Les créatures de H.R. Giger sont de sortie
Soirée très spéciale, vendredi, au club «Globull»... à Bulle, dans le canton de Fribourg. Les organisateurs inauguraient, en présence de l'artiste, un décor-exposition signé Giger.
Un long couloir, éclairé de torches, et tapissé de photos des œuvres de l’artiste grison. Puis un vaste «dance-floor». Sur un socle, une extraterrestre aux formes sculpturales, les seins pointés vers le ciel. Derrière elle, la console du DJ, lequel technoïse sous un vaste panneau futuriste arborant deux crânes. Au-dessus du bar, «Alien», le monstre du film de Ridley Scott créé par H.R. Giger, est là, terriblement vrai, et veille de toutes ses dents chromées.
Face aux danseurs, «Necronomicon», un montage filmé de six minutes tourne en boucle, synchronisé à la musique, et déroule inlassablement l’univers sulfureux de Giger. Monde technologique, nouveau-nés sanguinolents, visages de madones, pénétrations robotiques…
Paradoxal, dans un lieu fait plutôt pour susciter les rencontres et les frôlements d’épidermes, voire plus si entente? Pas vraiment. Si le cœur a ses raisons que la raison ignore, le sexe ne se débrouille pas mal non plus en la matière, et les œuvres de Giger n’ont rien pour apaiser les sens…
Par ailleurs, rencontrer H.R. Giger dans un contexte musical n’a rien de surprenant: moult groupes ont fait appel à son aérographe pour illustrer leurs pochettes d’albums, ou ont tout simplement récupéré ses oeuvres. On se souvient notamment de «Brain Salad Surgery» d’Emerson, Lake & Palmer ou de «Koo Koo» de Deborah Harry.
Dans son travail, on imagine volontiers Giger plongé dans des ambiances musicales gothiques et morbides… La musique tient-elle une place importante dans sa démarche? «Il y a eu une époque où je croyais ne pas pouvoir me passer de musique. Maintenant, j’ai découvert que je pouvais très bien m’en passer. Mais j’ai beaucoup aimé le rock, et le jazz. Pour moi, Miles Davis est le plus grand». Comme quoi il faut se méfier des clichés…
Cette exposition nouvelle formule, visible pendant quelques semaines, s’explique par la proximité du Musée H.R. Giger, situé dans le village voisin de Gruyères.
Un musée qui, malgré la renommée internationale de l’artiste, peine à trouver sa clientèle: les touristes que les cars déversent à l’entrée de la petite cité médiévale sont plus attirés par la fondue locale et les souvenirs «typiques» que par la sombre folie de Giger… L’événement «Globull» relève donc de la promotion, et d’un sympathique échange de bons procédés. Quant au musée et à l’homme, nous y reviendrons prochainement.
Bernard Léchot
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