«On a besoin de positif, aujourd’hui»
Noémie Kocher interprète Léonie Bourg-Thibourg, bourgeoise genevoise et néanmoins partisane – voire plus si entente - d'Henry Dunant.
Rencontre avec cette comédienne d’origine neuchâteloise, qui vit à Paris depuis 17 ans.
swissinfo: Vous êtes Suissesse… Le personnage d’Henry Dunant représentait-il quelque chose pour vous avant d’aborder ce téléfilm?
Noémie Kocher: Je savais tout à fait qui c’était: j’ai un papa médecin, j’ai fait une formation de secouriste à la Croix-Rouge… Mais je ne connaissais pas vraiment son histoire.
swissinfo: La dimension helvétique du personnage a-t-elle eu de l’importance pour vous?
N.K.: J’y ai été sensible à la lecture du scénario. Je me suis dit : tiens, enfin, on parle un peu des Suisses qui ont accompli des choses. Il y en a – Dunant en fait partie – et souvent les Suisses oublient eux-mêmes leurs propres héros.
swissinfo: L’option prise par Dominique Othenin-Girard a justement été d’aller dans le sens du héros, quitte à renoncer un peu à la vraie profondeur du personnage. Votre réaction?
N.K.: Le film parle de la jeunesse de Dunant, pas de la solitude du vieillard endetté. Henry Dunant, dans ce film, est effectivement un héros positif, mas je ne trouve pas qu’il manque de complexité. Par exemple, on sent bien qu’il a un problème par rapport aux femmes. Et puis c’est quelqu’un de déchiré, de plein de compassion.
Il est positif parce qu’il parvient à fonder la Croix-Rouge, ce qui est infiniment positif en soi, et je ne crois pas qu’on doive toujours montrer le côté noir des personnages. C’est une prise de position, un choix.
Avec ce film, on montre que c’est possible d’agir et que le courage finit par payer. On a besoin de positif, aujourd’hui.
swissinfo: Vous interprétez Léonie Bourg-Thibourg, une bourgeoise qui soutient Henry Dunant… comment voyez-vous ce personnage?
N.K.: C’est un personnage ambigu. Dans les conventions genevoises de l’époque, c’est une femme relativement libre, qui, je pense, aurait sans doute voulu être diplomate ou courtisane. Une femme qui aspire aux grandes choses, et qui trouve le moyen de le faire en aidant son futur beau-frère, Henri Dunant.
C’est une femme maîtresse. Elle se permet d’exprimer son désir à Henri Dunant, alors qu’elle va épouser son frère. Je la trouve, du coup, assez ambiguë et complexe, et c’est cela qui m’a intéressée dans le personnage.
Bernard Léchot, swissinfo.ch
Après le cours Florent, Noémie Kocher, comédienne suisse, se partage entre théâtre, cinéma et télévision.
Au théâtre: «Six personnages en quête d’auteur» (mise en scène Pierre-André Vay), «Belle du seigneur» (Thomas Cousseau), «La ronde» (Isabelle Nanty), «La double inconstance» (Jean-Pierre Garnier), «La guerre de Troie n’aura pas lieu» (Francis Huster).
Au cinéma: «Une femme très très amoureuse» (Ariel Zeitoun), «Les savates du Bon Dieu» (Jean-Claude Brisseau), «Aime ton père» (Jacob Berger), «L’amour branque» (Pascal Voisine).
Elle a également tourné dans de nombreux téléfilms dont récemment, «La crim’», «Vénus et Apollon», «Parfum de crime».
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