir auprès du gouvernement.
swissinfo et les agences
– Le plan de la SSR pour démanteler swissinfo s’est heurté dès le départ à une forte opposition.
– Deux commissions parlementaires se sont prononcées clairement pour le maintien de la plateforme Internet en neuf langues.
– Une troisième commission a demandé un large débat sur la mission de service public de la SSR vis-à-vis de l’étranger.
– Jeudi, le Sénat a adopté la motion Lombardi, qui demande au gouvernement de s’opposer au démantèlement de swissinfo.
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