Petits et grands écrans à Genève
La 11ème édition du festival «Cinéma tout écran» se tient du 31 octobre au 6 novembre à Genève.
Avec une programmation axée cette année sur des films souvent politiques, la manifestation continue de construire un pont entre production télévisuelle et cinématographique.
Tenter d’aplanir le fossé qui existe entre fiction cinématographique et télévisuelle, tel est le credo des organisateurs de «Cinéma tout écran». Pour aller simplement à l’encontre du point de vue général, qui veut que les téléfilms ne soient que des succédanés de cinéma?
Non, pas uniquement. Plutôt parce que les organisateurs partent du point de vue que la télévision, comme le cinéma, sont les lieux où la société – les sociétés – se reflètent le mieux. Et qu’il n’y a aucune raison d’occulter cette dimension du petit écran, même si c’est au grand que la plupart des festivals cinématographiques consacrent leurs programmations.
Dans sa volonté d’abolir les barrières, «Cinéma tout écran» propose d’ailleurs, depuis l’année passée, une compétition constituée de films de télévision ET de cinéma.
Ce qui intéresse le directeur, Léo Kaneman, et son équipe, plutôt que la taille de l’écran, c’est la qualité du film. Et la pertinence de son propos. Cette année d’ailleurs, la connotation socio-politique domine largement la programmation.
Léo Kaneman n’est-il pas, par ailleurs, le fondateur du «Festival international du film sur les droits humains», qui se tient également à Genève?
Plusieurs sections
Quatorze longs métrages entrent en lice, cette année, pour la «Sélection officielle internationale». Elle compte notamment des fictions chilienne, canadienne, iranienne, israélienne, suédoise, japonaise, serbe, française ou anglaise («The Deal» de Stephen Frears). A noter également la projection (en soirée d’ouverture) de «Ryna», premier long métrage de la cinéaste roumano-suisse Ruxandra Zenide.
A l’affiche de la section «Perspectives», une autre compétition, des productions sud-africaine, finlandaise, française, danoise, iranienne et polonaise, ou suisse, avec «Fragile» de Laurent Nègre, un film avec la comédienne bâloise Marthe Keller.
La politique sera aussi présente au travers de la sélection de séries télévisées, l’un des créneaux importants du festival. Avec la série «Medea» du Hollandais Theo Van Gogh, assassiné il y a un an. Ou encore avec «Commander-in-Chief», une série qui cartonne outre-Atlantique. Présentée en première internationale, cette série évoque l’histoire d’une femme s’apprêtant à devenir la première présidente des Etats-Unis.
Comme toujours, le court métrage est à l’honneur à Genève. Ainsi la sélection internationale de courts métrages, doublée par les très attendues et très fréquentées «Nuits du Court», accueillera une multitude de films tournés sous toutes les latitudes.
Gitaï et Verhoeven
Parmi les avant-premières (le côté ‘cerises sur le gâteau’ de tous les festivals), à noter «Free Zone» de l’Israélien Amos Gitaï, présent à Genève. Mais aussi «La ballade de Jack et Rose» de Rebecca Miller (fille de Henry Miller) avec Daniel Day-Lewis, le film américain «Keane», de Lodge H. Kerrigan, et «Café Transit», fiction iranienne de Kampozia Partosi, qui concourt pour la compétition Perspectives.
Après avoir honoré Atom Egoyan, David Cronenberg ou Stephen Frears en 2004, c’est le Néerlandais d’origine Paul Verhoeven qui est à l’honneur avec une sélection de ses premières réalisations, téléfilms, documentaires, séries TV ou encore courts métrages inédits.
La Maison des Arts du Grütli présentera ensuite une sélection de ses meilleurs films de cinéma. Faut il rappeler que «Flesh & Blood», «RoboCop», «Showgirls», «Hollow Man», c’est lui…
Agenda chargé
Les colloques sont nombreux. Celui intitulé «Le Film Politique aujourd’hui» vaudra particulièrement le détour. Il aura lieu en présence d’Amos Gitaï, de William Karel et de Peter Kosminsky, dont le film «The Government Inspector» («L’affaire David Kelly») sera présenté en projection spéciale. Il raconte un fait divers récent, l’histoire de David Kelly, expert en armes de destruction massive, accusé d’avoir révélé des informations aux médias et poussé ensuite au suicide.
Dans un registre différent, signalons encore l’existence d’une annexe désormais baptisée « Cinéma tout enfant» – des projections inédites et internationales de fiction et d’animation adressées aux enfants dès 3 ans, ainsi que différents stages et ateliers de découverte des métiers du cinéma.
Et pour les «professionnels de la profession», comme on dit aux Césars, le «Geneva Select Market», marché international du cinéma et de la télévision, organisé en collaboration avec Swissfilms.
Enfin, après la BBC, la ZDF et France Télévisions, la chaîne invitée d’honneur sera cette année la remarquable et bilingue ARTE. Une journée spéciale lui sera consacrée le 4 novembre.
swissinfo, Bernard Léchot
– Le 11ème festival «Cinéma tout écran» se tient à Genève du 31 octobre au 6 novembre, à la Maison des Arts du Grütli et dans diverses autres salles de cinéma.
– La manifestation a attiré l’an dernier quelque 30 000 spectateurs.
– Le festival dispose cette année d’un budget de 1,4 million de francs, en légère diminution par rapport à 2004, édition marquée par les festivités du 10e anniversaire de la manifestation.
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