Thierry Favre, le polyglotte suisse de l’Euro

Le Genevois Thierry Favre fait partie de la cinquantaine de délégués envoyés au Portugal par l’UEFA.
Durant les deux dernières années, il a supervisé la construction des stades et fait désormais partie de la cellule de sécurité basée à Lisbonne.
Manager délégué aux «infrastructures, stades et sécurité», tel est la fonction qu’occupe aujourd’hui Thierry Favre, un jeune trentenaire passionné de football.
Ancien étudiant en sciences politiques, puis responsable de la logistique du FC Servette durant quatre ans (jusqu’en 2002), Thierry Favre a multiplié les aller-retour entre la Suisse et le Portugal ces deux dernières années pour le compte de l’UEFA.
Installé dans un des multiples canapés du luxueux hall d’entrée d’un hôtel cinq étoiles de Lisbonne – quartier général de l’UEFA le temps de la compétition – il raconte son Euro. Interview.
swissinfo: Lorsque vous avez assisté aux premiers coups de pioches dans les différentes villes, pensiez-vous que ceux-ci seraient prêts à temps?
Thierry Favre: J’ai effectivement eu la chance d’accompagner durant deux ans Ernie Walker (le président de la commission Stade et Sécurité de l’UEFA) et d’assister au développement des dix stades portugais.
Tous, mis à part celui de Bessa à Porto, sont entièrement neufs. Il est clair que la planification, la localisation et le financement de ces projets ont suscité quelques polémiques. Comme c’est déjà le cas en Suisse avec le stade de Zurich, par exemple. Mais l’UEFA a constamment suivi l’avancée des travaux avec confiance.
swissinfo: Certains stades, comme celui de Coimbra, ne sont pourtant pas tout à fait terminés?
T. F.: Les petits problèmes auxquels vous faites référence doivent être mis en relation avec deux points essentiels.
Premièrement, les Portugais n’avaient pas de stades modernes et ils en ont construit dix en un temps record.
Deuxièmement, les stades d’aujourd’hui sont des lieux de vie en dehors des matches de football. Et il est vrai que divers projets de centres commerciaux, de boutiques, de centres sportifs et d’hôpitaux annexes aux enceintes ne seront terminés que dans un futur proche.
Mais cela n’a jamais été un critère déterminant pour l’UEFA, qui voulait avant tout des stades fonctionnels pour l’Eurofoot. Et elle les a.
swissinfo: Le 12 juin, lorsque l’Euro a débuté, vous avez changé de casquette. Mais vous continuez de superviser le bon déroulement des opérations au niveau sécuritaire cette fois?
T. F.: L’Euro est une fête du football et on est là pour s’occuper de sport. Mais il est clair que, pour tout événement d’envergure nationale ou internationale, des mesures doivent être prises.
Sans évoquer le contexte mondial, chaque match de cet Euro pose des problèmes de gestion des supporters et de débordements éventuels. Il existe donc des gens dont le travail est de gérer au mieux le flux, la fouille et l’encadrement des fans. Ce sont des officiers de sécurité portugais.
Ceux-ci travaillent avec des spécialistes venus des pays concernés par la rencontre en question et présents en nombre. Avec mon supérieur, je m’occupe de coordonner ces différentes cellules d’officiers de sécurité.
swissinfo: Comment se passe la collaboration?
T. F.: C’est un des charmes de cet événement. Il est clair que les mentalités sont différentes. Mais elles l’étaient déjà en 2000 en Belgique et aux Pays-Bas.
J’ai la chance d’avoir vécu au Brésil et de parler le portugais. En ce sens, je suis régulièrement amené à jouer les ombudsmans de service. De manière générale, il faut du temps pour s’adapter à la mentalité et aux lois portugaises, mais, une fois ce premier pas franchi, tout rentre très vite dans l’ordre.
swissinfo: Cette année encore, le problème des hooligans anglais est au centre de l’actualité avec des arrestations et des renvois en Algarve?
T. F.: Depuis vingt ans, le problème des hooligans anglais est connu et il est vraiment dommage que l’on parle plus de cela que des performances de l’équipe à la Rose.
Etant basé à Lisbonne, il m’est difficile de porter un jugement sur ce qui s’est passé en Algarve à partir des images vues à la télévision. Ce que je peux dire, c’est que malgré les débordements, la sonnette d’alarme n’a pas encore véritablement été tirée.
swissinfo: Vous êtes un passionné de football, qui voyez-vous remporter cet Euro?
T. F.: C’est vraiment difficile à dire car ce sont les seize meilleures équipes européennes qui s’affrontent au Portugal. Le spectacle est de qualité et l’on sent que les joueurs sont en forme et qu’ils se dépensent sans compter.
A titre personnel, j’ai été très impressionné par les prestations des Italiens et des Suédois. Mais la France reste également un des principaux favoris à sa propre succession.
swissinfo, Mathias Froidevaux et Doris Lucini à Lisbonne
La délégation de l’UEFA au Portugal compte une cinquantaine de personnes entre Porto et Lisbonne.
Le Genevois Thierry Favre porte le titre de manager délégué aux «infrastructures, stades et sécurité».
Il parle couramment six langues (français, allemand, anglais, italien, espagnol et portugais).
– Thierry Favre travaille au département compétition de l’UEFA à Nyon.
– Ces deux dernières années, il a accompagné Ernie Walker, président de la commission «Stade et Sécurité», dans la supervision des travaux.
– Depuis le 12 juin, début de l’Eurofoot, il a intégré la cellule de sécurité basée à Lisbonne.

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