Thomas Borer règle ses comptes
L'ancien ambassadeur revient lui aussi sur le scandale qui lui a coûté sa place et sur sa carrière dans «Public Affairs, confessions d'un diplomate».
Le livre s’en prend vivement au ministère des Affaires étrangères de Joseph Deiss.
Dans un langage qui emprunte souvent à la métaphore militaire, Thomas Borer retrace ses premiers pas aux Affaires étrangères, ses deux années à la tête de la Task Force Suisse-Deuxième Guerre mondiale, et son travail d’ambassadeur à Berlin.
«Deux trains de marchandises»
L’ancien diplomate admet des erreurs, notamment les photos de son épouse prises dans l’ambassade pour un magazine allemand.
Il décrit aussi la rencontre avec son épouse: «Quand nos regards se sont rencontrés, je me suis senti comme écrasé par deux trains de marchandises en même temps.»
Le scandale déclenché par Ringier – «les tirs aux balles dum-dum de la presse de boulevard» – occupent le premier et le dernier paragraphe du livre.
Pseudonymes assez cocasses
Obligé, par l’accord passé en juillet avec l’éditeur zurichois, de taire les noms des principaux concernés, Thomas Borer a affublé les protagonistes de pseudonymes assez cocasses.
Le «SonntagsBlick» devient «Grüezi», le «Blick» se nomme «Adieu». Ringier est «Märki» et le nom de la journaliste ayant écrit les premiers articles prend des consonances d’espionne de l’Est, «Irena Smirnova».
Quant à la visagiste Djamile Rowe, on ne se risquera pas à faire de la psychologie bon marché en interprétant le pseudonyme trouvé par Thomas Borer: la jeune femme est devenue «Armelle Ménager».
Thomas Borer fait le même récit qu’il a fait aux deux journalistes de la SonntagsZeitung, en omettant toutefois quelques précisions. Il ne dit pas, par exemple, que la réplique concoctée avec sa femme contre la maison Ringier visait aussi la femme de l’éditeur.
La capitulation de Joseph Deiss
Les mots les plus durs, Thomas Borer les réserve à Joseph Deiss et au ministère suisse des Affaires étrangères.
Il se demande ainsi si la première réaction du ministère relevait d’un «management de crise non professionnel ou d’une tactique définie».
Plus loin: «Le ministre des Affaires étrangères de la 16e puissance économique du monde capitule devant une poignée d’écrivains de caniveau.»
Si le premier chapitre se nomme, non sans humour: «Le grounding d’un ambassadeur», le dernier a un titre plus héroïque: «David et Goliath».
Dès lors, la fin hollywoodienne s’imposait: «I’ll be back» sont les derniers mots du livre. «Public Affairs» est publié par l’éditeur allemand Econ.
swissinfo, Ariane Gigon Bormann
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