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Le souvenir de Nicolas Bouvier honoré à Saint-Malo

Le festival Etonnants Voyageurs, qui se tient chaque année dans la ville portuaire française, a inauguré fin mai le 'Prix Nicolas Bouvier'.

Attribuée à un jeune auteur francophone, cette récompense, qui rend hommage à l’écrivain genevois, encourage une écriture curieuse du monde.

Depuis 17 ans, se déroule tous les printemps à Saint-Malo un festival joliment appelé «Etonnants Voyageurs».

Ce festival est ouvert au large, comme la ville bretonne qui l’accueille. S’y engouffrent moult courants littéraires portés par des vents venus d’Outre-Atlantique, d’Afrique, d’Europe, d’Amérique…

Créé en 1990 par Michel Le Bris, son actuel directeur, ce festival reste fortement axé sur le thème du voyage, avec une seule et même volonté, qui l’anime depuis le début: promouvoir une «littérature monde».

L’ombre tutélaire de Bouvier



Lors de sa 17e édition, qui s’est achevée fin mai, Etonnants Voyageurs a inauguré un prix, le prix Nicolas Bouvier attribué au jeune auteur francophone David Fauqemberg pour son livre «Nullarbor» (éditions Hoëbeke).

Soit un récit de voyage dans une Australie hostile, dangereuse, brutale, qui n’est pas sans rappeler – toutes proportions gardées – les tourments soufferts par Nicolas Bouvier dans ses romans d’aventurier entêté.

Nicolas Bouvier, auquel cette première édition du prix rend un hommage presque amoureux, fut présent tous les printemps, jusqu’à sa mort en 1998, au festival de Saint-Malo. Michel Le Bris, qui ne tarit pas d’éloges sur l’écrivain genevois, confie avec la plus grande fierté avoir été le premier à publier Bouvier, d’abord chez Payot, ensuite chez Hoëbeke.

«Chronique japonaise» et «Journal d’Aran et d’autres lieux» (pour ne citer que ces deux ouvrages), c’est lui, Michel Le Bris, qui les a fait éditer. C’est lui aussi qui dit de son ami Nicolas, qu’il compte «parmi les plus grands écrivains mondiaux du 20e siècle.»

Et lorsqu’on lui demande pourquoi un prix Nicolas Bouvier et pas un prix Ella Maillart ou Annemarie Schwarzenbach, par exemple, il répond aussi sec: «Parce qu’il n’y a pas photo».

Attendre le bon moment



Ce témoignage d’admiration à l’égard de Bouvier, il aurait voulu le concrétiser du vivant de l’auteur. Mais les contraintes financières freinent souvent les élans passionnés. «J’ai attendu d’avoir un bon sponsor pour l’attribution de ce prix, lâche Michel Le Bris. On ne peut pas brader la valeur de Bouvier. Il me fallait une somme correspondant à la notoriété de l’écrivain. Il me fallait aussi réunir un jury de prestige, composé de grands auteurs qui ont lu Bouvier.»

Quinze mille euros ont donc été accordés au lauréat. La somme est fournie par la direction de l’Aviation civile. Normal! Bouvier est tellement aérien dans son surréalisme. Tellement lumineux, aussi, qu’il a marqué et marque encore les esprits des festivaliers.

Beaucoup d’entre eux l’ont très bien connu. Les fidèles, et parmi eux l’épouse Eliane Bouvier bien sûr, étaient présents le jour de l’attribution du prix. «La grande salle de l’Auditorium de Saint-Malo était bondée, poursuit le directeur du festival. Cette attention au monde, à la nature humaine et cette générosité, qui caractérisaient tant Bouvier, lui ont été très justement rendus. Ce jour-là, j’ai eu l’impression que Nicolas ne nous avait jamais quittés.»

swissinfo, Ghania Adamo

Nicolas Bouvier est né au Grand-Lancy, à côté de Genève, en 1929.

Ecrivain, poète, photographe et iconographe passionné, il choisit de découvrir le monde et commence, à l’âge de 17 ans, par un voyage en Laponie. Il parcourt ensuite pendant quatre ans avec le peintre Thierry Vernet la Yougoslavie, la Turquie, l’Iran et le Pakistan. Des pérégrinations qui susciteront «L’Usage du monde», en 1963.

Captivé par le Japon, il publie deux livres sur ce pays : «Japon» en 1967 et «Chronique japonaise» huit ans plus tard.

Parmi ses autres ouvrages suivront «Le Poisson-scorpion», récit fiévreux et halluciné d’un voyage à Ceylan (1981), «Journal d’Aran et d’autres lieux» (1990), «Routes et déroutes» (1992), «Le Hibou et la baleine» (1993).

Il reçoit, en 1995, le Grand Prix Ramuz pour l’ensemble de son œuvre, aujourd’hui lue dans le monde entier.

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