Les TV privées se rebiffent
Au moment où SRG SSR idée suisse prend position sur la future loi radio-TV, les cinq plus grosses chaînes de télévision privées du pays montent aux barricades. Avec plus de 40 millions de pertes cumulées, elles ont exigé jeudi à Berne un changement rapide des règles du jeu pour pouvoir simplement survivre.
Fer de lance de ce combat, Roger Schawinski semble n’avoir rien perdu de la combativité qui l’avait fait lancer il y a 20 ans Radio 24 – la première radio privée de Suisse – comme une station «pirate».
«Je n’aurais jamais cru que nous en arriverions là. Avec les télévisions, nous sommes toujours restés dans la légalité. Mais s’il le faut, nous allons changer nos méthodes», avertit le patron du groupe Belcom, qui chapeaute Radio 24, Tele 24 et TeleZüri.
Concrètement, Roger Schawinski et ses collègues de TeleBärn, Tele M1 et TeleTell sont prêts à s’aligner unilatéralement sur les conditions qui régissent les coupures publicitaires pour leurs concurrentes allemandes. Voire à accepter des spots pour les marques d’alcool, pourtant strictement interdits en Suisse.
En tous les cas, les diffuseurs privés exigent du Conseil fédéral qu’il assouplisse les restrictions publicitaires qui leur sont imposées et dont les chaînes étrangères n’ont pas à se soucier. Et ceci avant une année.
Les télévisions commerciales veulent également toucher leur part du gâteau de la redevance, que la future loi entend réserver à la seule SSR. «Nous ne demandons que 100 millions par an, soit 10% du milliard que rapporte la redevance, explique Roger Schawinski. Cela nous suffirait pour maintenir et développer notre offre».
Bien plus que la SSR – qui préconise également le partage de la redevance et l’adoption des normes européennes en matière de publicité -, c’est contre le Département de Mortiz Leuenberger qu’est dirigé ce coup de gueule.
«Apparamment, notre ministre de la Communication ne sait pas que nos chaînes touchent deux millions de téléspectateurs chaque jour et que nos émissions d’information remplissent aussi une mission de service public», s’indigne Roger Schawinski.
Avec des pertes cumulées de plus de 40 millions de francs, les chaînes qui avaient choisi de prendre la parole jeudi à Berne estiment qu’elles ne pourront pas continuer longtemps à assurer leurs programmes.
Et le groupe de Roger Schawinski n’est pas épargné. En six ans, il a perdu à lui seul près de 25 millions et a dû se résoudre à supprimer trois de ses émissions vedettes. L’entrepreneur zurichois n’a pas caché qu’il y aurait des licenciements (une quinzaine), mais a confirmé que Belcom – un instant convoité par le groupe Tages Anzeiger – n’était plus à vendre.
Marc-André Miserez
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