Rrom, de la photo à la musique
Il y a eu d'abord l'aventure documentaire et humaine du photographe Yves Leresche. Voici maintenant sa suite musicale avec le musicien Arthur Besson.
En 20 titres, un album qui tient plus du voyage personnel que de la simple illustration.
Il est assez rare qu’un reportage photographique, aussi long et profond fût-il, donne lieu à la parution d’un CD.
C’est pourtant ce qui est arrivé au travail d’Yves Leresche, photographe lausannois qui, au cours des années 90, a développé une longue relation avec les tziganes de Roumanie.
«Par rapport à un journaliste qui construirait un reportage, moi, je me laisse aller: j’arrive chez eux et je suis le mouvement. Le fait d’être vraiment dans leur mouvement me fait donc découvrir des choses auxquelles je n’aurais même pas pensé», nous disait-il à l’occasion de l’exposition que le Musée de l’Elysée, à Lausanne, lui consacrait l’hiver dernier.
A cette occasion, le public pouvait découvrir un diaporama accompagné par la musique d’Arthur Besson. Diaporama qui est devenu spectacle (projection des images et musiciens en direct) au Théâtre de l’Arsenic, à Lausanne encore, au début de mois de mai.
Aujourd’hui, le disque est là, qui arbore en guise de couverture le visage jovial d’un Rrom qu’on imagine rubicond, pointant de son couteau la tête coupée d’un porc. On est loin du cliché tzigane tendance folkloriste.
Musicien atypique
Arthur Besson, né à Nyon en 1968, s’adonne à la chanson en tant qu’accompagnateur et arrangeur du remarquable Stéphane Blok. Mais sinon, c’est plutôt du côté du spectacle visuel qu’il faut aller le chercher.
Un état de fait qui remonte à l’engagement du groupe rock «Karl Specht», dont il faisait partie, par le metteur en scène Matthias Langhoff, alors patron du Théâtre de Vidy. Nous sommes alors en 1990.
Depuis, le musicien nyonnais a accumulé les expériences musicalo-visuelles: théâtre avec Denis Maillefer, Bruno Zecca ou Georges Brasey («Pour solde de tout compte»), danse avec Philippe Saire («La haine de la musique»), cinéma avec Pierre Maillard («Potlatch»).
Cinéma personnel
Définition par la négative: l’album «Rrom» n’est pas une tentative de «faire tzigane». Arthur Besson s’est adjoint des cordes (violon, alto et violoncelle), et s’occupe quant à lui de la clarinette, de la clarinette basse, et de la guitare.
Non sans pimenter le tout de quelques éléments de programmation, et d’éléments d’ambiance – voix, bruitages – rapportés de Roumanie par Yves Leresche.
A l’arrivée, une musique découpée comme de la dentelle, où le compositeur n’hésite pas à alterner ambiances cinématographiques («Baia-Mare, part 1»), sur lesquelles virevolte l’ombre de Nino Rota, à des élans contemporains plus dissonants («Ponticello ma troppo»).
Au mimétisme ethnologique, Arthur Besson a préféré une forme de libre traduction. Le disque «rrom» y gagne en inspiration et en autonomie.
swissinfo, Bernard Léchot
Arthur Besson, «Rrom», distribué en Suisse par RecRec. Sur le CD figure également le diaporama d’Yves Leresche (format Mac ou PC).
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