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Joël Dicker, plein écran

Joël Dicker
Keystone

«La Vérité sur l’affaire Harry Quebert», série adaptée du roman éponyme du Genevois Joël Dicker, c'est ce soir sur RTS1 et demain sur TF1. Plusieurs fois primé, l'ouvrage est devenu rapidement un best-seller «vendu à six millions d’exemplaires dans le monde», affirme la maison d’édition parisienne de l’auteur, dans un entretien accordé à swissinfo.ch.


La notoriété de l’écrivain genevois Joël Dicker, 33 ans, n’a cessé de grandir depuis la publication en 2012 de «La Vérité sur l’affaire Harry Quebert». Le succès de ce roman et les nombreux prix qu’il a obtenus a eu un effet positif sur la vente des deux ouvrages suivants, «Le livre des Baltimore» et «La disparition de Stephanie Mailer», pourtant de qualité inférieure.

N’empêche, Dicker a ses lecteurs, des inconditionnels accros à ses suspenses tragiques. Et ceux qui ne le connaissent pas encore entreront peut-être dans le «club» des fans de l’auteur grâce à cette série télévisée, tournée en grande partie au Canada par Jean-Jacques Annaud (à qui l’on doit entre autres «L’Amant», «L’Ours», «La Guerre du Feu» ou «Le Nom de la Rose»).

Jean-Jacques Annaud en plein tournage de la série sur l affaire Harry Quebert.
Jean-Jacques Annaud en plein tournage de la série sur l’affaire Harry Quebert. SensaCine

Répartie en dix épisodes, concentrant les 670 pages de l’affaire Harry Quebert (RTS1 diffuse 2 épisodes par soirée, sur 5 semaines), la série raconte, sur le mode policier, l’histoire de Marcus Goldman, un jeune écrivain américain à succès en panne d’inspiration. Harcelé par son éditeur newyorkais, Goldman doit trouver le sujet qui flashe. L’occasion se présente quand la police découvre un cadavre dans le jardin de Harry Quebert, mentor et ami de Marcus.

Dans le rôle de Harry Quebert, une vedette américaine: Patrick Dempsey. De quoi donner des ailes supplémentaires à cette série qui arrive précédée d’une bonne réputation. Dominique Goust, qui dirige la maison Bernard de Fallois, l’éditeur parisien de Joël Dicker, a accordé un entretien à swissinfo.ch.

swissinfo.ch:Vous avez assisté le 12 novembre à une projection en avant-première des deux premiers épisodes de la série. Votre impression?

Dominique Goust: Je peux vous donner tout d’abord l’impression de la salle, très enthousiaste. Patrick Dempsey, dans le rôle-titre, joue bien. À cela s’ajoute le travail excellent du réalisateur Jean-Jacques Annaud qui suit le roman avec fidélité. Je trouve qu’il y a une bonne alternance de dialogues et de paysages. Annaud sait faire surgir la poésie de la nature. Quand on a vu les deux premiers épisodes, on a vraiment envie de connaître la suite. Aux téléspectateurs qui auront raté le commencement, je dis qu’il ne faut pas s’en faire: au début de chaque épisode il y a un petit résumé qui remet au centre l’intrigue. En somme, un effet de rappel à chaque fois.

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Avant la Suisse et la France, la série a été diffusée à la fin de cet été au Royaume-Uni ainsi qu’aux Etats-Unis sur la chaîne payante Epix. Avez-vous eu des échos?

Pour ce qui est du Royaume-Uni, les échos sont favorables. Je le sais par des connaissances en Belgique flamande où les téléspectateurs, qui regardent volontiers les chaînes britanniques, ont pu découvrir la série. Quant aux retombées américaines, j’avoue très franchement qu’elles ne m’intéressent pas spécialement, dans la mesure où le public aux Etats-Unis est très différent du public européen en général, et francophone en particulier.

C’est-à-dire?

Vous savez, le public américain est beaucoup plus saturé que nous. Des intrigues policières lui sont servies à la louche sur les écrans. En revanche, sous nos latitudes, le goût pour les feuilletons est assez récent. Son caractère de nouveauté excite la curiosité bien plus qu’aux Etats-Unis. À cela s’ajoute la renommée de Jean-Jacques Annaud dans l’aire francophone, qui va sans doute contribuer au succès de la série.

Si on avait porté à l’écran l’affaire Harry Quebert il y a 10 ou 15 ans, elle aurait probablement fait l’objet d’un long métrage de 2 ou 3 heures. Jean-Jacques Annaud le sait. En convertissant donc le roman en feuilleton, non seulement il l’a mis au goût du jour, mais il en a fait un long fleuve mouvementé grâce à cette forme d’expression haletante qu’offre le feuilleton.

Scène de la série: l acteur principal mange au restaurant avec une femme
Une scène de la série sur l’affaire Harry Quebert, avec dans le rôle principal l’acteur américain Patrick Dempsey. ©Takashi Seida TM & © 2000-2018Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved

Dicker n’est pas un styliste, certains lui reprochent sa syntaxe basique, et même parfois ses clichés sur la vie sociale ou amoureuse. Comment expliquez-vous son succès international?

Il a le génie du scénario, du récit à haute tension, du rebondissement, du retournement de situation… Dans l’entretien du suspense, sa mécanique de précision est étonnante: des personnages suspects disparaissent et en laissent apparaître d’autres au fil de scènes denses suivies de scènes plus étirées. C’est son art, il ne résulte d’aucune école mais lui vient de façon naturelle. Dicker ne cherche pas à faire des morceaux de bravoure. Sa langue très simple qu’on pourrait lui reprocher a néanmoins un atout: elle s’adapte très facilement.

À l’écran vous voulez dire?

Pas seulement. Je pense ici à la traduction. Dicker est traduit dans une trentaine de langues. Son deuxième grand marché, c’est l’Italie. Son style ne présentant aucune difficulté, le travail du traducteur se fait rapidement. À cela s’ajoute la sensibilité latine, très différente bien sûr de l’américaine. Quoi qu’il en soit, des milliers de gens, d’Europe ou d’ailleurs, sont de plain-pied avec ses textes et entrent sans effort dans son univers.

Dicker n’aime pas être qualifié d’auteur de polar ou de thriller. Pourquoi?

Il n’aime pas ça il est vrai, à cause des classements et des hiérarchies de valeur complètement figées qu’établit la presse dans le domaine littéraire. Joël estime qu’on lui attribue ce qualificatif de façon un peu négative, pour ne pas dire péjorative. Il est vrai qu’il écrit des intrigues policières, mais après tout, une intrigue policière n’est-elle pas «le derme de la tragédie antique», pour reprendre la formule d’André Malraux. Je ne dis pas que Dicker est Sophocle, mais l’essentiel à ses yeux est de raconter ce qui se trame sous les apparences.

Avez-vous des demandes d’adaptation pour ses autres romans?

Non, mais ça va peut-être venir

Qui serait l’équivalent de Dicker dans l’espace francophone?

Oh! Je sais qu’il a des imitateurs, mais je ne citerai aucun nom.

A-t-il la grosse tête?

À la différence de certains de ses critiques, non.

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Joël Dicker et Jean-Jacques Annaud dans Pardonnez-moi – interview complète à retrouver iciLien externe.

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