Titeuf parle comme les enfants d’aujourd’hui

Pascal Siffert dirige la libraire La Bulle, à Fribourg. Et vend des bandes dessinées depuis vingt ans.

Ce fan de BD n’a jamais vu un succès comparable à celui que connaissent les albums du Genevois Zep. Interview.

Comment expliquez-vous le succès de Titeuf?

Titeuf incarne l’enfant de ce début de 21e siècle. Un enfant qui possède beaucoup d’informations, sans forcément les maîtriser toutes.

Il parle de sida, de drogues, de sexe… Mais, en fait, c’est un écolier espiègle, comme les autres.

La bande dessinée, de façon générale, traverse une période d’euphorie. Titeuf en a-t-il aussi bénéficié?

La BD est en progression depuis six ans, au moins. Le chiffre d’affaires de ce secteur ne cesse d’augmenter et les éditeurs en sont frénétiques.

L’an passé, 1600 titres sont sortis. C’est phénoménal. Titeuf en a effectivement bénéficié. Mais c’est aussi un cas à part.

Depuis plusieurs albums, c’est vraiment LA BD à succès. Ses ventes enregistrent une augmentation sans commune mesure avec les autres.

Les lecteurs ne risquent-ils pas de se lasser de Titeuf?

Je ne pense pas. Ce qui m’inquiète le plus, c’est le nombre de nouveautés qui sortent actuellement.

Evidemment, dans ce flot, les lecteurs ne pourront pas tout lire.

Donc, il y aura de la casse. Des morts-nés, c’est-à-dire des titres qui n’éclateront jamais.

Au fond, ce que Titeuf doit craindre le plus, c’est la concurrence.

Bien évidemment. Et c’est tant mieux, parce que cela va pousser Zep, comme les autres auteurs, à être toujours plus performant.

Les adultes aiment-ils aussi Titeuf?

Oui. Et souvent ils le découvrent grâce à leurs enfants.

Mais certains hurlent au scandale. A cause de gags un peu crus, du franc-parler de Titeuf et de ses regards en biais sur les fesses des jeunes filles.

Titeuf s’exprime comme les écoliers dans les cours de récréation. Et certains adultes ne l’acceptent pas.

swissinfo/Caroline Zuercher