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Les films du réel à l’assaut du village global

Détail de l'affiche. Visions du Réel

Le festival «Visions du Réel», à Nyon, emporte public et professionnels tutoyer la diversité du monde. Au programme, 116 films, dont 22 en compétition.

C’est aussi l’occasion de constater l’excellente santé du cinéma suisse.

Le cinéma suisse se porte même «extrêmement bien», selon le directeur de Visons du Réel. Et surtout dans le domaine du cinéma du réel (documentaires au sens large), explique Jean Perret.

«Plutôt que dans la fiction, c’est là qu’on trouve les œuvres les plus imaginatives, les plus créatives et les plus accomplies. C’est là qu’il y a le plus de talents, de recherche et de potentialités.»

Le documentaire suisse en forme

Jean Perret en veut pour preuve la participation suisse à cette neuvième édition du festival nyonnais, même si on ne trouve qu’une seule œuvre helvétique parmi les 22 films de la compétition internationale.

«Il Viaggio a Misterbianco» – c’est son titre – est signé par le Suisse alémanique Paolo Poloni. Un ‘road movie’ qui est aussi une belle méditation naissant de rencontres fortuites en Italie.

Ce film figurera-t-il au palmarès? Si ce n’est dans la sélection internationale, peut-être dans le cadre du Prix TSR ou de celui – nouveau – de la SSA et Suissimage, qui doit consacrer le film suisse le plus novateur.

Premier film de Joakim Demmer (section «Regards neufs»), «Tarifa Traffic» est lui plus douloureux. Il croise la double actualité des émigrants du Maghreb vers les plages d’Espagne, et celle des vacanciers vers ces mêmes plages.

Une œuvre emblématique de la vocation du festival: «Nous voulons dire aux spectateurs que le cinéma du réel est spectaculaire, affirme Jean Perret. Car il propose cette aura d’authenticité oubliée dans le bombardement quotidien d’images virtuelles».

Trois grands noms du cinéma suisse figurent dans la section «Helvétiques». Où ils montrent leur dernier travail en première mondiale.

Dans «Les printemps de notre vie», Francis Reusser revient sur les illusions et les désillusions d’une génération d’intellectuels romands après 68. Frédéric Gonseth de son côté a suivi les humanitaires sur le front russe. Il en a ramené «Mission en enfer».

Dans le registre de l’épure, Richard Dindo visite pour sa part l’atelier de Matisse, comme Aragon avant lui. Il en tire une réflexion sur la création dans «Aragon: le roman de Matisse».

Une vocation

En dehors du domaine suisse, Visons du Réel ouvre une fenêtre en cinq films sur la formidable créativité actuelle en Argentine.

Par ailleurs, parmi les 30 pays représentés cette année à Nyon, figure pour la première fois Cuba. Visions du Réel sera du reste présent au Festival des films sud-américains de La Havane, en décembre prochain. Suivra un spécial Cuba à Nyon en 2004…

Autre moment clé du festival: le débat public du mardi soir. On y parlera écriture et ré-écriture de l’histoire de l’humanité à l’aide des archives. Le festival organise également ses ateliers, aujourd’hui rituels.

Au cours de deux matinées, les spectateurs iront à la rencontre de deux auteurs que tout oppose: le Français Denis Gheerbrant et son cinéma socio-humaniste, l’Autrichien Ulrich Seidl, dont l’œuvre est emprunte d’une esthétique construite et violente.

La guerre s’invite également à Visions du Réel, bar le biais de la Tchétchènie et du Rwanda. Mais pas l’Irak: «Contrairement au travail télévisuel, explique Jean Perret, le cinéma du réel a en général besoin d’un temps de réflexion et d’analyse».

Cela dit, le directeur rappelle que Visons du Réel n’est pas un festival thématique. «Nous voulons affirmer la diversité des genres du cinéma du réel, des films de famille aux grandes enquêtes en passant par les films épiques».

Le festival cherche aussi à susciter une réflexion citoyenne face à la diversité et l’altérité inhérentes au monde. Car, explique Jean Perret, Visions du Réel conteste l’idéologie du village global.

Il montre qu’au contraire, le monde n’est pas accessible immédiatement, et que l’autre est toujours différent.

Des problèmes de budget

S’il veut poursuivre sa mission en 2004, le festival a une autre bataille à mener durant cette édition. Il doit en effet remplacer l’un de ses principaux sponsors (UBS), qui a annoncé son retrait pour la prochaine édition.

Et cela d’autant que le budget (1,25 millions en 2003) est voué à augmenter ces prochaines années. Le festival accueille en effet toujours plus de spectateurs et de professionnels, indique Jean Perret.

Ce développement se veut toutefois qualitatif. «Nous sommes très fiers de présenter 750 minutes d’images en moins que l’année dernière, explique le directeur. L’objectif est de resserrer le programme. Et de montrer ce qui nous paraît le plus pertinent».

swissinfo, Pierre-François Besson

La neuvième édition de Visons du Réel se déroule du 28 avril au 4 mai.
Sur 1500 au départ, le festival a choisi de projeter 116 films documentaires de 30 pays.
La compétition internationale mettra aux prises 22 films.
Le jury international de cinq personnes comprend l’ancienne Conseillère fédérale Ruth Dreifuss.

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