Olivier Py en quête d’universel
Invité par la Comédie et le Grand Théâtre, le metteur en scène français présente à Genève l'intégrale du «Soulier de satin» de Paul Claudel.
Soit un spectacle de onze heures donné le 18 octobre et attendu comme un moment de grâce.
La grâce, ce n’est pas ce qui manque à Olivier Py. La grâce artistique s’entend, qui fait de chacun de ses spectacles une fête où la gaîté se mêle au sublime. Mais la grâce divine aussi, puisque le metteur en scène se sent investi d’une mission que le Tout Puissant lui aurait confiée pour révéler au commun des mortels les délices de la parole théâtrale.
Il n’est donc pas étonnant que Py, auteur d’une «Epître aux acteurs» et d’une mémorable «Servante» créée à Avignon en 1995, s’intéresse à Claudel, écrivain «cosmique» s’il en est.
«Cosmique», oui, cet adjectif à connotation religieuse fait rire Olivier Py. Il a même une histoire édifiante à raconter à ce sujet. Une parente de Claudel lui aurait affirmé que ce dernier, découvrant un jour dans la vitrine d’un libraire un essai sur son oeuvre intitulé «Claudel écrivain comique», s’exclama: «Enfin on m’a compris».
En fait, Claudel se trompait. Il avait lu «comique» en lieu et place de «cosmique». Méprise heureuse que le metteur en scène s’amusera à prendre au pied de la lettre dans «Le Soulier de satin», entrelaçant souffle spirituel et allégresse festive; foi enflammée et exultation amoureuse.
Une œuvre monumentale
On connaît l’histoire de ce «Soulier» auquel l’écrivain et son metteur en scène font faire des pas de géant, reliant les siècles, les continents, la Terre et le Ciel.
Une passion absolue, car jamais assouvie, retient Rodrigue (Philippe Girard), homme libre, auprès de Dona Prouhèze (Jeanne Balibar), femme mariée.
L’héroïne s’accomplira dans le renoncement à son amour. Son amant mettra une vie à comprendre cette abnégation.
L’œuvre est monumentale. Par sa durée d’abord (onze heures de spectacle). Par le message qu’elle délivre ensuite. Elle est portée par un immense élan de conquête. Les cœurs et l’univers s’y apprivoisent dans la fougue.
Olivier Py note: «Ecrit dans la foulée du traité de Versailles par un diplomate farouchement opposé aux nationalismes, ‘Le Soulier de satin’ utilise les masques de la pièce à costumes pour dire la nécessité historique de la réunion entre les peuples. Et quelle meilleure façon de représenter les peuples (…) qu’en faisant se croiser (…) nô, tragédie shakespearienne, drame lyrique, comédie moliéresque».
Que la fête commence donc!
swissinfo, Ghania Adamo
«Le Soulier de satin». Grand Théâtre de Genève, le 18 octobre à 13h.
Tel: 022 320 50 01
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