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Madame cherche une tête, Barbe Bleue perd la sienne

Quand Catherine Breillat revisite Barbe Bleue... L. Creton © Flach Film/L. Bourlier

La 9e édition du Festival international du film fantastique de Neuchâtel fera la part belle à la diversité. De Charlotte Gainsbourg à Sam Rockwell en passant par les maîtres asiatiques du genre, le Nifff sauce 2009 s'essaiera à un grand écart riche en découvertes.

L’effroyable Barbe Bleue piégé par une femme. Le misogyne livré à la relecture d’une réalisatrice, Catherine Breillat («Romance X»), qui s’offre une libre interprétation de l’histoire du tueur en série échappé des livres de contes.

Sans conteste l’un des ovnis de la 9e édition du Festival international du film fantastique de Neuchâtel (Nifff). Un festival qui, cette année plus que jamais, s’ouvre à la diversité du genre et projettera près d’une centaine de films sur les écrans neuchâtelois du 30 juin au 5 juillet.

«Antichrist»

Après l’accueil glacial de la critique et le Prix d’interprétation féminine de Charlotte Gainsbourg à Cannes, «Antichrist» de Lars Von Trier sera le film qui ne manquera pas de faire parler de lui avant et après sa projection dans le cadre de la compétition internationale du Nifff.

Une compétition qui se risque à une sélection très éclectique et dont le premier mérite est de reconnaître les talents de contagion du fantastique sur les autres genres. Mais sans oublier les classiques. Ainsi, «Moon» de Duncan Jones avec Sam Rockwell («Les associés»), représentera-t-il la SF avec un fim aux accents fortement référencés «2001 L’Odyssée de l’espace».

Le burlesque british sauce «Shaun Of The Dead» dégoulinera de «Tormented», la comédie horrifique signée Jon Wright. Dix autres films seront en compétition pour le «Narcisse 2009», à commencer par «Infestation» de l’Américain Kyle Rankin. Une série B, ode aux invasions extraterrestres des années 1950.

Open Air

Comme à l’accoutumée, l’affiche des projections au grand air sera grand public. Du bon gros film d’action «Crank 2: High Voltage» signé Mark Nevedine et Brian Taylor à la fine animation pâte à modeler «Mary et Max» d’Adam Eliott.

Sans oublier une petite touche sanguinolente avec «The Countess» de Julie Delpy. Un sympathique mélange livré aux aléas de l’open air qui ne manquent jamais d’ajouter leur touche d’étrange aux projections.

Essences asiatiques et courts métrages

Incontournable de par son dynamisme et son renouvellement permanent, le cinéma de genre «made in Asia» éclaboussera d’humour et d’effroi le Nifff.

Le sang noir des images de caméras cachées de «The Forbidden Door» de l’Indonésien Jolo Anwar contrastera avec les ciels bleutés de «The Sky Crawlers». Un film d’animation signé par le père de «Ghost in the Shell», Mamoru Oshii.

Un concours européen et un autre helvétique, les courts métrages ne seront pas délaissés. L’occasion de s’offrir une machiavélique attaque de crabes géants de six minutes avec «King Crab Attack» du Français Grégoire Sivan.

Ou pourquoi pas, de partir en quête d’une nouvelle tête pour Madame avec «Land Of The Heads» des Suisses Cedric Louis et Claude Barras.

Rétrospectives

«Emergo», «Percepto», «Psychodelorama»… On pourrait croire à des titres de films, mais il s’agit d’une nomenclature d’effets spéciaux propre à William Castle, réalisateur, producteur, et roi de la promotion déjantée!

Né en 1914 dans une famille juive new-yorkaise, William Schloss (il muera le château allemand en castle américain) a tenté sa chance à Hollywood. Entre autres assistant d’Orson Welles et producteur de «Rosemary’s Baby» de Polanski, il se profila dans la série B dans les années 1940-1950 avant d’exploiter son filon de prédilection: le film d’épouvante.

Objets de l’une des rétrospectives du Nifff, sept films permettront aux spectateurs les plus audacieux d’expérimenter quelques-uns des effets spectaculaires de ce trublion inventif. Vous sentez votre siège vibrer? Des spectres se matérialisent dans la salle? Vous voyez des fantômes? Pas de panique, il ne s’agit là que de «gimmicks» imaginés par Castle pour drainer les spectateurs dans les salles de cinéma.

Et qui se sent le cœur fragile pourra toujours souscrire une assurance vie, comme le fit Castle lui-même à la sortie de «Macabre» pour se couvrir en cas de décès dans le public!

Mais au-delà de cette joyeuse ambiance de fête foraine se profilent quelques problématiques toujours pertinentes, telles que l’interactivité ou la notion de spectacle total. «En le poussant à son paroxysme, Castle nous pousse aussi à réfléchir sur le médium cinématographique», résume la directrice artistique Anaïs Emery.

Deux autres rétrospectives complètent ce panorama: «Sueurs froides: le cinéma de genre scandinave contemporain», consacré au fantastique en provenance du nord, terreau particulièrement fertile en la matière.

Et «Category III : la transgression made in Hong-Kong», une section interdite aux moins de 18 ans…

Yann Hulmann et Dominique Bosshard, L’Express

Le 9ème Nifff se tient du 30 juin au 5 juillet.

Le centre du festival est constitué par les trois salles du Cinéma Apollo (Faubourg du Lac 21).

Les projections Open air ont lieu sur l’Esplanade du Quai Ostervald (ouverture des portes: 20h). Cette 3e édition des projections en extérieur se feront sur un nouvel écran plus grand et dans un espace plus vaste…

L’axe principal de la manifestation est le cinéma fantastique, accompagné de deux «axes complémentaires»: les cinémas d’Asie et les images numériques.

Le symposium «Imaging the Future» (conférences et démonstrations consacrées aux liaisons entre arts visuels et nouvelles technologies) a lieu les 1er et 2 juillet au Théâtre du Passage.

Considéré comme un réalisateur clé de la nouvelle vague japonaise, Shinji Aoyama accompagnera sept de ses films à Neuchâtel.

Cinéaste, mais aussi compositeur, scénariste et monteur, il s’est fait connaître du public occidental avec «Eureka», prix de la critique à Cannes en 2000.

Le Centre d’Art Neuchâtel (CAN) se met au diapason du fantastique.

Pour la deuxième fois d’affilée, le Centre d’art Neuchâtel s’associe au Nifff pour présenter des installations vidéo et des projections dans l’enceinte du festival.

Le programme s’intitule «Actual Fears 2».

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