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Les riches heures du petit écran

Léo Kaneman, fondateur et patron de Cinéma tout écran. SP

Durant dix jours, le festival Cinéma Tout Ecran investit Genève à coup de téléfilms, de séries TV, de colloques et de courts métrages.

Après dix ans d’existence, le festival genevois continue de promouvoir une création TV de qualité. Interview de son fondateur Léo Kaneman.

Dans le microcosme de la télévision francophone, le tube de l’été a – sans conteste – été la profession de foi du patron de la plus grande chaîne française: «Le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit», explique Patrick Le Lay.

«Ce que nous vendons à Coca-Cola, poursuit le téméraire orateur, c’est du temps de cerveau humain disponible.» Cet aveu n’a pu que conforter les contempteurs de la télé, en particulier dans le milieu du cinéma.

Léo Kaneman, lui, reste persuadé que la télévision offre de belles opportunités au cinéma d’auteur, et que la qualité artistique peut séduire un large public de téléspectateurs. Depuis 1995, le cinéaste genevois défend ce credo avec son festival Cinéma Tout Ecran.

swissinfo: Quels sont les temps forts de cette édition?

Léo Kaneman: Comme chaque année, l’événement principal est la compétition officielle qui permet de découvrir des films en primeur internationale. Pour cette édition, 13 films provenant de 13 pays sont en lice. Six d’entre eux sont des premières oeuvres.

Ce festival est également un des rares à présenter des séries TV, en première mondiale. Cette année, nous avons par exemple une série de science-fiction – The 4400 – produite par Francis Ford Coppola.

Nous célébrons également les 50 ans de la Télévision suisse romande (TSR) avec, entre autres, le nouveau film du suisse Lorenzo Gabriele Parlez-moi d’amour, dont les protagonistes sont Marie-Christine Barrault et Jean-Luc Bideau.

A noter aussi la présence de Claude Goretta qui présentera sa dernière réalisation, La fuite de Monsieur Monde.

swissinfo: Après dix ans d’existence, quel bilan tirez-vous de votre festival?

L. K.: Lorsque nous avons commencé en 1995, il était honteux pour un cinéaste de faire un téléfilm. Or, nous étions convaincus que ce genre pouvait être de grande qualité. Le déclic de cette prise de conscience a été The Snapper du cinéaste anglais Stephen Frears, une comédie qui a connu un grand succès à la fois au cinéma et à la télévision.

Depuis lors, les esprits ont beaucoup évolué, comme en témoigne Elephant de Gus Van Sant, un film produit pour la télévision et primé au festival de Cannes en 2003.

Aujourd’hui, de grands réalisateurs passent sans complexe de la télévision au cinéma pour retourner ensuite à la télévision, comme le Français Robert Guédiguian ou le Canadien Atom Egoyan.

Une chose est sûr: le public, lui, se fiche de savoir si un film est produit pour la télévision ou le cinéma.

swissinfo: En Suisse même, quel rôle a joué votre festival?

L.K.: Quand nous avons commencé, seule la TSR produisait 1 ou 2 films par année. Depuis lors, elle a été rejointe par la DRS (télévision alémanique) et la télévision tessinoise.

Cette année, 12 films ont été produits par les trois chaînes publiques. On peut même dire que les films produits pour la télévision sont souvent meilleurs que ceux destinés au cinéma.

Mais il reste encore à convaincre. Certains réalisateurs continuent de considérer la TV comme un débouché alimentaire. Ils attendent toujours de créer un chef-d’œuvre du cinéma, alors que la télévision leur permettrait de travailler régulièrement et d’acquérir un savoir-faire.

De plus, il est plus facile de diffuser dans le monde des fictions TV. Or, le grand problème du cinéma suisse est qu’il ne sort quasiment pas des frontières helvétiques.

swissinfo: A part les films et les séries, la TV a-t-elle fait apparaître de nouveaux genres?

L.K.: Le documentaire-fiction connaît un immense succès. C’est le cas de L’odyssée de l’espèce. Son réalisateur Jacques Malaterre participe d’ailleurs au festival et parlera de son prochain projet: Homo sapiens.

Mais ce nouveau genre produit également des choses navrantes, comme Gladiateurs diffusé récemment par France 2…

Interview swissinfo, Frédéric Burnand à Genève

La compétition officielle présente 13 films dont Khabé Talkh de l’Iranien Mohsen Amiryoussefi, Die Andere Frau de l’Allemande Margarethe von Trotta ou Sternenberg du Suisse Christoph Schaub.
Le jury international est présidé par le réalisateur américain Monte Hellman, découvreur de l’acteur Jack Nicholson et auteur de nombreux films culte, comme The Shooting ou Two-Lane Blacktop.
Un jury francophone décernera le Prix TV5 du meilleur film francophone.

– Le Festival international du film et de la télévision Cinéma Tout Ecran dévoile sa dixième édition.

– Il se déroule à Genève du 29 octobre au 7 novembre.

– Le festival rend hommage à La TSR et à France Télévisions.

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