Noir sur Blanc, un portail pour l’Est
Créée en 1986 à Montricher, la maison d'édition vaudoise, Noir sur Blanc, reste fidèle aux écrivains d'Europe orientale et fête ses 20 ans de publications.
L’occasion d’un entretien avec sa fondatrice Vera Michalski, née Hoffmann. Une Suissesse fort active, aujourd’hui à la tête d’un important groupe éditorial.
Quand on s’appelle Vera Hoffmann, on dispose assurément d’une sérieuse réserve de potions magiques pour pallier tous les maux. La petite fille de l’un des plus grands fabriquants de médicaments en Suisse n’a pourtant rien d’une gardienne sourcilleuse, veillant jalousement sur l’empire pharmaceutique familial.
De cet héritage-là, elle n’a point voulu. Si le grand-père s’occupait des corps, elle bichonnera les esprits. Son monde à elle, c’est les livres.
Débuts modestes
«La lecture est une forme de thérapie», confie celle qui s’appelle aujourd’hui Vera Michalski, éditrice de son état, PDG du groupe Libella, empire éditorial, celui-là, qu’elle a fondé avec son mari polonais Jan Michalski.
L’histoire a commencé il y a 20 ans de façon très modeste à Montricher, une commune vaudoise. Vera et Jan Michalski, qui s’étaient rencontrés sur les bancs de l’Université à Genève, partageaient une même passion pour les lettres.
«Nous étions convaincus, raconte cette femme à la cinquantaine ardente, que le livre est un vecteur de communication essentiel et que c’est lui qui fait avancer la vie».
Naissent alors à Montricher les éditions Noir sur Blanc voulues par le couple comme un rapprochement littéraire entre les deux Europe, celle de l’Est et de l’Ouest. Nous sommes en 1986, «l’Autre Europe», comme l’appelle l’éditrice, est encore derrière le rideau de fer et ses auteurs sont très mal connus sous nos latitudes.
Lieux imaginaires et réels
Noir sur Blanc a donc pour but de traduire et de publier en français des écrivians de «là-bas». Le premier titre paraît en 1987, c’est «Proust contre la déchéance» de l’intellectuel et peintre polonais Jozef Czapski.
«Un livre symbole car son auteur était un grand pacifiste emprisonné durant la deuxième guerre mondiale», explique Vera Michalski. Laquelle est tout aussi fière du dernier titre de son catalogue: «Last and lost, Atlas d’une Europe fantôme». C’est l’oeuvre de deux femmes, l’une allemande, l’autre polonaise qui se penchent sur des lieux imaginaires et réels du Vieux Continent.
Entre le premier et le dernier titre beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Car Noir sur Blanc, qui fête donc ses 20 ans et possède maintenant son siège à Lausanne, a essaimé. La maison a des soeurs cadettes nées au début des années 2000: Buchet-Chastel, Phoebus, Le Temps apprivoisé, Anatolia…
En tout sept maisons d’édition francophones, avec un éventail de thèmes allant de la réflexion religieuse aux loisirs, en passant par la littérature internationale. Toutes, y compris Noir sur Blanc, sont rattachées aujourd’hui au groupe éditorial Libella dont les bureaux sont installés à Paris. Vera Michalski en est la présidente.
En Pologne aussi
Cette dernière tient également deux maisons d’édition en Pologne, l’une à Varsovie, l’autre à Cracovie. C’est là que sont traduits et publiés en polonais des auteurs d’Europe occidentale et d’outre-Atlantique. Parmi eux, des Suisses bien sûr: Blaise Cendrars, Milena Moser. Mais aussi Nicolas Bouvier, toute son oeuvre.
«Nous étions les premiers à le faire connaître en Pologne, précise Vera Nichalski. Bouvier y est très prisé par une élite intellectuelle».
Varsovie, Lausanne, Paris: microcosme littéraire de l’Europe d’aujourd’hui. On le dit à l’éditrice. Elle sourit: «C’est une définition qui me convient bien. Mais restons modeste et disons que nous avons oeuvré, à une toute petite échelle, au rapprochement des cultures».
swissinfo, Ghania Adamo, Genève
Vera Michalski, née Hoffmann, est Suisse.
Avec son mari Jan Michalski, elle fonde Noir sur Blanc, à Montricher (Vaud), une maison d’édition qui s’engage à publier en français des auteurs russes et polonais.
La maison, qui fête cet automne ses 20 ans de publications, sort à cette occasion un receuil de nouvelles: «Bienvenue à Z. et autres nouvelles de l’Est».
Noir sur Blanc, qui fait partie du groupe éditorial Libella, possède une antenne polonaise à Varsovie.
Depuis le décès de son mari en 2003, Vera Michalski n’a pas baissé les bras. Le 9 novembre, elle a inauguré la Fondation Jan Michalski à Montricher. Objectif: encourager l’écriture par l’octroi de prix littéraire et d’aides à la création.
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