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Quand ‘La Nouvelle Star’ parle à «nos amis suisses»

swissinfo.ch

«Carte postale» de la Cinquième Suisse... La comédienne Christine Anglio (actuellement à l'affiche dans 'Tout! Tout! Tout!') nous écrit de Paris. Et revient sur quelques helvétiques frustrations ressenties lors de l'émission «La Nouvelle Star» de ce printemps.

Profitant de la chance incroyable que j’ai de vivre dans la ville lumière, je me trouve comme chaque mardi soir devant mon poste de télévision, et j’apprends des tas de choses en regardant les performances des différents candidats de «La nouvelle star»».

Ils ne sont plus très nombreux, ce doit être la finale ou la demi-finale. Arrive pour la trois cent cinquante millième fois de la soirée le moment ou Virginie Guilhaume, présentatrice de ce grand rendez-vous culturel, appel au vote des téléspectateurs.

Elle donne les numéros auxquels on peut appeler, ou envoyer un SMS pour sauver son candidat préféré, puis soudain, elle précise: «Nos amis suisses peuvent également voter».

De qui parle-t-elle?

Passé l’euphorie de cette grande nouvelle – le droit de vote pour les Helvètes – une question me vient à l’esprit. Suis-je vraiment l’amie de Virginie Guilhaume? Je ne crois pas me tromper en disant que non. Cette fille n’est pas mon amie, ni même ma copine. Je ne la connais absolument pas.

De qui parle-t-elle? Qui à la possibilité de voter, à part les Français qui sont devant leurs postes? Les amis de Virginie qui sont de nationalité suisse? Les amis de M6 qui sont de nationalité suisse? Mais comment M6, qui est une chaîne de télévision peut-elle avoir des amis? Tout s’embrouille dans mon esprit, le temps passe, l’émission se termine, je n’ai pas voté et mon candidat préféré n’ira pas en finale. Chouette soirée, merci la Nouvelle Star!!

Nos amis suisses… Ce n’est pas la première fois que j’entends cette formule à la télévision ou ailleurs. Sachons-le, nous sommes les amis de Virginie et de bien d’autres Français, TOUS autant que nous sommes. Car loin de moi l’idée de trouver cette formule condescendante. Je veux croire que cette amitié est sincère…

Nos amis suisses… Un doute m’assaille. Et si c’était de la condescendance? Nah… Ce n’est pas possible. C’est comme la publicité pour le fromage Entremont ou pour la barre Ovomaltine, ce n’est que de l’humour et de l’amitié… quoique.

Enquête

Je demande donc à mes amis français. «De la condescendance? N’importe quoi! Nous ne sommes pas condescendants, ni avec les Suisses, ni avec personne d’autres! C’est vous qui souffrez d’un complexe d’infériorité!»

Je devrais peut-être préciser que mes amis ne sont pas simplement français, ils sont parisiens. Et ce n’est pas du tout la même chose. Il m’a fallu vivre ici pendant plusieurs années pour comprendre cet antagonisme entre les Suisses et les Français.

C’est tout simplement un léger malentendu. Car personne à part moi, ne trouve cette formule condescendante, en regardant «La Nouvelle Star». A part moi et peut-être quelques autres Helvètes…

Nous sommes faits pour nous entendre. Je crois qu’ils ont vraiment envie de devenir nos amis et ces petits clins d’œil qu’ils nous adressent de temps en temps ne sont que des marques d’affection… Peut-être que nous sommes difficiles à comprendre, peut-être que nous parlons trop lentement et peut-être que de dire septante n’est pas tout à fait normal…

Peut-être aussi que quelqu’un devrait leur dire que, rapport à notre complexe d’infériorité, ils pourraient prendre en considération notre susceptibilité et tout simplement nous appeler «les Suisses».

Et ensuite nous aurions la possibilité de devenir amis. En tout cas nous aurions le choix. Car ce que j’ai oublié de préciser c’est que lorsque j’entends quiconque à la télévision ou à la radio parler de ses amis suisses (à part s’il parle effectivement d’amis à lui qui sont de nationalité suisse), il me prend une envie de hurler. «Je ne suis pas ton amie!! Nous ne sommes pas tes amis! Tu n’as probablement jamais mis les pieds en Suisse et TU N’ES PAS MON AMI!!!»

Sur ce, en attendant d’avoir soigné mon léger complexe, j’embrasse bien tendrement mes amis suisses. Ainsi, bien évidemment que nos amis français.

Christine Anglio, pour swissinfo.ch

Christine Anglio est née à Lausanne. Lorsqu’elle a six ans, sa famille s’installe à Couvet, dans le Val-de-Travers (canton de Neuchâtel).

Scolarité, bac de lettres, petits jobs, dans le seul but de mettre suffisamment d’argent de côté pour monter à Paris… où elle part en 1994. Rêvant de devenir comédienne, elle suit le Cours Florent.
Les petits jobs continuent (notamment serveuse dans le TGV).

Aux Cours Florent, Christine se lie d’amitié avec deux autres étudiantes: Corinne Puget et Juliette Arnaud. Ensemble, elles vont développer une histoire qu’elles vont présenter dès 1998 dans les cafés-théâtres parisiens: «Arrête de pleurer Pénélope».

Bouche à oreille aidant, la pièce triomphe dès 2002 au fameux «Café de la Gare». 752 représentations jusqu’en 2005!

En mars 2007, «Arrête de pleurer Pénélope 2», mis en scène par Michèle Bernier, débarque au Théâtre Fontaine, à Paris. Nouveau succès.

En 2008, Christine Anglio, Juliette Arnaud et Corinne Puget partagent la tête d’affiche de «Tu peux garder un secret?» d’Alexandre Arcady, avec également Pierre Arditi. Peu d’écho.

Une version cinématographique de «Arrête de pleurer Pénélope» est en cours de préparation.

Elle joue actuellement dans la pièce «Moi! Moi! Moi!», à voir jusqu’au 30 juillet au Théâtre Le Temple, 18 rue du Faubourg du Temple, Paris 11, puis en tournée.

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