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Plans-Fixes: un 173e épisode nommé Favrod

L’Association «Films Plans-fixes» a récemment dévoilé le film qu’elle a consacré à Charles-Henri Favrod, ancien directeur du Musée de l’Elysée à Lausanne. Un plan «fixe» peut-être, mais qui ne cesse pourtant de dire le voyage et le mouvement.

L’Association «Films Plans-fixes» a récemment dévoilé le film qu’elle a consacré à Charles-Henri Favrod, ancien directeur du Musée de l’Elysée à Lausanne. Un plan «fixe» peut-être, mais qui ne cesse pourtant de dire le voyage et le mouvement.

Cinquante minutes de film noir-blanc, tourné en 16 mm. Un entretien tourné en un bloc, sans reprise ni coupure. Aucun changement de plan, tout au plus un zoom avant ou arrière de temps en temps. La démarche des films «Plans-Fixes» est délibérément sobre, voire aride. Aucun effet de caméra ne perturbe le spectateur, tout le poids est mis sur les mots énoncés, et les expression d’un visage.

Cette série de portraits filmés est née en 1977, sur une idée du journaliste Michel Bory. Une façon de «fixer» en image et en son les personnalités romandes, ou liées à la Romandie, qui ont marqué leur temps. On y trouve pêle-mêle le compositeur Constantin Regamey, l’écrivain Georges Simenon, le politicien Roland Béguelin, l’aventurière Ella Maillart, l’éditeur Rolf Kesselring, la comédienne Yvette Théraulaz, la conseillère fédérale Ruth Dreifuss, ou l’astronaute Claude Nicollier.

Charles-Henri Favrod, né en 1927, vient donc s’ajouter à ce riche inventaire. Et avec lui, si la terre romande est bien présente (l’enfance à Montreux, l’aventure du Musée de l’Elysée à Lausanne), c’est surtout le monde et l’attrait qu’il a représenté pour Favrod qui ressort de ce film. «L’étranger était une nécessité, on se sentait en prison», dit-il à son interlocuteur, le journaliste Patrick Ferla, en évoquant son tout premier voyage hors de Suisse, c’était à Paris, en 1945.

Suivront dans les années 50 l’Asie en général et l’Indochine en particulier, l’Afrique noire, et enfin l’Afrique du Nord, qui le verra passer du statut de «grand reporter» à celui d’intermédiaire officieux entre les autorités françaises et les leaders du FLN.

Avec les années 60, Favrod jette l’ancre au Château de St-Prex. Mais continue encore et toujours de parcourir le monde, et cela à plusieurs titres: éditeur (Editions Rencontres), journaliste (portraits télévisuels d’Haïlé Sélassié, Sadate, Dayan, Amin Dada, Kadhafi, Bourguiba, Mitterrand), Conservateur du Musée de l’Elysée, qu’il fonde à Lausanne en 1985. En l’écoutant, la planète paraît à la fois minuscule, puisqu’il semble l’avoir arpentée dans tous ses coins et recoins, et immense, car il sait en reconnaître la richesse et la complexité. Quel est d’ailleurs le mot qui conclut le film? «L’échange».

A Lausanne, à l’occasion de la première, la Salle Paderewski était pleine. Remplie de spectateurs curieux de voir défiler ainsi la vie de Charles-Henri Favrod, qui était également présent: «Ce que j’ai particulièrement goûté, c’est de voir ce film avec des amis, beaucoup d’amis, et aussi des gens que je ne connaissais pas. Le sentiment d’une fête, d’assister à son propre enterrement dans l’euphorie!» Pourtant l’actualité de Charles-Henri Favrod, par bonheur, n’a rien à voir avec la tranquillité des cimetières: il est en train de développer un nouveau musée à Florence.

Bernard Léchot

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