Des perspectives suisses en 10 langues

Pour Berne, l’intégration passe par les langues

Tous les étrangers doivent se mettre aux langues nationales. Et commencer jeunes. Keystone

La maîtrise d'une langue nationale est la clé de l'intégration des étrangers en Suisse. C'est désormais la ligne du Gouvernement, qui mettra également l'accent sur la formation et le travail.

Et ceux qui ne pourront pas ou ne voudront pas s’intégrer devront en tirer les conséquences, notamment en matière d’autorisation de séjour, avertit le Conseil fédéral.

La clé de l’intégration est l’apprentissage d’une langue nationale, a martelé le ministre de Justice et Police Christoph Blocher devant la presse. Pour lui, la politique d’intégration «a maintenant les pieds sur terre» et «les aspects romantiques restent à l’arrière-plan».

Le rapport gouvernemental élaboré par divers offices de plusieurs ministères fait d’ailleurs la part belle au credo du conseiller fédéral UDC (nationaliste).

Un étranger sur quinze habitant en Suisse ne parle jamais en français, en allemand ou en italien, s’inquiète Christoph Blocher. Dans ces conditions, il ne peut ni s’intégrer ni trouver un emploi.

«Il s’agira de faire en sorte à l’avenir que les étrangers apprennent réellement une de nos langues; plus question de se contenter de suivre des cours sans rien apprendre», insiste le ministre.

Pas d’intégration, pas de permis

Pour vérifier qu’ils apprennent effectivement, leurs connaissances devront être évaluées. Et ceux qui ne font pas d’effort d’intégration devront en tirer les conséquences, notamment en matière d’autorisation de séjour, avertit le conseiller fédéral.

Pour lui, les cantons devraient prévoir des conventions d’intégration fixant des conditions pour l’obtention de permis d’établissement.

Dans ce domaine en effet, la plupart des mesures sont du ressort des communes et des cantons. La Confédération n’est directement compétente que pour les personnes soumises au droit d’asile. Elle prévoit d’attribuer aux cantons 6000 francs par réfugié reconnu ou par étranger admis provisoirement pour ces cours de langue.

Les jeunes d’abord

Le rapport met également l’accent sur la formation professionnelle et l’accès à l’emploi, qui doivent permettre d’éviter la criminalité et l’aide sociale.

Le principal groupe cible sont les jeunes. Il est par exemple prévu de mettre en place un système de suivi des écoliers en difficulté dès la 7e année.

La question de l’urbanisation des villes et du risque de ghetto fera aussi l’objet de projets-pilote.

«Un investissement»

Le rapport comprend 45 mesures, dont 42 existent déjà et seront développées, sans incidences budgétaires. Sous réserve d’approbation du Parlement, les mesures supplémentaires coûteront 2,6 millions de francs par an à partir de 2009.

Cette somme s’ajoutera au crédit annuel destiné actuellement à l’intégration, soit 14 millions, dont 9 pour les langues.

Le Gouvernement relève que les mesures adoptées peuvent être considérées, d’un point de vue économique, comme des investissements. Bien appliquées, elles permettront notamment de limiter les coûts pour le système de sécurité sociale.

Par contre, le Conseil fédéral a balayé l’idée d’un préposé fédéral à la politique d’intégration, chère à la gauche. La création de cette fonction pourrait entraîner un manque de clarté dans la répartition des compétences et compliquer la mise en oeuvre des mesures, a-t-il jugé.

swissinfo et les agences

En 2006, le taux de chômage des étrangers (8,9%) était quasiment trois fois supérieur à celui des Suisses (3,3%).

Plus de 200’000 étrangers sont pauvres ou menacés de le devenir en Suisse. La part des étrangers touchés par la pauvreté dépasse les 20%, un taux deux fois plus élevé que pour les Suisses.

Quelque 15% des jeunes étrangers n’achèvent pas de formation professionnelle.

Près de 40% des bénéficiaires de l’aide sociale sont de nationalité étrangère.

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