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Robert Capa ou l’humanité du photo-journalisme

La mort en direct d'un soldat durant la Guerre d'Espagne. La photo qui a rendu Robert Capa célèbre. swissinfo.ch

Jusqu'au 16 avril, le Musée de l'Elysée à Lausanne propose une rétrospective de Robert Capa. Photographies célèbres et images inédites se partagent l'espace pour dresser le portrait d'un homme qui, près de cinquante ans après sa mort, reste sans conteste une référence absolue en matière de photo-journalisme.

Il voulait être journaliste. Il est devenu l’un des photographes les plus marquant du 20e siècle.

En décembre 1938, la prestigieuse revue britannique Picture Post proclamait Robert Capa «meilleur photographe de guerre du monde». Elle publiait alors un de ses reportages photographiques sur la Guerre civile espagnole.

C’est à cette époque que naît le mythe Capa. Avec une image clé – sans doute l’une des plus fortes photographies de guerre jamais publiées – celle d’un milicien républicain espagnol mortellement atteint par les balles.

Dès lors Capa sera sur tous les fronts. Il photographiera avec le même engagement l’invasion japonaise de la Chine, la guerre d’indépendance d’Israël ou les événements de la Seconde Guerre Mondiale avant de sauter sur une mine en Indochine.

«Dans une guerre, il faut aimer ou détester. Il faut prendre position, sinon on ne supporte pas ce qui se passe», disait-il.

Cet engagement, Robert Capa le dira avec des images d’une extrême sensibilité. Par delà la chronique des faits, il racontera la souffrance et la détresse de ceux qui, souvent malgré eux, se trouvent plongés dans l’horreur du conflit.

«A mes yeux, Robert Capa n’est pas un simple photographe de guerre, décrète William Ewing, directeur du Musée de l’Elysée. Il est surtout un homme capable de saisir la moindre parcelle d’humanité dans les situations les plus violentes.»

Et William Ewing d’ajouter: «Avec les clichés de Capa, même les plus durs, on est toujours touché. Jamais dégoûté.» Pouvoir émotionnel et impact visuel. C’est avec ces deux ingrédients que Robert Capa fixera sur ces pellicules les événements les plus marquants du siècle.

Il dira aussi la simplicité de la vie quotidienne, immortalisera les portraits de personnages célèbres ou anonymes, sans jamais oublier la tendresse, voire une pointe d’humour.

Et ce sont ces multiples facettes qui s’exposent au Musée de l’Elysée. «Le frère et le biographe de Capa ont revisité quelques 70 000 clichés pour réaliser cette rétrospective, explique William Ewing. Bien sûr, les images phares sont présentes, mais aussi toutes les inédites qui permettent de découvrir une nouvelle image du photographe.»

Il est vrai que Robert Capa n’a pas uniquement hanté les champs de batailles. Baroudeur de charme, il se plaisait aussi à partager les fêtes et les mondanités parisiennes avec des compagnons tels que Hemingway, Bogart ou Steinbeck.

C’est aussi avec des noms qui ont marqué le siècle – Henri Cartier-Besson et David Seymour – qu’il fondera la célèbre agence Magnum en 1947. La première coopérative de photographes au monde avait pour objectif de libérer les photo-journalistes du joug des rédactions.

Un succès. Depuis, Magnum a imposé sa marque aux quatre coins du monde. Elle apparaît aujourd’hui comme une référence incontournable dans le domaine du photo-journalisme.

Vanda Janka

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