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Locarno s’offre une fusillade d’anthologie

Jamie Foxx et Colin Farrell sur la toile sous les étoiles mercredi. pardo.ch

Avec le «Miami Vice» de Michael Mann, violence et noirceur ont fait l'ouverture du 59e Festival international du film de Locarno mercredi.

Présentée en première européenne, cette transposition au cinéma de la série TV des années 80 a moyennement convaincu le public de la Piazza Grande.

Au final, des applaudissements polis et quelques sifflets. Le «Miami Vice» en version cinéma n’a pas entièrement convaincu, faute d’une mécanique aussi précise que les gros calibres employés par «Sonny» Crockett et Ricardo Tubbs.

La soirée avait bien commencé. On imagine le décor. Locarno, petite cité accrochée à la montagne, les pieds dans l’eau, belle Italienne à passeport suisse.

Proche du lac, au milieu de bâtisses colorées semblant se pencher pour mieux voir l’écran géant, la Piazza Grande et ses sept milles sièges occupés.

Les premiers spectateurs sont arrivés deux heures et demie avant la projection. Tout le monde est beau, les décolletés sont parfois plongeants, le bonheur de vivre se mélange aux paroles et aux clins d’œil.

21h30, le nouveau directeur artistique du festival Frédéric Maire passe son oral. Il s’adresse pour la première fois à «ses» spectateurs. Et justifie la programmation en ouverture (hors compétition) du film de Michael Mann (absent, comme le reste de l’équipe).

«C’est à la fois un blockbuster et un film d’auteur. (…) Quand Michael Mann a créé Miami Vice dans les années quatre-vingt, il a inventé un genre et une esthétique.»

Frédéric Maire poursuit: «Le schéma narratif et le scénario sont proches de la série. Mais il y a quelque chose de plus sombre, de plus dramatique. Comme si le monde l’était devenu lui aussi».

Le chaos détaillé

Et de sombre, il s’agit de noir foncé. Sur la forme, le scenario est plutôt classique et sans grandes surprises. Les deux flics vont infiltrer une organisation aux trafics multiples, la colombienne figurant en bonne place.

Il y a d’odieux Latinos, une Chinoise pas si méchante que cela au fond (car amoureuse), des virées en bolides sur-gonflés (sur terre, sur mer et dans les airs), du sexe, des fusillades.

Parfois, on frôle les scènes d’anthologie. Comme dans «Heat», Michael Mann nous plonge à une (voire deux) reprises au beau milieu de fusillades jamais vues au cinéma – par les points de vue, le chaos détaillé, le cri étouffé des projectiles.

Top du box office

D’autres moments sont moins réussis. Sexe et sensualité font souvent flop. Et l’on a de la peine à croire à la passion de Gong Li et Colin Farrell (pas toujours très juste). Des creux, des longueurs, certains dialogues qui tombent à plat, la mécanique a quelques ratés.

Dès le premier week-end au top du box office américain, ce thriller est surtout intéressant pour son esthétique crue, implacable. Michael Mann filme souvent très rapproché, il utilise parfois une approche similaire au vidéo-journalisme.

Dans un monde hyper-technologique gouvernés par les salauds, l’oreille vissée à leur téléphone portable, Crockett et Tubbs collectionnent les zones de non-droit évident (celle des trois frontières en Amérique du Sud) ou relatif (un quartier haïtien, un coin de terre colombien).

Des ombres passent, les orages sont récurrents en arrière plan, les nuages ont des têtes de champignon atomique, la bande-son plonge dans les basses… Un zeste de paranoïa sous les étoiles.

swissinfo, Pierre-François Besson à Locarno

Festival international du film de Locarno: 2 au 12 août 2006
Compétition internationale: 21 films sélectionnés
Piazza Grande: 19 films projetés, dont 3 suisses
Léopard d’honneur: Alexander Sokurov
Locarno Excellence Award: Willem Dafoe
Prix Raimondo Rezzonico à Agat Films (mené par Robert Guédiguian)
Rétrospective: Aki Kaurismäki

– Intitulé «Das Fräulein», le premier film de fiction d’Andrea Staka est en lice pour le Léopard d’or dans la compétition internationale. Il dresse le portait de trois émigrées d’ex-Yougoslavie vivant à Zurich.

– Trois longs métrages et deux courts métrages suisses ont droit à une projection sur la Piazza Grande – «Die Herbstzeitenlosen» de Bettina Oberli, «La liste de Carla», de Marcel Schüpbach, «Mon frère se marie», de Jean-Stéphane Bron, ainsi que «Jeu» de Georges Schwizgebel et «Rachel» de Frédéric Mermoud.

– En compétition aussi: «La vraie vie est ailleurs» de Frédéric Choffat dans la section Compétition Cinéastes du présent. Et «La traductrice» de Helena Hazanov, «Que viva Mauricio Demierre» de Stéphane Goël et «No Body is Perfect» de Raphaël Sibilla dans celle des Cinéastes du présent.

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